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La Casa De La Fuerza

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Par   •  27 Mars 2013  •  4 962 Mots (20 Pages)  •  968 Vues

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« Dans La Maison de la force, le défi est de me survivre à moi-même, explique Angélica Liddell. Pas de médiation, pas de personnage. Rien que la pornographie de l'âme »

Le 25 mars 2012, 15h l’Odéon une fois de plus ouvre ses portes au public de La casa de la fuerza soit la Maison de la force de l’artiste espagnole Angélica Liddell.

Angélica Liddell est auteur, actrice, metteur en scène. Sa compagnie crée en 1993 se nomme Atra Bilis, ce qui signifie la bille noir. C’est un titre qui correspond bien à son théâtre, à la noirceur, la mélancolie, au profond mal-être exprimé par l’artiste. Elle débarque sur les scènes françaises en 2010. Parmi des centaines d’artistes son nom ressort du festival d’Avignon où elle présente La Casa de la Fuerta ainsi que El año de Ricardo inspiré de Richard III de William Shakespeare. Ses spectacles ne laissent pas indifférents, dans la lignée de ceux de Roméo Castellucci, Rodrigo Garcia... ils agissent comme des éléctrochocs et qu’importe le jugement de valeur, la violence du cri émit par l’artiste résonne, chez le spectateur, bien après être sorti du théâtre. Pour cela elle donne beaucoup d’elle même, autant moralement que physiquement, la scarification est un geste redondant à tous ses spectacles. En novembre 2010 elle marque une fois de plus le public français au festival ‘Mettre en scène’ de Renne avec son hommage à la violoncelliste Jacqueline Du Pré. Dans cette performance elle grave autant sa peau que les violoncelles présents sur scène. Cette année deux théâtres parisiens reprennent ses deux spectacles d’Avignon 2010 : Le théâtre du Rond Point (les représentations se sont déroulées en janvier) avec L’année de Richard et l’Odéon La Maison de la force.

La Caza de la fuerza, est le nom d’une salle de sport, nous l’apprenons pendant la pièce. Un lieu chargé de testostérone où se conjugue développement musculaire et défouloir. La force physique l’homme la détient, ses muscles se développeront plus et plus vite que ceux de la femme. La salle de sport est un lieu à forte connotation masculine. Et pourtant l’auteur place sous ce titre un spectacle qui parle des femmes. Des femmes violentées, battues, violées, des femmes qui cherchent déséspérément la douceur de l’amour en ne récoltant que la rigueur d’une gifle. Plus spécifiquement, dans la dernière partie du spectacle, elle parle des milliers de femmes assassinées depuis les années 1993 à Ciudad Juárez, dans le nord du Mexique. C’est un cri de révolte que ce spectacle: «Aimer à ce point pour mourir si seuls ». Cri qui s’exprime avec violence, douceur et poésie.

La représentation dure cinq heures (avec les entractes), ce qui est déja une expérience à vivre pour le public. Rares sont les spectacles aussi longs. La perception du temps n’est pas éprouvée de la même manière par le public lorsque celui ci s’engage pour une heure ou cinq heures d’attention. Il y a chez le spectateur, dans une immersion à longue durée, quelque chose qui relève du défi avec lui même et avec le spectacle qu’il va voir. Au milieu de ces cinq heures, deux entractes. Le geste théâtral se scinde en trois parties. La première et la deuxième partie sont portés par trois comédiennes Lola Jiménez, Angélica Liddell, Getsemani de San Marcos. A la troisième partie trois autres femmes apparaissent sur scène et viennent accompagner les trois premières, elles sont originaires du Mexique, du Chiuahua et s’appellent : Cynthia Aguirre, Perla Bonilla, Maria Sanchez. Les figures masculines sont très fort et très typées, ils y a les machos de l’orchestre Mexicain Solis, l’homme doux à la voix angélique Pau de Nut et le gros dur au coeur tendre Juan Carlos Heredia.

Nous allons voir comment Angellica Liddell, avec son spectacle La maison de la force, travaille sur la jonction entre théâtre et perfomance, où se trouve la performance comment celle-ci s’intergre dans la théâtralité de la scène et réciproquement. Pour cela l’analyse du travail d’Angellica Liddell se fera en trois parties. La première s’intitulera la force des sens, la deuxième la force de les voix et du silence, la troisème la force du dépassement.

I : La force des sens :

Dans le théâtre-performance les sens des spectateurs et ceux des acteurs sont généralement plus stimulés qu’au sein d’une représentation théâtrale. Antonin Artaud dans son livre théorique Le théâtre et son double, un des livres fondateur de la performance, parle d’un genre de spectacle «pénétré de cette idée que la foule pense d’abord avec ses sens» . Il est clair qu’à l’Odéon les spectateurs du poulaillé et ceux de l’orchestre ne vont pas avoir la même expérience sensorielle du spectacle. J’eu la chance d’être placé au troisième rang de l’orchestre, le travail d’Angellica Liddell m’a donc été très bien transmit et mes sens sont restés en éveil pendant les cinq heures de spectacle (particulièrement durant les deux premières parties, dans lesquelles ils étaient plus sollicités).

Une des caractèristiques fondamentale de la performance est l’action réel. Tout ce qui se passe devant une foule, un public, se passe tout de suite et maintenant. Il y a une perpétuelle recherche du présent, du vrai et un rejet de la mimesis. C’est pourquoi le travail performatif se situe plus dans la présentation que dans la représentation. Dans La Casa de la fuerza ce ‘pour de vrai’ existe dès les premières minutes. On voit les comédiennes autour d’une table fumer et boire. La bière coule à flot, on la voit mousser et être bue tout le long de la première partie. Une des bouteilles est avalée d’une seule traite par Angellica Liddell ce qui provoque une réaction de son corps, elle rote. C’est une réaction non contrôlée de sa part, elle l’inscrit dans le ‘ici et maintenant’, peut-être que le lendemain elle ne rotera pas. Le sens du goût est vécu par les comédiennes. Régulièrement elles se donnent à manger l’une l’autre des cuillèrées de Tiramisu. Comme nous l’avons vu au début du séminaire avec le spectacle Catherine d’Antoine Vitez, dans lequel les comédiens partagaient un réel repas autour d’une table, les comédiennes sont prises dans l’action réelle de manger. Il n’y a pas de représentation d’une autre action. Elles mangent, boivent, fument réellement, dans le présent de la scène et des spectateurs. Ce sens du goût entraine avec lui un autre sens chez le spectateur, le sens de l’odorat.

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