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Lecture analytique "Les oiseaux" de Victor Hugo

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Par   •  28 Octobre 2016  •  Commentaire de texte  •  2 078 Mots (9 Pages)  •  20 376 Vues

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Les Oiseaux, Victor Hugo

Lecture analytique – Développement

  1. Mise en scène des oiseaux
  1. Dramatisation de leur évocation

* Mise en place d’un suspens, théâtralité « autour de moi…buissonnière » => retardement du sujet précédé par des compléments circonstanciel de lieu, « autour de moi » ; « dans ce champs », un complément circonstanciel de manière « sans avoir…ténébreux », par des oppositions qui caractérisent les oiseaux « nombreux » ; « gais » (épithètes en position détaché) soit le champ caractérisé par une périphrase « lit fatal… » => effet de suspens, l’arrivée des oiseaux crée la surprise, leur son et leur bruit précède leur apparition.

* Le blanc typographique qui précède l’évocation des oiseaux crée un effet de retardement et mime la méditation silencieuse du poète => l’irruption en sera donc plus brutale.

* « Ils allaient…mystérieux » = accumulation d’actions rendues par les participes présent sous forme d’énumération « chantant… » => impression de mouvement perpétuel, désordonné d’une agitation intempestive prouvé par l’emploi du terme « tapageurs ailés » (périphrase désignant les oiseaux connotés péjorativement).

  1. Irruption fabuleuse et fabulaire

* « Des oiseaux francs…buissonnière » ; les oiseaux sont personnifiés, utilisation d’un adjectif qualificatif épithète réservé habituellement à l’humain. Ils sont assimilés à des enfants dont l’activité est présente sous formes de métaphore => les oiseaux semblent donc sortir d’une fable et relevant d’un type particulier.

NB : le choix des moineaux n’est pas anodin, leur banalité, leur petite taille et leur nombre les rendent d’autant plus ressemblant à un groupe d’enfant.

* le passage d’un discours direct au dialogue entre le poète et les oiseaux « Je criai…quel est ce vieux classique ? » => il dynamise le poème et donne l’aspect d’une scène dignes des fables de La Fontaine. L’aspect comique est présent dans la mise en scène de l’oiseau « dress[ant] la queue »

* « C’était l’éternité que taquine l’instant », présence d’une morale associée aux oiseaux où ces derniers représentent allégoriquement le fugitif face au poète symbolisant l’immobilisme => tel un apologue le poème fable de Hugo se sert des animaux et des oiseaux en particuliers pour délivrer une leçon de vie. La généralisation et le présent de vérité généralement en valeur par le présentatif souligne cet aspect. 

  1. Des facétieux irrévérencieux à la source de vie

* Début du poème « faisaient l’école buissonnière » connoté péjorativement « becquetant les tombeaux » ; « lissant leur bec au nez des lugubres statues » ils profanent le cimetière au milieu du poème. « Dieu les envoie », donc messagers de Dieu « ils ont cette raison qui te semble démence », ils deviennent des sages => évolution de leur image, du péjoratif à l’exemplaire.

* Face à un poète du coté de « l’ombre » au « front ténébreux », les oiseaux représentent et diffusent la lumière. L’isotopie de la lumière se développe dans l’ensemble du poème et les oiseaux en sont « le[s] rayon[s] » ; « clarté » ; « flamboie » ; « astre » ; « toute cette lumière ». => les oiseaux puisent la lumière partout où elle se trouve (dans la nature) et la scène « dans notre nuit » ils deviennent bien le flambeau dans l’obscurité image cher à Hugo.

* De lumière, ils deviennent source de vie « ils font vivre le cimetière », cette information paradoxale rend plus extraordinaire leur intervention. Ils sont associés au mois de mai, du printemps, image de la Régénérescence. La description qu’en fait le « houx noir » est au présent comme pour mimer le dynamisme de leurs actions et sous forme d’énumération pour en montrer la variété et la multiplicité => la vie qu’ils animent ou raniment est le signe de la joie, de la gaieté (cf. champ lexical) et le dernier vers est très explicite « ils font éclater de rire le tombeau »

Face à la mise en scène fabuleuse des oiseaux, le portrait que Victor Hugo fait du poète est quant à lui paradoxale.

  1. Portrait paradoxal du poète
  1. Un romantique mis à mal

* Lyrisme traditionnel : exaltation du moi, expression du « je » récurrente. Le « je » du poète se met en scène dans une posture romantique, la mélancolie, la rêverie, la méditation au cœur de la Nature. « Parmi les fleurs et les croix », le complément circonstanciel de lieu associe bien le paysage et l’état d’âme, et le poète est décrit comme on l’attend, à travers l’expression « et l’ombre m’emplissait ». L’imparfait à valeur durative, le fait qu’il soit en position d’objet traduit sa passivité et son immobilisme => proche du spleen baudelairien ou de la rêverie de Friedrich (cf. voyageur contemplant la mer de nuages).

* Les topoï romantiques : « lit fatal de la sieste dernière » ; « le front ténébreux » l’univers de mort avec le « cimetière » mais aussi la présence très importante de la Nature dans la scène mais aussi dans le récit du houx noir. La réflexion sur la vie et la mort, sur l’éternité, sur la beauté et la laideur, la vérité (cf. « devant qui le mensonge étale sa laideur ») => le décor, le poète et sa réflexion sont bien romantique.

* Mais la présence est si forte que le topos devient cliché :

- exagération de l’image : les périphrases pour qualifier la sieste ou les oiseaux sont trop pompeuses.

- le poète est orgueilleux : il se figure en « géant » se dit être « le plus fort » (superlatif absolu)

- sa colère le rend ridicule et excessif « Silence ! » ; « peu clément ».

  1. Un poète ignorant

* L’occupation de la parole dans le discours est réservée au houx noir et non au poète : « Silence ! ». Son injonction traduit le vide plus que le savoir. Le déséquilibre dans la répartition de la parole et dans la qualité de la pensée : il est empli par l’ombre, il n’a que l’attitude du penseur

* « Ils ont cette raison qui te semble démence », les propos du houx noir par la modalisation traduisent l’erreur. Le poète est du côté de l’apparence alors que les oiseaux sont du côté de la vérité => leur folie est en fait signe de l’ignorance du poète (proche de la platonicienne).

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