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Science Politique- Opinion Publique Et Sondage

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Par   •  29 Septembre 2014  •  3 432 Mots (14 Pages)  •  1 389 Vues

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Proposition de mutualisation sur le sujet « Sociologie et opinion publique »

(Raphael Pradeau)

Définitions :

L'opinion publique doit être distinguée de l'opinion individuelle.

Opinion individuelle : « formule nuancée qui, sur une question déterminée, reçoit l'adhésion sans réserve d'un sujet » (Jean Stoetzel)

Opinion publique : débat sur la définition. Souvent définie comme le produit de l'agrégation des opinions individuelles. Stoetzel nuance cette idée : « ensemble de jugements sur les problèmes actuels auxquels adhère une grande partie des membres d'une société ». Mais « une condition indispensable à l'existence de l'opinion , c'est la communication des pensées individuelles au sein de cette société ».

Sociologie : « science qui se propose d'étudier scientifiquement l'homme vivant en société, les relations entre les individus et les mécanismes de fonctionnement des sociétés humaines » (Yves Crozet).

Problématique :

La sociologie a très rapidement fait de l'opinion publique un objet d'étude, dans la 1e moitié du XXe siècle. Aux Etats-Unis, G. Gallup et P. Lazarsfeld y accordent de l'intérêt dans les années 1930 ; en France, J. Stoetzel crée l'IFOP (Institut Français d'Opinion Publique) dès 1938.

La notion d'opinion publique pose plusieurs questions à la sociologie :

⁃ L'opinion publique existe-t-elle et, si oui, comment la mesurer ? Les sondages mesurent-t-ils l'opinion publique ou peut-on dire qu'ils la créent ?

⁃ L'opinion publique exerce-t-elle une contrainte sur les opinions individuelles ? Plus généralement, quels sont les effets des mesures de l'opinion sur la vie politique démocratique et les sondages sont-ils une menace pour la démocratie ?

⁃ L'opinion publique interroge enfin la sociologie sur son utilité et son rôle : il existe en effet une demande sociale, des commandes (de la part des médias, des gouvernants...). Dès lors on peut se demander si le rôle des sociologues (et plus particulièrement des politologues) ne devient pas de commenter des sondages commandés par d'autres ?

Je propose d'articuler la réponse autour de ces 3 questionnements, même si le dernier point ne mériterait probablement pas d'être traité aussi longuement que les deux premiers (on peut éventuellement en faire une ouverture).

I/ L'opinion publique existe-t-elle et comment la mesurer ?

Evolution historique des conceptions de l'opinion publique :

⁃ du XVIIe au début du XIXe siècle, l'opinion publique est constituée des intellectuels et des bourgeois éclairés, qui participent activement au débat politique dans les salons, clubs et cercles de réflexion. J. Habermas étudie la naissance de l'espace public comme composante de la société bourgeoise. Le peuple est alors présumé incapable d'émettre une opinion douée de raison, pas plus que les femmes, assignées à la sphère privée. La capacité à émettre une opinion demeure alors socialement réservée, non pas aux élites, mais à la bourgeoisie montante, soucieuse d'évaluer au nom de la raison les décisions politiques. Le pouvoir royal est soumis à la critique de l'opinion publique, entendues au sens d'élites éclairées.

⁃ À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l'opinion est identifiée au mouvement ouvrier et aux partis de gauche, elle s'exprime à travers la presse, les manifestations, les pétitions... Au moment de l'affaire Dreyfus, E. Zola en appelle ainsi à l'opinion contre l'Etat.

⁃ C'est à partir du milieu du XXe siècle que l'opinion publique est considérée comme l'expression de la nation mesurée par les sondages (on parle parfois d'opinion sondagière).

La mesure de l'opinion publique : les sondages d'opinion (interroger une partie de la population pour en déduire des résultats valables pour la population prise dans son ensemble)

Dès 1936, C. Gallup prédit la réélection de Roosevelt en interrogeant 1500 personnes. En 1938, création de l'IFOP en France et 1er sondage mesure le soutien (à 57 %) aux accords de Munich.

On peut présenter rapidement les règles d'élaboration des sondages : taille de l'échantillon, méthode de construction des échantillons, élaboration du questionnaire, interprétation des résultats...

La définition de l'opinion publique change rapidement avec l'apparition des sondages : désormais elle ne semble plus versatile et n'a plus besoin d'être canalisée par des élites « compétentes » tempérant ses « humeurs » puisqu'elle peut être mesurée « scientifiquement ».

Problème : l'opinion publique est présentée comme saisie à travers les sondages d'opinion. Or, un débat existe en sociologie pour savoir à quelle réalité correspond l'opinion mesurée par les sondages.

L'opinion publique telle que mesurée par les sondages est-elle une production artificielle ?

Stoetzel indique que le terme d'opinion publique est une expression du langage courant, et il n'est pas sûr qu'il lui corresponde une réalité dont on puisse définir la structure ni marquer les frontières.

C'est P. Bourdieu qui lance le débat dans un article célèbre, « L'opinion publique n'existe pas » (publié en 1973 et repris dans Questions de sociologie, 1984). Selon Bourdieu, loin d'enregistrer l'état de l'opinion, les sondages créent l'opinion car ils reposent sur 3 postulats :

⁃ tout le monde peut avoir une opinion ; or, pourcentages importants de non réponse, qui ne se répartissent pas au hasard (cf. les analyse de D. Gaxié sur Le cens caché : les catégories populaires, faiblement dotées en capital culturel, se déclarent incompétentes et renoncent à exprimer une opinion, d'où fort taux d'abstention mais aussi de non réponses dans les sondages). La probabilité d'exprimer une opinion dépend du niveau d'instruction et du degré d'engagement du sondé par rapport au domaine sur lequel il est interrogé : « la probabilité d'avoir une opinion sur toutes les questions supposant un savoir politique est assez comparable à la probabilité d'aller au musée », « là

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