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Des cannibales , Montaigne.

Fiche de lecture : Des cannibales , Montaigne.. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2017  •  Fiche de lecture  •  1 795 Mots (8 Pages)  •  4 752 Vues

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Des cannibales , Montaigne

Introduction :

Humaniste bordelais , erudit et ambassadeur  , Michel de Montaigne à ecrit un livre aussi multiple que lui : Les Essais. Sous un angle philosophique mais aussi politique et social, il y aborde toute une variété de sujets et livre ses réflexions sur sa propre vie et sur la condition de l’homme. Les registres sont egalement divers : l’ironie amère , l’autoderision et le comique s’y melent , c’est bien naturel si l’on songe aux guerres fratricides qui avaient lieu a l’epoque entre catholiques et protestants. Le texte est extrait du chapitre 31 intitulé « Des Cannibales » dans lequel il évoque la découverte des « sauvages » du Nouveau Monde et l’étonnement des Européens face à des coutumes guerrieres différentes des leurs.

Prob possibles :

  • Comment l’auteur mene t il le lecteur à s’auto critiquer ?
  • En quoi ce texte nous mene t il a nous remettre en question ?

Plan : Dans cette analyse, nous étudierons d’abord la structure argumentative de ce texte (I), avant de nous intéresser à la manière par laquelle Montaigne dépeint les coutumes des « sauvages » (II). Pour terminer, nous verrons que la comparaison entre « barbares » et Européens permet une sévère critique des Européens, prétendument civilisés (III).

Developpement :

  1. Une argumentation bien construite
  1. Une structure par progression

Dans cet extrait, l’argumentation de Montaigne s’opère en quatre phases :

♦ Il commence par informer ses lecteurs de manière neutre des coutumes des cannibales. Il se contente de raconter le déroulement des combats puis du rituel de cannibalisme, en employant le présent d’énonciation, qui sert à rendre compte des faits constatés au moment où l’énonciateur (ici, Montaigne) s’exprime (« font », « sont », « vont », etc.).

♦ Il compare ensuite la manière de procéder des barbares avec celle des Portugais, qui usent « d’une autre sorte de mort », et explique que les sauvages cherchent alors à imiter les Portugais (« ils commencèrent à abandonner leur manière ancienne pour suivre celle-ci. »).

♦ Montaigne passe alors à la première personne (« je ne suis pas fâché que nous soulignions … ») pour interpeler et inclure son lecteur dans la suite de la réflexion : ce ne sont pas les sauvages qui sont les plus barbares, mais bien les Européens inclus dans ce « nous » : « [que] nous soyons si aveugles à l’égard de [nos fautes]. »

♦ Il finit par rappeler que l’anthropophagie n’est pas un acte barbare puisqu’elle a également été pratiquée par les Grecs (« Chrysippe et Zénon »), par « nos ancêtres » à Alésia, et que les médecins eux-mêmes le recommandent comme remède, « en faveur de notre santé ».

  1. Une argumentation par comparaison

Montaigne commence par décrire les mœurs barbares pour mieux les comparer (et les contraster) aux coutumes des Portugais, qui étaient alors en train de coloniser le Brésil.

Ainsi, les Amérindiens qui capturent des ennemis pendant un combat les font certes prisonniers, mais ils les traitent avec égards (« Après avoir longtemps bien traité leurs prisonniers et avec tous les agréments auxquels ils peuvent penser ») puis les tuent lors d’une cérémonie, devant « une grande assemblée », en les « assomm[ant] à coups d’épée ». Enfin, ils les « mangent en commun ».

Les Portugais, en revanche, se montrent en comparaison bien plus cruels : ils enterrent leurs ennemis « jusqu’à la ceinture » et les frappe de « force coups de traits », puis les pendent.

Montaigne se montre ici bien plus virulent, qualifiant cette façon de faire de « horreur barbare », comparant ces exécutions au fait de « manger un homme vivant ».

  1. Convaincre et persuader :

En faisant appel à des figures d’autorité (des Grecs, Chrysippe et Zénon, mais aussi la figure du médecin) et à l’histoire (allusion au siège d’Alésia), Montaigne invoque des arguments de raison pour convaincre son lecteur et le pousser à réfléchir.

Il cherche également à le persuader, en provoquant le dégoût et l’horreur, par exemple par le lexique employé pour condamner les Portugais : « déchirer par des tortures et des supplices un corps ayant encore toute sa sensibilité », « rôtir petit à petit », « le faire mordre et tuer par les chiens et les pourceaux ».

Transition : La stratégie argumentative de Montaigne a d’abord pour but de montrer que les sauvages ne sont pas ceux que l’on croit, ce qui l’amène à dépeindre les coutumes des Amérindiens pour prouver qu’elles n’ont rien de barbare.

  1. Un recit documentaire des mœurs barbares
  1. Eloge des sauvages en tant que guerriers 

Lorsqu’il parle des « sauvages », Montaigne renverse les préjugés de son époque en les mettant sous une lumière nouvelle et en adoptant un ton neutre et factuel.

Il met tout de même en avant leurs qualités guerrières, en affirmant leur courage dans les combats : « pour ce qui est des déroutes et de l’effroi, ils ne savent pas ce que c’est ».

Ils traitent bien leurs prisonniers, « avec tous les agréments auxquels ils peuvent penser » (contrairement aux Portugais qui les soumettent à la torture).

Ils se montrent généreux et partageurs, puisque le « maître » du prisonnier convoque « grande assemblée des gens de sa connaissance » pour manger le prisonnier « en commun ». Ils pensent même aux absents : « ils en envoient aussi des morceaux à ceux de leurs amis qui sont absents ».

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