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Croissance et protection sociale

Dissertation : Croissance et protection sociale. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Mars 2019  •  Dissertation  •  3 008 Mots (13 Pages)  •  977 Vues

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Sujet: Croissance et protection sociale.

Avec un montant qui s'élève à 236,6 milliards d'euros en 2014, la dette sociale représente 11,7 % de la dette publique française. Alors que la croissance peine à revenir depuis quelques années, les dépenses de protection sociale semblent être un facteur aggravant de la récession actuelle.

La croissance économique, recherchée par tous les pays, est une augmentation durable et constante de la production de biens et de services sur une longue période dans un pays donné. De plus, les gouvernements, pour la plupart, tentent d’allier croissance économique et bien-être des populations. C’est pourquoi ils mettront en place la protection sociale, qui désigne l’ensemble des institutions et des mécanismes, fondés sur l’idée d’une solidarité nationale, qui garantissent des ressources aux individus subissant des risques sociaux.

La protection sociale connaît ses prémices lors de la Révolution Industrielle. Il s’agissait alors de faire face à l’insécurité économique dans laquelle vivaient les ouvriers, pour qui tout accident, maladie, ou perte d’emploi était une véritable catastrophe. Ces systèmes mis en place vont connaître un essor important après la Seconde Guerre mondiale, avec notamment la création de la Sécurité sociale en France, et pendant les Trente Glorieuses. Après avoir choisi une logique bismarckienne de l’assurance des salariés de l’industrie, la France décide d’élargir les prestations familiales à l’ensemble de la population, et la reconnaissance du droit à la Sécurité Sociale est introduite dans la Constitution. Cependant, depuis les années 1980,  la montée des inégalités, de l’exclusion et du chômage vient remettre en cause le système de protection sociale, car amplifie les contraintes de financement de ce système. Des questions légitimes se sont alors posées sur son bien-fondé, sur son possible « poids » sur la croissance économique, certains opposant même croissance et protection sociale. Les questionnements à ce sujet sont donc pleins d’enjeux, car nécessaires à l’élaboration de politiques pour retrouver la croissance.

On pourrait donc croire que freiner les dépenses de la protection sociale est bénéfique pour la croissance, voire même est nécessaire à ce phénomène. Toutefois, cela n’est pas forcément vrai, car la protection sociale a également des effets positifs indéniables sur la croissance économique. Alors, qu’en est-il ? La protection sociale dynamise-t-elle la croissance, ou a contrario, lui est-elle préjudiciable?

Après avoir montré que la protection sociale peut être un frein pour la croissance économique, nous verrons qu’elle peut également la favoriser et lui est finalement nécessaire.  

  1. La protection sociale peut être préjudiciable à la croissance

Dans cette partie nous montrerons que la protection sociale, de plus en plus critiquée, peut apparaître comme un facteur handicapant pour la croissance économique. Dans un premier temps, c’est un système qui engendre de lourdes dépenses, qui ont un effet négatif sur la croissance. Ensuite, elle ne favorise pas forcément l’emploi, du point de vu de l’offre et de la demande de travail, un aspect qui nuit également à la croissance. Enfin, elle freine la compétitivité, et donc l’augmentation des richesses.

  1. La protection sociale génère de lourdes dépenses

La France est un pays qui dépense beaucoup d’argent pour financer son système de protection sociale. Toutefois, depuis quelques années, plusieurs phénomènes, tels que le vieillissement démographique, ont amplifié ces dépenses, qui paraissent devenir un poids pour la croissance économique, et ce pour plusieurs raisons. Le montant des dépenses sociales en France dépasse depuis un certain temps les 500 milliards d’euros par an.  Aujourd’hui, on débourse plus dans ce domaine, qui représente près de 50% des dépenses publiques totales, que dans tous les ministères de l’État central réunis (justice, éducation, etc.). En 2013, les dépenses sociales en France atteignent 33% du PIB, et à elles seules, les dépenses de santé représentent environ 10% du PIB, quand celles liées aux retraites en concernent 13%. Se pose alors la question légitime de la justification de ces coûts très élevés. Ainsi, certains pointent par exemple du doigt les dépenses de santé, qui ne sont pas justifiables : des pays, comme les pays scandinaves, dépensent beaucoup moins et pourtant obtiennent des résultats équivalents, voire meilleurs qu’en France. Ces lourdes dépenses, pas complètement justifiées, entraînent alors des conséquences économiques néfastes. L’approche libérale va même jusqu’à qualifier la protection sociale d’« étouffoir » de la croissance, engendrant des charges incompatibles avec le maintien d’un bon niveau de croissance. En effet, on peut voir se former la logique suivante : plus les dépenses sociales augmentent, plus les prélèvements obligatoires, nécessaires au financement des prestations, sont lourds. Deux conséquences en découlent alors : d’abord, cette augmentation des prélèvements va dissuader les individus à travailler davantage, voire même peut les inciter à travailler au noir, puisqu’une grande partie des revenus supplémentaires qu’ils pourraient gagner leur est « retirée ». Ils ne participent alors peu ou plus à l’effort productif. Ensuite, les acteurs économiques seront moins incités à prendre des risques, à investir, à créer de l’activité économique. En effet, les agents en capacité d’investir sont plus prélevés, plus imposés et la redistribution ne leur est pas forcément favorable, une partie des profits étant distribuée aux catégories les moins productives, aux individus les moins aisées.  Les économistes libéraux soulignent alors qu’un système de protection sociale trop dépensier et trop généreux a tendance, à long terme, à ralentir l’accroissement de la production, et donc la croissance économique.

Les lourdes dépenses en matière de protection sociale ne paraissent donc pas favorables à l’optique de la croissance économiques, freinant l’augmentation de la production sur le long terme. La protection semble, en outre, jouer un rôle négatif sur l’emploi et le travail, facteurs de croissance, que se soit au niveau de l’offre ou de la demande de travail.

  1. La protection sociale est un frein à l’emploi…

D’autre part, la protection sociale agit à la fois sur l’offre et la demande de travail, de manière plutôt défavorable à la croissance. D’abord, elle peut jouer sur l’offre de travail. Le système d’assurance et d’assistance de la protection sociale semble ne pas inciter financièrement les individus qui ne travaillent pas à retrouver un emploi, les amenant même à développer une certaine dépendance.  C’est l’un des effets pervers de la protection sociale. En raison d’une faible différence, en France, entre les revenus du travail et les revenus de solidarité, les individus n’ont pas intérêt à retravailler. Le revenu procuré par le travail, déduit des dépenses qui lui sont liées (transport, etc.) peut même être inférieur à celui touché quand on ne travaille pas. Des trappes à inactivité et à pauvreté se développent alors. Or, l’individu qui ne travaille pas ne participe pas au processus productif, l’économie est moins compétitive, et la croissance n’est pas favorisée. De plus, on peut aller plus loin en pensant que plus l’individu passe du temps à ne pas travailler, plus il se retrouve dans une situation d’inemployabilité. Les allocations chômage n’étant pas éternelles, il se retrouve dans une situation de pauvreté, et il ne peut plus consommer. La consommation étant une des bases de la croissance économique, conduisant à une production accrue de richesses, la pauvreté liée à ce chômage freine en partie la croissance.

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