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Le développement Durable

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Par   •  24 Février 2014  •  2 903 Mots (12 Pages)  •  737 Vues

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Le développement durable et la notion de développement

La multiplicité des définitions qui ont été proposées pour préciser la notion de développement durable constitue un obstacle plutôt qu’un instrument de clarification lorsque l’on tente présentation synthétique de cette question [1]. Pour aller rapidement à ce qui paraît l’essentiel, on se bornera à évoquer ici la définition la plus souvent citée, celle de la commission Brundtland [2], qui a marqué le véritable démarrage du débat public international sur la développement durable: celui-ci y est défini, on le sait, comme “un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs”.

Mais il est probablement vain de s’interroger sur les exigences, les contraintes et les possibilités de la durabilité du développement, si l’on ne précise pas au préalable le contenu - et les ambiguïtés - de la notion de développement elle- même et de ses traductions actuelles, le plus souvent considérées comme si elles allaient de soi, comme si ces traductions devaient être identiques partout, et comme si elles n’exigeaient pas des choix collectifs qu’il importe de préciser. Plutôt que de rechercher, encore une fois, la définition la plus satisfaisante du “développement” en général, parmi toutes celles qui ont pu être proposées depuis que le terme a été largement diffusé sur la scène internationale – soit, approximativement, depuis la fin de la seconde guerre mondiale-, on se borne ici à rappeler un certain nombre de repères indispensables à la discussion. Les principaux paraissent être les suivants :

Dans son acception la plus générale, le terme de “développement” peut être considéré comme un synonyme de celui, en usage depuis les Lumières, de “progrès social” (ou “sociétal”), au sens où “la société de demain peut être meilleure que celle d’aujourd’hui”, soulignant ainsi que cette amélioration dépend du choix des individus et des collectivités plutôt que d’un décret divin

ou d’une fatalité obscure. Mais parler de “société meilleure” confère évidemment au concept une multiplicité de dimensions, ainsi qu’une nature normative dont il faut préciser les critères et les choix.

La multiplicité des dimensions du progrès possible de la société évoque les questions du niveau de vie matériel et de son économie, celles de l’équilibre et de la convivialité entre les individus et les groupes sociaux qui constituent cette société, celle de sa sécurité et de ses rapports avec l’extérieur, celle de ses rapports avec son environnement naturel, celle de son organisation politique, etc. Ces dimensions sont toujours présentes dans n’importe quelle société, mais l’importance relative de chacune de ces dimensions varie avec le contexte spatial et temporel. En toute hypothèse, la notion de développement ne se limite pas aux seules dimensions matérielles du progrès social : elle met en question les systèmes de valeurs, la diversité des finalités de l’homme et de l’espèce humaine, ainsi que les modalités multiples de leur épanouissement. Elle comporte ainsi, par définition, une dimension philosophique, éthique et politique qu’il n’est pas possible d’éliminer, sauf à admettre une conception du développement réduite à l’économisme et à la technocratie [3].

D’où l’importance de la prise en considération du contexte historique, géographique et social spécifique dans lequel on situe la réflexion sur le développement et ses essais de mise en oeuvre. Depuis la révolution industrielle, et plus encore depuis les dernières décennies, notre époque accorde une importance prédominante aux composantes économiques de ce développement : cette dimension s’est trouvée considérablement renforcée par l’expansion mondiale du système économique né en Occident et par la globalisation de ce système qui en résulte, au point que l’on peut considérer que le “modèle de développement dominant” dans le monde d’aujourd’hui est essentiellement centré sur des préoccupations de nature économique et technique. Dans ce sens, les préoccupations de “développement” (et bien sûr celles de “développement durable”) ne concernent pas les seuls pays pauvres cherchant à rattraper les pays plus avancés en richesse, elles s’adressent à l’ensemble des pays et des collectivités de notre planète. Mais elles comportent aussi un risque de confusion entre le progrès social au sens le plus large, et l’exigence d’expansion du système économique lui-même issu de ce modèle dominant, avec les préoccupations d’accumulation du profit qui en constituent le moteur principal [4].

Cependant la mondialisation (ou la globalisation) tendancielle de ce modèle de développement dominant, avec les pressions uniformisantes qui en résultent et qui s’exercent sur tous les pays et sur la majorité des acteurs en présence, ne supprime pas l’hétérogénéité fondamentale des contextes géographiques et sociaux auxquels ce mode de développement s’applique. Cette hétérogénéité est d’abord un fait. Mais elle constitue aussi un droit, dont il faut assurer la mise en œuvre : d’où la nécessité des choix en matière de



développement. Ni le “développement” en général, ni a fortiori le “développement durable” ne peuvent faire l’objet d’une recette homogène et standardisée à travers le monde : parce que les contextes sont profondément différents, certes, mais aussi parce qu’il n’est pas légitime de supposer que les aspirations des sociétés sont identiques partout et qu’elles ont obligés de suivre un itinéraire identique de progrès. On peut déduire de ce qui précède que les critères de ces choix sont techniques et économiques, mais qu’ils sont aussi politiques, puisqu’ils concernent les finalités considérées comme prioritaires par chaque collectivité pour son progrès.

Le caractère politique de ces choix de développement s’accentue encore si l’on prend conscience du caractère inévitablement conflictuel de la mise en présence, puis de la mise en œuvre, des prétentions contradictoires au progrès des groupes sociaux et des collectivités nationales ou régionales au sein du système mondial, et donc de leurs revendications concernant la répartition des avantages et des coûts du type de développement recherché. Ce caractère conflictuel plaide encore une fois pour la nécessité d’un débat politique sur le développement et sur le développement durable ; mais cette exigence n’est guère reconnue dans l‘organisation présente du système

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