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Commentaire de texte - L'invitation au voyage

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Par   •  8 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 645 Mots (7 Pages)  •  306 Vues

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MONTLAHUC Jade        Commentaire de texte : « L’invitation au voyage »        P2

« Les Fleurs du mal » est un recueil de poème écrit par Charles Baudelaire, édité en 1857, condamné pour atteinte à la morale publique et réédité en 1861 avec un ajout de 32 poèmes. Ce recueil traite de l’Idéal, du Spleen, de la ville, des paradis artificiels, de la femme, de la mort, révélant ainsi la pensée de Baudelaire, poète qui est à la frontière du classique et du moderne. « L’Invitation au voyage » qui est un poème lyrique, se situe du côté de l’Idéal, il est dédié à Marie Daubrun et fait partie de la section Spleen et Idéal. Sa composition est originale : 3 strophes sont séparées par un distique et les heptasyllabes ainsi que les pentasyllabes sont utilisés. La première strophe évoque la femme aimée unie au paysage, la deuxième déploie les éléments d’une chambre et la troisième strophe évoque une ville au soleil couchant.  Nous montrerons que Baudelaire transmute la réalité en Idéal dans le poème « L’invitation au voyage ». En une alchimie poétique parfaite, Baudelaire résout tout antagonisme de la réalité terrestre, implique la femme aimée dans sa transmutation de la réalité et offre au lecteur un voyage au pays de l’art qui élève enfin cette réalité au niveau de l’Idéal.

Dans « l’Invitation au voyage », toute opposition est parfaitement résolue en un mariage harmonieux.

Tout d’abord, nous assistons à l’opposition de deux éléments élémentaires : l’eau et le feu qui se marient en formant le Bonheur autour de l’amour entre le poète et la femme aimée. Premièrement, au vers 7, l’oxymore « Les soleils mouillés » est en même temps une métaphore qui compare le « soleil » au feu et ce qui « mouille » à l’eau. Ainsi, cette oxymore met bien en contradiction le feu et l’eau mais elle les unit également dans le bonheur. En effet, dans la poétique baudelairienne, la réconciliation de l’eau et du feu est le signe d’un bonheur intense. Deuxièmement, cette opposition apparaît à nouveau dans les yeux de la femme aimée : au vers 12, l’antithèse « Brillant à travers leurs larmes » confronte mais associe le feu perçu à travers le gérondif « brillant » et l’eau retrouvée dans le substantif « larmes ». Ce vers répond au septième vers (« Les soleils mouillés ») en créant une correspondance.

L’opposition de l’immobilité et du mouvement préside à l’harmonie par l’unisson de ces éléments contraires. Les éléments d’une chambre sont déployés au début de la deuxième strophe (des vers 15 au vers 20), l’espace devient fermé, cloitré, silencieux : l’immobilité de ce lieu est soulignée. Le vers 21 (« Les riches plafonds ») marque une rupture avec cette immobilité car il connote une ouverture. En effet, le plafond qui est une clôture de la chambre, est en réalité porteur d’une ouverture pour l’imagination, l’évasion, la démultiplication de l’espace car il est peint (« riches ») et raconte ainsi une histoire. Cette idée d’ouverture de l’espace, de mouvement est confirmée par le vers suivant (« Les miroirs profonds », v22). En effet, Baudelaire suggère avec le substantif « profonds » l’ouverture du champ visuel par les miroirs et le grossissement des dimensions de la pièce, donnant ainsi une idée de dilatation de l’espace. Dans la continuité de la strophe deux, le début de la strophe trois poursuit cette idée de mouvement, d’ouverture sur le monde. En effet, dans ses premiers vers, nous retrouvons le champ lexical du voyage qui est ainsi métaphore du mouvement : « vaisseaux », « vagabonde », « bout du monde ». Cependant, l’immobilité revient peu à peu pour s’immiscer dans le mouvement : « couchants », « s’endort ». Si nous pouvons croire à première vue qu’il s’agit d’une opposition, Baudelaire marie en réalité le mouvement et l’immobilité harmonieusement. En effet, les vers 39 et 40 s’opposent (« Le monde s’endort, / Dans une chaude lumière ») car le monde est habituellement tumultueux, il est donc opposé au le sommeil et le poème se termine mais s’achève dans une paix, une quiétude et une harmonie parfaites.

Si tout antagonisme est résolu en un mariage harmonieux, Baudelaire a besoin de la présence de la femme qu’il aime pour transmuter la boue de la réalité.

Pour transformer la réalité, Baudelaire a besoin de la présence de la femme aimée.

Premièrement, la femme aimée est unie au pays rêvé du poète, le rendant ainsi beau, attrayant et donnant au poète l’espoir d’y vivre. Dans la première strophe, deux vers s’assemblent par rimes embrassées et se complètent : « D’aller là-bas vivre ensemble ! », vers 3 et « Au pays qui te ressemble », vers 6. Si le vers 3 expose la « douceur » (vers 2) de vivre tous deux au pays dont il rêve, ce n’est que parce que ce pays ressemble à la femme aimée (vers 6), qu’il peut l’habiter, l’apprécier et le désirer. Ainsi, c’est la femme aimée qui a les clés de ce lieu d’harmonie. Par les vers 7 et 8, «  Les soleils mouillés / De ces ciels brouillés », le pays rêvé est métaphore de la femme aimée car il exerce sur l’esprit du poète, ses « charmes » : à la fois envoûtement et beauté. Le distique « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté » associe également le pays rêvé à la femme aimée. En effet, si le caractère heureux et harmonieux du lieu rêvé est mis en valeur par les substantifs « ordre », « luxe », « calme » et « volupté », il n’est parfait que par la présence de la « beauté », métaphore de la femme aimée.

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