Bartolomé de Las Casas

INTRODUCTION:

Bartolomé de Las Casas né à Séville en 1474  et décédé en 1566  est un dominicain espagnol, avocat de formation, qui s'opposa violemment au traitement réservé aux  Indiens par les colonisateurs espagnols. En effet, ces populations furent réduites par eux en esclavage et au travail forcé, contraintes à la conversion au christianisme au mépris de leurs propres traditions religieuses. Las Casas, premier religieux ordonné sur le continent américain, mena une véritable croisade pour améliorer la situation des Amérindiens  placés sous son autorité. Finalement de nouvelles lois améliorent les conditions de vie de ceux qui étaient, pour beaucoup en Europe, considérés comme des êtres inférieurs

I - La naissance d’un engagement dû à une prise de conscience

En 1492 Christoph Colomb et ses trois célèbres caravelles abordent l’une des actuelles îles des Bahamas: à partir de ce moment une vaste entreprise, découverte, conquête et colonisation espagnole du pays que alors on appelait les Indes commence. On découvre un continent  riche en épices, matériau très rare à l’époque et donc beaucoup demandé. De plus, les fleuves contenaient des matériaux précieux, ils se retrouvent dans  un pays où l'or est le métal le plus vulgaire.

Un univers donc inconnu, peuplé d’hommes rouges , apparaît de l’autre côté de l'océan.

La première expérience de Bartholomé de Las Casas avec les Amérindiens remonte au 31 mars 1493, lorsqu' il assiste au défilé de Christophe Colomb à Séville après son premier voyage vers les Amériques. Le dimanche des Rameaux, en pleine célébration des festivités de la Semaine Sainte, sept Indiens Taïnos sont passés dans les rues.L'excitation générée dans la population à la suite de cette exposition a motivé le père et l'oncle de Bartolomé, ainsi que beaucoup d'autres personnes, à rejoindre Colomb pour son deuxième voyage vers les Amériques plus tard la même année.

Cette alors qu’ en 1502,  en suivant les traces de son père, Bartolomé de Las Casas  débarque sur ce nouveau continent. Il faut donc bien préciser que Las Casas, avant de prendre la défense des indiens, était lui-même un colonisateur. En effet en à son arrivé aux Caraïbes, il fait cultiver par la main d'oeuvre indigène le domaine hérité de son père, il prend part aux campagnes mené par Ovando,  qui  était d'une grande cruauté envers les Indiens, ils violèrent les femmes et ils brûlaient à petit feu  les captifs enveloppes de paille sèche des indians. Au même temps Las Casas devient propriétaire d’une encomienda  ou  “repartimiento” ,  un titre de propriété sur des terres indigènes avec les habitants qui y sont rattachés pour exploiter ces terres.  

C’est seulement à partir de 1509 que les choses vont commencer à  changer: en effet  cette année  Pedro del Córdoba, provincial des Dominicains, était venu fonder un couvent à Saint-Domingue et quelques religieux l’accompagnaient, parmi eux, Antonio de Montesinos.  Ce dernier a dénoncé les injustices dont il a été témoin , lors d'un sermon du 21 décembre 1511 à Saint-Domingue où Las Casas y assistait.

Ce sermon fait allusion aux Indiens contre lesquels les espagnols ont bataillé tout le siècle précédent, en laissant entendre que Dieu ne sera pas plus clément avec les colons qu'avec les Indiens si les colons s'adonnent à l'esclavage comme le font les Indiens, de plus  Montesinos avait commencé, à refuser les sacrements aux propriétaires d'encomienda indignes et à les menacer d'excommunication.  Ce discours va donc radicalement changer la vision de las Casas envers les amérindiens. Il est complètement bouleversé par cette prédication et en a gardé la mémoire dans son Histoire des Indes. La tonalité de cette prédication rappelle la virulence de la parole des prophètes bibliques quand ils dénoncent l'injustice et la violence, ou celle des malédictions que Jésus adresse aux scribes et pharisiens selon les évangiles.

Las Casas, car il se rend à Rome où il est nommé prêtre pour ensuite , à son retour en Amérique, être le premier prêtre à célébrer une messe dans le nouveau monde. Il allait trouver de redoutables ennemis dans

les propriétaires d'esclaves. Attaqués par les prêtres qui les accusaient de désoler le Nouveau Monde et de déshonorer la nation espagnole, les colons et les capitaines n'entendaient pas se laisser déposséder et résistaient par tous les moyens aux injonctions des évêques et aux ordonnances royales.  

Les campagnes de Cuba, auxquelles Las Casas prend part en qualité d'aumônier militaire aux côtés du Gouverneur Diego Velásquez, furent pour lui le « coup du ciel» décisif, qui détermina sa  première conversion ,de laquelle on parlera plus tard.

Velasquez lui avait attribué, en reconnaissance de ses services, une riche «répartition » d'Indiens, mais les scrupules que le sermon de Montesinos avait éveillés dans l'âme de Bartolomé augmentent jour par jour.

Il prit donc  la résolution d'abandonner définitivement ses exploitations agricoles qui faisaient appel au travail des Indiens, et de consacrer sa vie entière à la défense de ces malheureux.  Au cours de ces 40 ans plus de douze millions d'âmes, hommes, femmes et enfants sont morts injustement à cause de la tyrannie et  des œuvres infernales des chrétiens.  

Las Casas  décide en outre  de convaincre la Cour à fin de  de faire cesser les abus de l'encomienda aux Indes et de condamner les guerres de conquête. Il essaye de gagner le nouveau roi Charles 1er,fils de Ferdinand II  d’Aragon  et  futur Charles Quint. A l'époque Charles I  n'avait que 16 ans, de ce fait Las Casas se retrouve opposé au régent Adrien d’Utrecht qui n’a aucun intérêt pour ce combat. Il décide de lui adresser un mémorandum sur la désastreuse situation des Indies. Adrien communique le mémorandum au cardinal Cisneros, cardinal d’Espagne dont Las Casas gagne aussitôt le soutien et devient le conseiller pour les affaires des indes.

Il est ainsi officiellement  nommé en 1516 procureur et protecteur universel  des Indiens. Cette institution typique et exclusive de la Couronne espagnole avait donc pour mission  la défense des droits des colonies indigènes, de dénoncer devant la Cour tous les excès dont les Indiens pouvaient être victimes de la part des colons et de réclamer les sanctions appropriées.   Il rédige un plan de réformes intitulé, Mémoire des quatorze remèdes, où il prône:

• la fin des encomienda
• la réglementation du travail,
• la fin des travaux forcés,
• l'envoi de fermiers espagnols avec leurs familles pour exploiter en commun des terres avec les Indigènes
• la destitution des administrateurs en place
• de combiner évangélisation et colonisation
• autorisation pour chaque famille de cultivaterus d’emener avec elle un esclave où menage des esclaves noir

Ce à cause de ce dernier point que Las Casas l fut aussi accusé d'avoir demandé et obtenu la mise en esclavage des Noirs à titre de substitution à la liberté des Indiens. Cette requête, dans son esprit, valait exclusivement pour les prisonniers de guerre, dans le combat de l'Espagne contre la Turquie, dans la mesure où celle-ci mettait en esclavage ses propres prisonniers. Lorsqu'il se rendit compte de l'origine africaine, donc vénale, de nombre d'entre eux, il n'eut pas de mots assez forts, dans l'Histoire des Indes, pour la critiquer et exprimer son repentir. Historiquement et géographiquement, cette accusation à l'encontre de Las Casas est un non-sens :introduction forcée des Noirs d'Afrique fut pratiquée dans les zones américaines où la population indienne a été exterminée, comme aux Antilles ; dans toutes celles où Las Casas réussit à promouvoir sa politique pro-indienne, on n'importe pas de Noirs d'Afrique

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