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Bien que vous surpassiez en grâce et en richesse & Adieu belle Cassandre et vous belle Marie Ronsard

Commentaire de texte : Bien que vous surpassiez en grâce et en richesse & Adieu belle Cassandre et vous belle Marie Ronsard. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  13 Octobre 2020  •  Commentaire de texte  •  1 964 Mots (8 Pages)  •  14 292 Vues

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POEME 1

« Bien que vous surpassiez en grâce et en richesse … »

Dans ce poème : le sonnet 18 du Second Livre des Amours ; Continuation des Amours : Amours de Marie, Ronsard s’engage dans une cour effrénée à sa muse, usant pour ce faire de procédés subtils en forme de démonstrations formelles que la belle ne saurait selon lui pouvoir refuser.

Dans le premier quatrain, le poète va faire l’apologie de la femme qu’il convoite et la décrit comme supérieure ‘en grâce, et en richesse’ non seulement à ‘toutes celles du pays’ mais de plus à celles de ‘tout autre part’, c’est-à-dire de partout. Ainsi placée sur un tel piédestal, la femme se trouve admirée et notoirement louée.

Toutefois Ronsard qui est rompu aux discours diplomatiques va introduire dans cette forme de rhétorique très formatée, une limite formelle à cette apparente toute puissance. Il poursuit son discours par une injonction impérative ‘Vous ne devez pourtant’. Cette forme impérative aurait tout lieu de choquer la belle qu’il convoite, aussi le diplomate va-t-il user d’un procédé de renforcement de l’argument mais aussi d’atténuation de la forme par le constat cette fois négatif ‘et fussiez-vous princesse’, ce qui l’autorise, lui semble-t-il à justifier de l’impérieuse nécessite d’avoir à aimer Ronsard.

Nous noterons que le poète parle de lui en mettant don nom en avant, fondant son discours sur sa position sociale et la reconnaissance de ses qualités de diplomates mais aussi d’écrivain poète.

La femme convoitée se trouve donc d’abord adulée puis enchâssée dans une démonstration rigoureuse du poète qui met en lumière le défaut qu’elle a de ne pas être princesse en forme de contrepoint, pour conclure que seul son amour pour Ronsard apporterait un remède à ce manque pour ne pas dire ce défaut.

Le pouvoir du poète par son art maîtrisé est décrit au second quatrain. A noter la construction particulière  de l’alexandrin par l’emploi de ‘avecque’ qui permet d’obtenir 3 syllabes.  C’est ainsi que Ronsard ‘avec son bel art’, c’est-à-dire au travers de sa poésie,  peut transformer celle qui n’est pas princesse en la faisant déesse à fortiori immortelle car ainsi devenue insensible au temps qui passe. Car tout ce qui ‘part’ de Ronsard, c’est-à-dire tout ce qu’il sublime revêt selon lui une valeur éternelle ‘car rien de lui ne part, qu’il ne soit éternel’. L’ensemble de la démonstration étant confirmé par ‘le ciel’ qui vient ‘confesser’ l’affirmation.

La construction des 2 derniers alexandrins du second quatrain présent une particularité constituée par une association implicite car en effet ‘rien de lui ne part’ devrait être suivi par ‘qui ne soit éternel’ pour affirmer que la poésie est immortelle. Or nous lisons que le poète écrit ‘qu’il ne soit immortel’ ce qui tend à démonter que le poète se considère comme lui-même immortel par la vertu de ses créations.

La beauté physique de la femme est présentée ici comme inférieure à la beauté de la littérature, puisque la louange poétique est « immortelle » !

Nous notons que Ronsard parle à la femme mais que jamais celle-ci ne répond.

Alors Ronsard va répondre à sa place et ne pas hésiter à mettre en avant son principal défaut outre son âge avancé qui n’est autre que sa surdité ‘et vous me répondrez qu’il est un peu sourdaut’. Il y a la procédé d’analogie entre Ronsard et le ‘lui’ qui n’est autre que la même personne. Par ce procédé subtil l’auteur dissocie la personnalité de haut rang politique et ecclésiastique -noblesse de Robe-, de la personnalité de l’homme sourd qui convoite la jeune femme.

Pour conclure, le dernier tercet répond au premier quatrain. En effet, si la belle présente le défaut de ne pas être princesse, Ronsard lui permet de toucher à l’immortalité par le biais de sa poésie. De même la surdité de Ronsard est là un gros défaut qui s’oppose au dialogue amoureux qui ne peut se faire qu’à voix basse. C’est ce défaut qui permet à l’auteur de porter l’estocade de son argumentation, arguant que pour se faire entendre il doit physiquement se rapproche de l’oreille de la femme, et profitant de cette proximité justifiée par son handicap, il va user de cette faiblesse pour profiter de cette situation pour embrasser la belle. Dans ce second tercet, la rhétorique ‘au milieu des propos’ se trouve placée au second plan derrière la convoitise ‘d’autant qu’il en est près’ qui dans l’œuvre de Ronsard nous rappelle au Cape Dieu, savoir se consacrer au temps présent, aux occasions fugaces sans se soucier du lendemain et de ses incertitudes.

Le sens du poème revient à mêler avec habileté l’art d’aimer et l’art poétique.

Il est plaisant dans ce poème de considérer le procédé démonstratif consistant à user d’un manque ‘princesse’ ou d’un défaut ‘sourdaut’ comme tremplin pour accéder à des situations meilleurs ‘déesse’ ou convoitées ‘qu’il baise à tous coups votre bouche vermeille’.

Il est constant que Ronsard se moque de la surdité de l’homme qui parle et qu’il appelle ‘lui’ tout en faisant l’apologie de l’amour mais aussi et surtout de la poésie dont il est un des maîtres incontestés.

POEME 2

« Adieu belle Cassandre et vous belle Marie … »

Dans ce poème construit sur des fondement antiques toujours rappelés à propos, le poète dresse le tableau de sa vie toute entière dévouée à la cause de son art, et non pas à la quête d’amours improbables eu égard à la fois à son âge avancé, mais aussi et surtout à son rang d’ecclésiastique qui quoi qu’il en soit lui interdit toute relations amoureuses.

Le poète est bien présenté comme le poète de l’amour dont il parle avec profondeur et beaucoup de sensibilité, mais ce n’est pas un poète amoureux, état qu’il ne saurait être admis.

Le premier quatrain présente un hommage appuyé à deux femmes, Cassandre et Marie, à cause desquelles il a vécu en esclave de l’amour pendant 3 années à Bourgueil. Cet hommage est vite rompu par une description réaliste existentielle : ‘l’une vit’ ; ‘l’autre est morte’. S’en suit une épitaphe  en forme de réflexion personnelle voyant ce que l’œil de la de cujus ne peut apercevoir : ‘le Ciel se réjouit dont la terre est marrie’, sous entendant que le Ciel est le symbole de l’éternité et de la joie alors que la terre  symbolise les combats, les peines et les tristesses ‘dont la terre est marrie’.

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