Croissance verte ou décroissance ?

Croissance verte ou décroissance?

Selon le dernier rapport du GIEC datant du 20 mars 2023, les activités humaines par le biais des émissions de gaz à effet de serre ont sans équivoque provoqué le réchauffement de la planète. Ainsi seule une réduction rapide, forte et soutenue des émissions de GES limiterait le réchauffement proche de 1,5°C ou en dessous de 2°C. Ayant pris conscience de la période d’incertitude dans laquelle nous vivons depuis la crise du COVID-19, il me tenait à cœur de présenter les deux modèles économiques les plus soutenus aujourd’hui et d’interroger leur réalisabilité.

Pour limiter le réchauffement climatique, les pays développés prônent la croissance verte, un modèle de développement économique qui vise à concilier croissance économique avec protection de l’environnement. Cette croissance est à faible soutenabilité car le capital naturel y est substitué par du capital technique. Il s’agit concrètement de modifier les chaînes de production avec des opérations de fabrication qui ne libèrent pas ou très peu de GES et qui nécessitent beaucoup moins de matière première à extraire. Ce modèle repose donc sur des innovations techniques actuelles et futures. La transition vers un monde décarboné est estimée par La Cour des comptes européenne à 1 120 milliards d’euros par an entre 2021 et 2030 pour l’Europe dont 145 milliards par an pour la France. Le coût est la principale limite à la croissance verte mais il y a aussi le décalage entre les mesures prises par les dirigeants et la réalité de l’urgence climatique qui ralentit fortement la transition.

On peut légitimement se demander si reposer tous ses espoirs sur de possibles innovations n’est pas trop risqué. S' il ne serait pas plus judicieux de suivre le principe de précaution qui repose sur l'idée qu'il est préférable de prendre des mesures de précaution pour éviter des risques graves, même en l'absence de preuves scientifiques concluantes.

C’est en partie ce que pensent les partisans de la décroissance comme la députée Delphine Batho en France. La décroissance est un concept économique et social qui remet en question le paradigme de la croissance infinie, et soutient la nécessité de réduire la consommation et la production de biens matériels dans le but de préserver les ressources naturelles et l'environnement. Concrètement il s’agit de changer nos pratiques de consommation et de production mais surtout notre vision de la prospérité liée à une production toujours plus importante. La décroissance entraîne donc logiquement une baisse du PIB qui aujourd’hui est indicateur de récession économique mais la décroissance ne correspond pas à une récession économique de longue durée. Ce mouvement cherche plutôt à dépasser le capitalisme et à proposer une nouvelle société peut-être moins confortable mais plus juste et à forte soutenabilité.

Même si ce modèle est celui qui est matériellement le plus facile à mettre en place, ce dernier se heurte à des limites qui freinent totalement sa mise en place. Jugé trop extrême, il est discrédité par la majeure partie des politiques. En effet ce modèle repose sur un changement complet du fonctionnement de nos sociétés ce qui peut rencontrer une résistance

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