Ecrit Professionnel: les usagers

Les usagers

Le centre de soin d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) a pour mission d’aider toute personne confrontée aux problèmes liés à la toxicomanie dans le département de la M* ainsi qu’en milieu carcéral. L’équipe pluridisciplinaire est composée d’une sage-femme, de deux infirmières, d’un éducateur spécialisé et d’un éducateur en milieu carceral, de deux psychologues, de deux médecins, d’une cadre de santé et d’une secrétaire. Ces professionnels travaillent séparément mais passent le relais à leurs collègues en fonction des besoins et des attentes des usagers.

Durant ces premières semaines de stage, j’ai pu accompagner l’éducateur, la sage-femme et un des médecins sur plusieurs journées. J’ai été confrontée à la dureté d’un milieu qui m’était totalement étranger, la toxicomanie. J’ai débarqué au CSAPA avec en tête toutes ces images de film : «  des drogués » en marge de la société, errant dans la rue à la recherche de leur «  dose » etc. Autant dire que j’ai été totalement déstabilisée et choquée de ces aprioris que je portais ! A l’heure actuelle j’ai beaucoup de difficultés à transcrire sur papier ce que j’ai pu observer des usagers tant les milieux concernés, les parcours de vie, les âges etc. diffèrent d’un cas à l’autre.

Les personnes accueillies au CSAPA «  souffrent » effectivement de toxicomanie mais je dirais plus exactement qu’ils souffrent de ce qui en découle. En effet, j’ai remarqué que ces personnes sont comme happées dans une spirale infernale ! Problèmes de santé, problèmes scolaires ou professionnels, financiers, relationnels … La drogue semble toucher chaque point de la vie quotidienne. Pour tenter de décrire la diversité des cas rencontrés, je vais m’appuyer sur le parcours de deux usagers.

S, 27 ans vient au CSAPA chaque semaine. Son parcours dans la drogue est impressionnant ! Après avoir « gouté » au cannabis à 12 ans, il a commencé à sniffer de l’héroïne deux ans après… Il me décrit une lente descente aux enfers. Il a été contraint de quitter le domicile familial lorsque ses parents se sont aperçus qu’il se droguait, à 18 ans. A la rue, il a cessé de travailler, sa consommation d’héroïne a augmenté, du «  sniff », il est passé au « fix » (injection à l’aide d’une seringue). Il me dit qu’il était prêt à tout pour trouver quelque chose, je ne pose aucune question sur ce « tout »… Après plusieurs années dans la rue, S a repris contact avec ses parents qui ont bien voulu l’accueillir à condition qu’il se « soigne ». Des analyses sanguines ont révélé qu’il était porteur d’une hépatite B. Il s’est alors adressé au CSAPA. Actuellement, il vient d’accéder à un logement thérapeutique dans un foyer et met en place certaines démarches avec l’éducateur pour entrer en cure de sevrage.

M, 35 ans est marié, il a deux enfants. Il prend de l’héroïne depuis la mort de sa sœur, il y a deux ans. Il explique que son entourage ignore sa situation et qu’il vient au CSAPA pour parler. Au début de l’entretien, il déclare que tout va bien et qu’il ne se sent pas dépendant. Puis, au fil de la conversation, il explique que cela fait plusieurs jours qu’il n’arrive pas à se lever pour aller travailler (il est maçon),

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