Commentaire de l'extrait de Tristes Tropiques
Commentaire de texte : Commentaire de l'extrait de Tristes Tropiques. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lolalolita • 20 Décembre 2017 • Commentaire de texte • 2 270 Mots (10 Pages) • 3 252 Vues
extrait de Tristes Tropiques (chapitre XXVIII) publié en 1955
de Claude Levi-Strauss
Claude Lévi-Strauss, sans doute le plus célèbre anthropologue français du XXe siècle, compte parmi
les principaux représentants du courant structuraliste qui a dominé les sciences humaines pendant les année
1960. Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont les plus connus sont Structures élémentaires de la parenté,
Anthropologie structurale et surtout Tristes Tropiques. Ce dernier écrit, publié en 1955, relate de son
expérience d'ethnologue au contact des Indiens du Brésil : tenant à la fois du récit du voyage, du document
scientifique et de la réflexion philosophique, Tristes Tropiques témoigne des interrogations de son auteur au
sujet de l'humain, des sociétés et des civilisations. Au chapitre XXVIII tandis qu'il analyse l'attitude des
Nambikwara envers l'écriture, Lévi-Strauss en vient à réfléchir de façon plus générale à l'apparition du
phénomène et sa signification des l'histoire humaine. Nous chercherons à montrer l'intérêt de la question
que se pose Lévi-Strauss : pourquoi les Hommes ont-ils inventé le langage ? Nous commencerons par
examiner son argumentation sur l'origine de cette pratique. Puis nous verrons en quoi il s'agit d'un point de
vue d'anthropologue. Enfin, nous verrons à quelles traditions sa pensée paraît se rattacher.
I. L'origine de l'écriture
a) La démarche argumentative de Levi-Strauss
Reprenons les principales étapes du raisonnement de l'auteur que nous pouvons distinguer en trois
phases principales. Premièrement l'auteur effectue une démonstration afin d'établir les notions d'écriture et
de progrès qui sont totalement distinctes. Deuxièmement, il essaie de trouver une nouvelle explication à la
naissance de l'écriture : c'est dans l'apparition de certains systèmes politiques qui la situent. En troisième
point, il admet des exceptions : les systèmes politiques très organisés et qui pourtant se sont passés de
l'écriture. Commentons maintenant les ressorts argumentatifs et logiques de ce développement. Pour
démontrer qu'il n'y a pas de lien inhérent enter l'écriture et le progrès il suffit à Levi-Strauss de proucer que
d'une part, il peut exister progrès sans écriture, d'autre part que l'écriture peut exister dans progrès. Dans le
premier cas c'est l'argument du néolithique qui est mobilisé : « Au néolithique, l'humanité a accompli des
pas de géants sans le secours de l'écriture ». Pour le second cas, l'anthropologue évoque « les civilisations
historiques de l'Occident [qui ]ont longtemps stagné » où il fait allusion à l'Antiquité et plus encore au
Moyen-Age européen, au sens où les progrès scientifiques sont peu nombreux entre la Grèce (Vè siècle avant
JC) et la Renaissance (XVIè siècle) c'est-à-dire pendant plus de mille ans alors même que l'écriture et la
littérature sont bien représentés sur toute cette période. Cette démonstration s'accompagne de concession
« sans doute concevrait-on mal » qui suppose qu'à partir d'un certain moment historique il puisse ne plus y
avoir de progrès scientifique sans écriture. Lévi-Strauss doit donc redéfinir le terme, le lien entre l'écriture et
le progrès devient « nécessaire » mais « certainement pas suffisant » ; on assiste ici à un dépassement
dialectique. Le thèse première est maintenue quoique modifiée. Pour Lévi-Strauss, l'écriture n'est pas la
conséquence aboutissement naturel d'un progrès de l'esprit humain. La deuxième phrase de son
argumentation est dominée par l'induction : « il faut chercher dans une autre direction ». On a de nombreux
exemples de sociétés ayant inventé un système d'écriture (ce sont des cas particuliers), il s'agit de trouver le
point commun et donc un principe explicatif. L'induction se repère dans le singulier : « le seul phénomène »
et dans le caractère systématique « il est fidèlement accompagné ». Quant au principe explicatif trouvé, il
consiste en lier la naissance de l'écriture et la « formation des cités et des empires ». Enfin le dernier
paragraphe consiste dans l'examen d'une nouvelle objection, ce qui confirme une fois encore la dimension
dialectique de la pensée de Lévi-Strauss. Cette objection porte sur des exceptions dont l'auteur donne deux
exemples : « l'Afrique indigène » et « l'Amérique précolombienne ». La concession est d'abord reconnue : « il
existe cependant » puis elle est soumise à la critique qui en limite la portée : « ces tentatives se sont
montrées également précaires ». L'exemple de l'empire des Incas (où en effet l'écriture n'existait pas comme
elle a existé « depuis l'Egypte jusqu'à la Chine ») semble prouver qu'un grand Etat dépourvu de cette
technique ne serait pas viable : « en pleine décomposition ». L'argumentation de l'auteur est donc logique,
dialectique,
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