Smith et Ricardo
Synthèse : Smith et Ricardo. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MARIO555 • 18 Mars 2024 • Synthèse • 2 708 Mots (11 Pages) • 98 Vues
Dissertation Analyse Économique
Sujet : Chez les classiques anglais (Smith et Ricardo), les contradictions de la croissance capitaliste remettent-elles en cause sa poursuite ?
De nos jours, la plupart des pays développés d'Occident s'inscrivent dans une définition de société capitaliste, fondée par le courant classique au XVIIIème siècle et ses deux précurseurs anglais, Adam Smith (1723-1790) et David Ricardo (1772-1823). Pour comprendre les notions abordées par ces deux économistes, il est important de recontextualiser l’époque dans laquelle l'Angleterre du XVIIIème siècle se développe.
Ainsi, traversée par le siècle des lumières (1715) et sortant de l'obscurantisme, la Grande-Bretagne évolue d’un état de société primitif vers une société avancée par la révolution industrielle (1760), avec la revendication des droits privés et l’émergence de 3 différentes classes sociales. La classe ouvrière émerge de la révolution agricole (enclosures), et les ouvriers louent leur service dans la production de richesses contre un revenu, appelé salaire. De plus, la terre devenue propriété privée, leurs propriétaires revendiquent un revenu pour l’utilisation de celles-ci, la rente. Enfin il y a une classe sociale capable d’investir et d’innover et qui dispose des moyens de productions de richesses par la détention d’un capital, les capitalistes, dont la richesse accroît par l'accumulation de profits.
La manière de répartir les richesses va avoir un impact direct sur le processus de croissance, c'est-à-dire qu’une mauvaise répartition des richesses pourra notamment bloquer cette croissance. Celle-ci est définie par A. Smith et D. Ricardo par un état progressif, un accroissement des richesses et un progrès économique, qui sont la cause de l’enrichissement des nations, déterminé par la puissance productive du travail, mais, il y a cependant de nombreuses contestations à l’extension indéfinie de la croissance.
Alors, si la croissance n’est pas perpétuelle nous nous demanderons quelles sont les contradictions de la croissance capitaliste et comment remettent elles en cause sa poursuite.
Nous étudierons en deux parties et au travers des analyses de l’économie des classiques anglais, Adam Smith et David Ricardo, dans un premier temps comment les contradictions endogènes et exogènes au capitalisme poussent la croissance vers un état stationnaire puis dans un second temps quelles sont les solutions de cet état stationnaire de la croissance.
- Comment les contradictions endogènes et exogènes au capitalisme de la croissance la poussent-elles vers un état stationnaire ?
Nous analyserons dans cette première partie quelles sont les contradictions de la croissance capitaliste et comment limitent-elles son extension respectivement selon l’analyse des deux économistes classiques anglais, Adam Smith et David Ricardo.
- Selon Smith, comment les contradictions de la croissance mènent intrinsèquement à son blocage ?
Pour comprendre comment sont apparues les contradictions de la croissance capitaliste, intéressons-nous d'abord à ce qui engendre la croissance. La croissance est selon Smith déterminée par une forte augmentation de la productivité, donc des rendements obtenus, ce qui a pour conséquence une accumulation de richesses. Il explique que la tendance naturelle de l’Homme à s’enrichir, exprimée par son concept de la “main invisible”, dans son livre publié en 1776 “Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations.” ou le plus souvent abrégé en “la richesse des nations”, le pousse à suivre ses intérêts. Alors on constate que c’est en suivant ses intérêts personnels, que la nouvelle classe capitaliste agit dans l’intérêt du développement économique, c’est à dire qu’en cherchant à faire le plus de profit, les capitalistes vont développer de nouvelles techniques, organisations de productions, pour améliorer ce que Smith appelle “la force productive du travail” et ainsi favoriser le développement social, technique et économique et donc l’accroissement de richesses de l’état.
Smith expose que dans cette situation de forte croissance capitaliste, qu’il connaît au travers de la Révolution industrielle, en Angleterre mais aussi en France d’où il puise une part de son raisonnement, contribue à de meilleure condition de vie, repousse la mortalité infantile et augmente de fait la population. Néanmoins, l’augmentation démographique n’inclut pas selon Smith une augmentation de la demande effective, demande qui à la fois souhaite acheter un produit et peut se permettre de réaliser cet achat, ainsi naît la crise d’accumulation du capital développée par Smith. Dans un cas de forte croissance, les capitalistes muent par leurs propres intérêts, cherchent à s’enrichir et à produire encore plus, seulement si la demande effective est insuffisante et n’évolue pas proportionnellement, cela traduit une situation de surproduction, où la demande est inférieure à l’offre. Ainsi, une partie des marchandises produites ne trouvent pas de débouchés et cela freine la production et l’élan de recherche qui favorise la croissance. De plus, Smith constate que le prix de marché (prix des marchandises établies sur le marché) va s’établir à la baisse jusqu’à un prix inférieur au prix naturel (addition des 3 revenus: Salaires, rente et profit), puisqu' il y aura une insuffisance de la demande, ce qui va baisser le profit des producteurs, et donc la crise d’accumulation du capital tend vers l’état stationnaire.
Chez Smith la crise d’accumulation du capital qui mène au blocage de la croissance consiste en la réduction du profit qui ne peut plus être réinvesti dans la croissance. Alors, qu'en est-il de la théorie de Ricardo ?
- Du point de vue adopté par Ricardo, comment expliquer les contradictions de la croissance qui nuisent à sa poursuite?
Certes, David Ricardo parle de croissance dans ouvrage majeur publié en 1817 “Principes de l’économie politique et de l’impôt.”, néanmoins il n’exprime pas vraiment comment cette croissance est stimulée. Ainsi, Ricardo accorde généralement sa vision avec celle de Smith, il reprend son travail en le critiquant et en apportant ses propres théories, par exemple il n’est pas d’accord avec la théorie de la crise d’accumulation du capital de Smith.
Toutefois, Ricardo a réellement conscience des crises apportées par la croissance, et analyse leurs évolution à travers l’exemple du “prix du blé” (prix des marchandises de subsistance : le blé étant la marchandise nécessaire pour subsister la plus consommée et la plus vendue à son époque). Tout d’abord, il énonce sa théorie de la répartition des richesses, proche de celle de Smith mais il démontre que les 3 revenus de la production sont des conséquences de la valeur, car la valeur est créée au moment de la production et non pas des causes comme chez son précurseur écossais. Ces 3 revenus sont le capital, les salaires et la rente; il énonce sa relation inverse entre salaires et profit, selon laquelle l’augmentation des salaires ferait baisser le profit : la rente étant déjà établie, le capitaliste a tout intérêt à amoindrir les salaires courants pour les conserver au niveau de subsistance (niveau donc l’unique objectif est de subvenir aux besoins de l’ouvrier et de sa famille) et maximiser le profit résiduel, c’est à dire le revenu restant au capitaliste après avoir payé la rente et les salaires. Cependant, il implique une hypothèse de la “décroissance de la productivité des terres” selon laquelle, les premières terres sont les plus productives et plus on cultive une terre moins elle sera productive. Ainsi, avec l’instauration d’une “rente différentielle" telle qu’il la qualifie, basée sur l’inégalité de la fertilité des terres et la quantité de travail nécessaire à la production qui augmente, le “prix du blé” augmente en conséquence pour que la culture soit rentable. Donc, si le prix des marchandises nécessaires pour survivre augmente, les capitalistes n’ont d’autre choix que de réajuster les salaires de subsistance à la hausse ce qui entraîne une baisse des profits. Les profits ne sont plus réinvestis dans la croissance ce qui contribue à la “marche naturelle des sociétés” vers un état stationnaire.
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