La Laicite Meritait Mieux
Recherche de Documents : La Laicite Meritait Mieux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Leongambetta • 14 Novembre 2011 • 918 Mots (4 Pages) • 1 125 Vues
TRIBUNE PARUE DANS LIBERATION (Edition du jeudi 4 février 2004)
La laïcité méritait mieux
Par Alexandre Dorna, professeur de psychologie sociale et politique à l'université de Caen, directeur de la revue (en ligne) Les C@hiers de psychologie politique (www.cahierspsypol.fr.st).
mercredi 04 février 2004
Il est réducteur de n'envisager la notion républicaine fondatrice que sous l'angle religieux.
La loi sur le port du voile islamique sera bientôt définitivement adoptée. C'est un acte ferme et nécessaire, d'autant que la véhémence autour de la question laïque est le symptôme d'un malaise plus profond, à la fois moral et social. Ainsi, amoindrir ou nier son importance serait contribuer encore plus à l'érosion du socle républicain. Et, d'une certaine façon, nuire à la volonté républicaine d'intégration de tous à la société de droit.
Ne pas légiférer maintenant serait une attitude imprudente pour tous ceux qui défendent la liberté de pensée et de conscience. Ensemble de principes non négociables, fruits d'une histoire et d'une intention de donner un espace au dialogue et à la délibération contradictoire, la laïcité rend possible l'équilibre de la société et efficaces les mécanismes d'intégration. Certes, le recours à la loi est un moyen politique, au sens républicain du terme, de trancher quand la discussion piétine. L'essence de la laïcité, rappelons-le, n'est pas une vérité scientifique, ni philosophique, encore moins religieuse. Disons-le clairement, l'âme de la laïcité est politique. Mais cette loi porte-t-elle vraiment sur la laïcité ?
La laïcité méritait mieux qu'une discussion de "chiffonniers". Pourtant, la commission Stasi est tombée dans un double piège polémique : d'une part, espérer trouver un consensus ; d'autre part, envisager la question comme un problème religieux à l'école. Mirage d'"experts", faiblesse des politiques, ou plutôt les deux à la fois ? La laïcité méritait donc mieux qu'une commission d'"experts".
Ainsi, ce que la loi de 1905 avait prévu, tant bien que mal, comme dispositif général pour traiter de telles questions, mais que les gouvernements successifs ont hésité à appliquer, est aujourd'hui réduit à un article de loi portant sur un morceau de tissu jugé pieusement symbolique, en donnant à la question laïque une connotation antireligieuse qu'elle n'a jamais eue dans l'esprit des fondateurs de la République française moderne. La laïcité méritait beaucoup mieux que l'amalgame avec la religion : faut-il rappeler qu'elle n'est pas une attitude neutre ? Qu'elle ne s'assimile pas à l'idée de tolérance issue des guerres de religion ? Faut-il rappeler qu'il s'agit là d'un enjeu politique majeur ? Rappelons-le avec les propos lucides et courageux de Léon Gambetta : "Quant à la religion, je n'en parle pas. Cela est un domaine en dehors de la politique... Allez dans vos temples, priez, je ne vous connais pas. Ce que je demande, c'est la liberté, une liberté égale pour vous et pour moi, pour ma philosophie comme pour votre religion,
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