Analyse – Comment Wang-Fô fut sauvé – Marguerite Yourcenar
Fiche de lecture : Analyse – Comment Wang-Fô fut sauvé – Marguerite Yourcenar. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ophelie2018 • 13 Juin 2018 • Fiche de lecture • 2 583 Mots (11 Pages) • 8 659 Vues
Analyse – Comment Wang-Fô fut sauvé – Marguerite Yourcenar
Situation du passage :
Wang-Fô est un vieux peintre qui s’émerveille de tout. Ses peintures sont plus vraies que nature. Il se fait dire qu’elles deviennent réelles. Wang-Fô vagabonde, accompagné de son disciple Ling, il donne ses tableaux à qui les apprécie ou les échange contre de la nourriture. Un beau jour, Wang-Fô et Ling sont arrêtés par l’armée et conduit au palais impérial. L’empereur a vécu jusqu’à l’âge de ces 16 ans enfermer dans le palais sans jamais voir le monde extérieur, il n’avait que les tableaux de Wang-Fô pour s’imaginer le monde. L’empereur est en colère contre Wang-Fô.
Thème principal et situation d’énonciation :
Dans ce passage, l’Empereur parle à Wang-Fô de sa jeunesse, lorsqu’il a pu découvrir le monde, il est déçu car celui-ci est moins beau que les peintures de Wang-Fô. C’est un narrateur interne au récit.
L’empereur est l’énonciateur : « j’ai vu se rouvrir » ; « je suis monté sur la terrasse » ; etc.
Wang-Fô est le destinataire : « tes crépuscules » ; « tes femmes » ; « la grenade figurée sur tes toiles ».
1ère partie : Désillusion de l’Empereur « A seize ans...me soulève le cœur »
2ème parties : La colère de l’Empereur «Tu m’as menti, Wang-Fô…je ne posséderai pas »
Analyse du passage :
A seize ans » met fin à l’enfance de l’empereur et à une conception idyllique de l’art. Quand il dit : « j’ai vu se rouvrir les portes qui me séparaient du Monde » Il passe dans le monde des adultes. C’est une désillusion pour lui. Il y a une opposition et une comparaison entre le monde réel et le monde imaginé : « …les nuages, mais ils étaient moins beaux que ceux de tes crépuscules »; « je ne prévoyais ni la boue ni les pierres » ; « sans trouver tes jardins pleins de femmes semblables à des lucioles » ; « les cailloux des rivages m’ont dégoûté des océans » ; « le sang des suppliciés est moins rouge ». Il recherche en permanence ce qu’il a vu sur les toiles du peintre, un monde tant espéré mais jamais retrouvé.
Il rentre aussi dans une phase de dégoût : « me répugne » ; « me soulève le cœur » ; « les sortilèges m’ont dégoûté ». Ces sentiments évoluent en colère : « Tu m’as menti … vieil imposteur ». C’est une traversée difficile du monde de l’imaginaire au monde du réel. Pour l’empereur, le monde réel n’est qu’un « amas de taches confuses » Sa déception est si grande, que l’empereur a une volonté de passer à l’acte « j’ai cherché quel supplice te serait réservé ». Il a l’impression de perdre pied : « m’ont dégoûté de ce que je possède, et donné le désir de ce que je ne possède pas» une impression de grand vide. Le pouvoir de l’art est trop fort sur lui. Il n’a plus aucun repère.
L'empereur découvre que la réalité ne correspond pas à son monde imaginaire et tient responsable le peintre.
En fin de compte c’est le jeune empereur qui s’est idéalisé un monde. Il le voit par le regard du peintre, le message qu’il veut faire passer et les interprétations qu’il veut donner au public. Il envie le peintre qui sait dessiner un monde admirable et il finit par nier son identité. « Le royaume de Han n’est pas le plus beau des royaumes et je ne suis pas l’empereur. »
Pour les personnages, ils n’ont pas de supérieur à qui se soumettre. Il s’agit de deux sujets personnels et autonomes: Wang-Fô agit par le vouloir de peindre et par le savoir d’observer; il transforme, décrit le monde. L’autre vit par le désir de collectionner, de tuer, de torturer, de s’interner du monde. Ayant reconnu le monde artistique de Wang- Fô comme « royaume » et son pouvoir comme « empire », l’empereur du monde réel n’est plus sûr de sa dominance sur lui; il désire exercer son emprise.
Le passé composé et de l’imparfait est utilisé dans cette extrait par l’empereur pour parler de son passé, de ce qu’il a vu ainsi que de ces ressentis. Il utilise le présent pour parler de ces convictions « n’est pas… je ne suis pas ». Les phrases sont brèves et exclamatives avec un vocabulaire simple. Il n’y a pas de dialogue, c’est un monologue de la part de l’empereur.
Marguerite Yourcenar utilise des mots simples dans ces nouvelles. Ce texte est d’une très grande richesse, l’écriture, toute en finesse, est très imagée, un style simple qui restitue un ton oriental. La plume gracieuse de Yourcenar fait alors écho à la pureté des œuvres du vieux peintre.
Conclusion :
Comment Wang-Fô fut sauvé montre les rapports qu’entretiennent l’art et la réalité, et démontre la supériorité de l’un sur l’autre. L’art permet de susciter diverses émotions et de se faire une idée de l’inconnu. L'Empereur est l'être hors du réel qui prend l'art, le symbole, au pied de la lettre ; c'est lui le schizophrène et non l'artiste ; il est le jaloux de la vérité. L'art présente l'image des choses et non les choses elles-mêmes. L'art est un mensonge qui dit la vérité, il fait voir la réalité. Il faut partir de la réalité pour aller vers l'art et non le contraire. L'art est une évasion de la réalité
Analyse – Le lait de la mort – Marguerite Yourcenar
Situation du passage :
Le récit commence avec deux hommes qui discutent tandis que l’un demande à l’autre une histoire quelque peu surnaturelle. Son ami lui raconte alors l’histoire de trois frères qui construisent une tour. Mais cette dernière se détruit à chaque fois qu’elle est complète. Une légende à cette époque disait que la création ne pouvait réussir qu’en l’échange d’un sacrifice. Les frères décidèrent alors d’enfermer l’une de leurs trois épouses, plus précisément celle qui leur apporterait à manger le lendemain. C'est la femme du cadet qui arrive. Elle sera donc sacrifiée. La femme se fait donc murer. Cependant, elle demande aux deux frères de lui laisser un espace au niveau des seins. En effet, la femme veut continuer à donner du lait à son bébé. Elle leur demande aussi de laisser un espace au niveau de ses yeux, pour qu'elle voie son bébé tous les jours. Les frères s'exécutent. Elle commence à mourir, ses yeux se remplissent de ténèbres, mais elle trouve toujours la force de nourrir son enfant avec son lait. Cela va durer deux ans.
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