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Détruire la misère, Victor Hugo, lecture analytique

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Par   •  19 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  3 361 Mots (14 Pages)  •  2 464 Vues

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  LA N°4 Victor Hugo, «  Détruire la misère »  Objet d’étude : l’argumentation

INTRODUCTION

1-Mise en contexte grâce à vos connaissances sur l’œuvre, l’auteur, le genre, le mouvement, l’Histoire.

Victor Hugo est un écrivain qui est emblématique de son siècle, le XIXe, dont il épouse presque les dates (1802-1885) prolifique et virtuose, il a marqué son époque dans tous les genres littéraires : le roman avec Notre-Dame-de-Paris ou Les Misérables, le théâtre avec des drames romantiques comme Hernani ou Ruy Blas, la poésie avec Les Contemplations, par exemple ou Les Châtiments, recueil de poèmes engagés dirigés contre Napoléon III. Car Victor Hugo est non seulement un écrivain engagé mais aussi un homme politique élu à l’assemblée, c’est dans ce cadre qu’il prononce le discours que nous allons étudier.

2- Présentation du texte : titre de l’œuvre (souligné) dont il est extrait, date de publication, éventuellement genre si cela n’a pas été dit plus haut, si possible, place de la page dans l’œuvre (incipit, scène d’exposition, etc.). Presque tout est dit dans le paratexte.

A la suite de la révolution populaire de 1848 est proclamée en France la seconde république, c’est investi par cet idéal de progrès que Victor Hugo prononce le 9 juillet 1849 ce discours indigné d’une grande éloquence, qui doit appuyer des lois sociales préparées par Armand de Melun.

3- Problématique  = question qui corresponde à votre angle d’approche du texte. En l’absence d’idée pertinente : «  Qu’est-ce qui fait l’intérêt (ou l’originalité) du texte ? »

Quelles sont les caractéristiques de l’éloquence dans ce discours ?

3 bis : à l’oral seulement, lecture de tout ou partie du texte, selon les indications de l’examinateur.

4- Annonce du plan que vous allez suivre : deux ou trois grandes parties qui permettent de répondre à la problématique.

  1. Une peinture de la misère particulièrement expressive
  2. L’appel éloquent à la détruire
  3. La construction de l’orateur comme héros national

DEVELOPPEMENT en deux ou trois parties

Grande partie I

I- La peinture de la misère

Grande partie II

II- L’appel éloquent à la détrui re.

Grande partie III

III- La construction de l’orateur comme héros national.

Rappel de l’axe traité

Afin d’émouvoir l’auditoire pour mieux le persuader, Victor Hugo va s’attacher à planter le décor de la misère sociale en France : son discours n’en sera que plus concret.

Rappel de l’axe traité

Nous nous interrogerons sur la stratégie argumentative utilisée par Hugo pour convaincre son auditoire.

Rappel de l’axe traité

En effet, dans ce discours généreux qui portent les valeurs  de «  fraternité », l. 52 (lois fraternelles ») et de « révolution », l. 54, Victor Hugo n’oublie pas de se mettre en avant et se donne ainsi le premier rôle.

1-Un tableau qui se veut réaliste et pathétique

-Utilisation  explicite d’exemples argumentatifs : «  Voulez-vous des faits ? », l. 10  / « ces faits » (l. 11) / « Voici donc ces faits » ? (l. 16) Pour le dernière citation, elle est mise en valeur par la typographie car elle est isolée sur une ligne / «  Voilà un fait », l. 22 / «  de tels faits », l. 31. Victor Hugo en répétant le mot «  fait » veut donner la preuve de ce qu’il avance.

-Champ lexical de la misère :

Les caractéristiques de la misère :

 * maladie « la misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain », l.4. Métaphore filée de la maladie qui parcourt tout le texte : «  guérir le mal », l. 14, «  sonde(r)  les plaies », l. 15, épidémies comme celle du «  choléra », l. 27

* « souffrance », l. 1 et 2, «  souffrantes », l. 13, «  le peuple souffre », l. 48, «  la souffrance publique », l. 54.

*le travail : « les classes laborieuses », l. 13, «  les professions libérales » […], les professions manuelles », l. 23, «  qui travaillent », l. 50, «  ont travaillé », l. 50, «  paysans » et ouvriers », l. 53.

*Absence d’hygiène : «  monceaux infects », l. 20, «  fange », l 20 (= boue)

*pourriture : «  la fermentation », l. 20, «  fumier », l. 21, «  immondes et pestilentiels », l. 28.

 *lieux de vie : «  les faubourgs », l. 17 : les pauvres sont écartés du centre de Paris. V. H. utilise un decrescendo pour en quelque sorte faire un zoom sur les lieux de la misère : «  Paris (…), des rues / des maisons, / des cloaques », l. 18.  Un cloaque est un lieu très insalubre et repoussant de saleté. Parfois, les plus pauvres n’ont pas de logement : «  sans asile », l . 51.

* Famine : «  mort de faim », l. 24 qui est répété pour mieux insister sur un tel scandale. «  Il n’avait pas mangé depuis six jours », l. 24-25 ; «  qui cherchaient leur nourriture », l. 27, «  sans pain », l. 50, «  tant qu’on meurt de faim dans nos villes », l. 52.

*le froid : «  le froid de l’hiver », l ; 2&, «  le vent », l ; 17 (même si le mot est métaphorique ici, «  n’ayant pour couvertures que », l. 19

* La mort : conséquence ultime de la misère, trois occurrences du mot « mort », l. 24, «  s’enfouissent toutes vivantes », l. 21.

En détaillant les manifestations et les conséquences désastreuses de la misère, V. H. entend émouvoir et apitoyer l’auditoire. D’où l’emploi d’un registre pathétique.

1-Un discours adressé : l’omniprésence du destinataire.

V. H. rappelle sans cesse qu’il s’adresse à un auditoire qu’il nomme («  tous ceux qui m’écoutent », l. 34, «  cette assemblée », l. 36 et 37, « une assemblée de législateurs », l. 40) désigne, ce qui est une manière de renforcer la mise en accusation et de le culpabiliser.

Cela passe par :

*les marques de la deuxième personne du pluriel : «  votre générosité », l. 39, «  vous », 1 » occurrences à partir de la l. 42

*les apostrophes : «  messieurs », l. 2, l. 3, l. 8, l. 29, l.39, l. 41

*les questions rhétoriques : «  Voulez-vous savoir », «  Voulez-vous des faits », l. 9 et 10 + l. 15, l ; 22, l ; 26

*les injonctions : «  Remarquez-le bien », l. 3, «  tenez », l. 11.

Remarquons tout de même que Victor Hugo, afin de s’attirer les bonnes grâces de son auditoire, utilise la flatterie en rappelant de la ligne 42 à 45 comment les récentes crises politiques ont été réglées pour le mieux : «  raffermir l’Etat », l. 43. Il souligne le courage de ses pairs afin de leur en demander encore : «  Vous n’avez reculé devant aucun péril », « vous n’avez hésité  devant aucun devoir », l. 44. Bref, ils ont accompli un exploit «  une chose considérable », l. 46 que l’orateur les invite à réitérer en détruisant la misère + ligne 30 où sont énumérées les qualités de la société.

Comme la misère est universelle, V. H. veut atteindre la totalité de l’auditoire et non pas son propre camp, seulement, la gauche républicaine : «  majorité et minorité, n’importe, je ne connais pas, moi, de majorité et de minorité en de telles questions », l. 36-37.

Il s’agit donc d’un appel universel.

1-La mise en scène du « j e »

Omniprésence du «  je », notamment dans l’expression «  je dis », qui revient très souvent, Hugo commente tout ce qu’il dit et le met en scène : «  j’aborde ici le vif de la question », l.8. Mais il est avant tout celui qui parle : «  je dis », l. 3 , l. 29, 31, etc.  « s’il faut dire toute ma pensée », l. 11, «  j’ai presque dit », l. 19

Redondance : Hugo construit sa propre statue : il parle, c’est un fait, et ajoute qu’il est en train de parler.

V. H. ouvre le texte sur une sorte de définition de lui-même : «  Je ne suis pas de ceux » » / «  Je suis de ceux » , l. 1 et 2: il se définit par opposition aux autres et met l’accent sur son caractère singulier.

V .H. se présente comme quelqu’un qui réfléchit et qui est sûr de ses conclusions : «  Je suis de ceux qui pensent et qui affirment », L. 2, «  et s’il faut dire toute ma pensée », l. 12

Assurance et ton catégorique : «  Je n’hésite pas », l. 11.

Mais c’est aussi un homme de cœur :

V. H. exprime son opinion et ses sentiments à travers des marques de jugement : «  ils sont tristes », l. 11, compassion, l. 22 «  mon Dieu, un malheureux homme de lettres ».

Il exprime aussi sa volonté avec deux occurrences de «  je voudrais »,

- Il est aussi un juge :  qui, après avoir accusé, prononce une sentence  : «  je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être », l ; 30, «  je dis que […] ce sont des crimes envers Dieu ! », l. 33.

2-Le regard porté sur le peuple

-Le peuple : un vaste ensemble : pluriel + énumération : «  des familles, des familles entières (…), hommes, jeunes filles, enfants », l. 19,, «  un homme », l. 22,  «  une mère et ses quatre enfants », l. 27 Tous les âges sont concernés : «  ceux qui sont vieux », l. 50. 

V. H. envisage toutes les situations, collectives ou individuelles, tous les âges pour montrer le caractère universel de la misère qui «  n’épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles », l. 23

-Un peuple sacrifié

*Exploitation du peuple dont le rôle est de soutenir les révolutions sans en obtenir de bénéfices : «  tant que l’esprit de la révolution a pour auxiliaire la souffrance publique », l. 54

* C’est ainsi que le peuple est manipulé par les élites qui s’appuient sur lui pour parvenir à leurs fins : «  l’homme méchant (= l’exploiteur) a pour collaborateur fatal l’homme malheureux (=le pauvre), l ; 56. C’est tout un système parfaitement rôdé,  depuis toujours que V. H. entend dénoncer avec l’adjectif «  fatal », l. 56.

-Un peuple déshumanisé : «  pêle-mêle », l.18, «  des créatures », l. 21 : animalisation ou réification. + recherche de nourriture dans les «  charniers de Montfaucon », l. 28, comme pourrait le faire un animal.

- Pourtant, V. H. fait l’éloge du peuple : accumulation dont chaque terme comporte un mot mélioratif «  pauvres familles honnêtes, aux bons paysans, aux bons ouvriers, aux gens de cœur », l. 53

En dressant ce tableau réaliste et pathétique, V. H. est armé pour s’attaquer au problème de la misère : il a concrètement mis devant les yeux =

2- La méthode du martèlement.

- Répétitions de mots : «  la misère », mot répété de nombreuses fois et de manière très frappante et redondante encadre la phrase, l. 7 : «  La misère […] voulez-vous savoir jusqu’où elle est, la misère ? »

«   marcher à ce grand but, à ce but magnifique, à ce but sublime », l. 37.

- anaphores : «  Je voudrais que cette assemblée […], je voudrais que cette assemblée », l. 36 et 37.

«  Vous venez de […], vous venez de », l. 41-42.

Anaphore très marquante de «  Tant que » (9 occurrences) dans le dernier paragraphe.

- répétition de la thèse : «  Détruire la misère «  = allégorie, formule frappante et elliptique qui signifie : «  Il faut détruire la misère ».

Cette thèse est ensuite précisée dans une opposition entre une accumulation  de 4 verbes :  « diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire », d’une part et la solution radicale à laquelle aspire Hugo : «  détruire », l. 4 et 5.

Toutes ces répétitions ont un but didactique : c’est aussi le cas de l’effort de clarification de la pensée : V. H définit un terme abstrait par une métaphore qui est tout de suite parlante : «  la misère est une maladie du corps social », l. 4.

Ces répétitions ont aussi une valeur rythmique et hypnotiques sur l’auditoire qu’elles enflamment : il faut imaginer, pendant ce discours, les sifflets et les applaudissements incessants : c’est un discours-spectacle.

2- La dimension épique du passage.

V. H. se présente comme un chevalier qui, à lui seul, va «  détruire la misère ». Il se présente comme un sauveur, comme une force d’initiative : « j’en ferai la proposition formelle, une grande et solennelle enquête », l. 13. Il propose une méthode à l’action, l. 14-15 sous la forme d’une enquête préliminaire.

- Présence d’hyperboles : «  y songer sans cesse », l. 7 qui donnent un sentiment d’urgence et de priorité absolue.  + allitération qui rend la formule particulièrement cinglante.

- Procédés d’amplification : accumulations, hyperboles : «  la plus haute importance », l ; 35, gradation : «  grand » / «  magnifique » / «  sublime », l. 38.

- Enthousiasme («étymologiquement, fait d’être porté par un Dieu intérieur) rendu par une ponctuation expressive et des marques de l’oralité : «  Détruire la misère ! Oui, cela est possible ! », l. 5. Toutes les phrases sont exclamatives dans le dernier paragraphe qui constitue, en quelque sorte, la péroraison et doit être le sommet du discours : l’émotion de l’orateur est à son comble.

3-Un réquisitoire contre la misère

-V. H. prend soin de distinguer « la souffrance », l. 1 de la «  misère », l. 2 : la misère est    «  une maladie du corps social », l. 4 en ce sens la société et le gouvernement peuvent y remédier. Si la souffrance, on l’a vu, peut être causée par la misère, elle peut aussi avoir d’autres causes sur lesquelles la société n’a pas de prise. C’est pourquoi, c’est uniquement le problème de la misère qui intéresse Hugo en tant que député

- V. H. montre l’actualité et la proximité du pb de la misère : «  Je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons », l. 10, «  en France », l. 13,  «  Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris », l. 17 il repousse l’éloignement temporel : «  je ne dis pas au Moyen Âge » et spatial («  Je ne dis par en Irlande », l’Irlande était une référence à cette époque car elle avait connu d’effroyables famines qui ont conduit les habitants à émigrer vers les Etats-Unis).

- La honte de la République

Victor Hugo porte des accusations à l’égard de ses pairs, l. 5 à 7 : «  Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse […] tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli », ces accusations s’étendent à la société tout entière : « […] de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la société tout entière », l. 31-32. Le vocabulaire devient alors celui de la faute morale («  des torts », l. 33,  et même du crime : «  crimes », l. 33, «  complice », l.32. La

péroraison qui martèle 7 fois, à partir de la ligne 46, «  Vous n’avez rien fait » résume de manière frappante l’indifférence ou/et la négligence du gouvernement face au problème de la misère. Victor Hugo l’invite donc avec véhémence à passer à l’action.

3- Une utilisation virtuose de la rhétorique.

-des antithèses, la figure reine chez Hugo : «  Je ne dis pas » / «  Je dis », l. 3,  l. 9-10

«  Vous avez fait une chose considérable » / «  Vous n’avez rien fait », l. 45-46

-des hypotyposes (récit tellement réaliste que l’on croirait voir la scène) quand V. H. évoque des cas concrets de misère.

- Une prétérition : «  un dernier mot », l. 40 mais le généreux orateur est intarissable sur le sujet qui lui tient à cœur.

- Et toutes les figures déjà vues : métaphores filées, anaphores, questions rhétoriques.

- des effets rythmiques, comme celui-ci en quatre temps, ponctué par l’anaphore :  «  toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté », l. 30

- Effet de surenchère : «  Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? » , l. 26.

- des effets sonores comme l’allitération en [f] qui traduit tout le dégoût qu’inspirent les mots de l’orateur : « des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s’enfouissent toutes vivantes […] », l. 20-21.

- Métaphore poétique des ténèbres, chère à Victor Hugo, qui dans une périphrase donne une nouvelle définition, diabolique celle-là, de la misère : «  cette œuvre de destruction et de ténèbres », l. 55.

3- Un orateur visionnaire : dieu et guide.

 Le poète est un «  mage », dit ailleurs Victor Hugo : son rôle est d’éclairer et de guider les autres hommes. C’est exactement le rôle qu’il se donne ici faisant fusionner son statut de poète et celui de progressiste Singularité de l’homme, cf. l.1 et 2 qui apparaît comme lucide par opposition aux autres qui sont présentés comme ignorants, plein d’illusions, inconscients : «  ceux qui croient », l. 1

- Nombreuses références à la religion dès le début du texte  («  la souffrance est une loi divine », l. 2) et jusqu’à la fin («  des lois évangéliques », l. 52) : présent de vérité générale : Victor Hugo parle ici à la place Dieu : il se présente donc comme un prophète. Par exemple avec la formule frappante et accusatrice : «  tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli », l. 8 : présent de vérité générale encore + parallélisme.

V. H se présente comme un visionnaire convaincu et engagé : «  Oui, cela est possible ! », l. 5 La ponctuation exclamative traduit l’enthousiasme et la puissance de conviction.

Par des interjections comme «  Mon Dieu ! », l. 11, l. 22,  il se fait de Dieu un allié

Bilan-transition

C’est pourquoi, Victor Hugo, homme politique et homme de lettres va utiliser de toutes les ressources du langage et se montrer particulièrement éloquent.

Bilan-transition

On voit clairement que Victor Hugo a mis tous les moyens rhétoriques pour convaincre et persuader, mais ce faisant, il conforte sa stature et édifie sa statue.

Bilan-transition

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