Camille Peugny, Un quart de siècle d’analyse des inégalités
Fiche de lecture : Camille Peugny, Un quart de siècle d’analyse des inégalités. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mrllttt • 30 Octobre 2024 • Fiche de lecture • 1 543 Mots (7 Pages) • 10 Vues
Morel Léa
Fiche de lecture : Camille Peugny
Génération, jeunesses et classes sociales - Un quart de siècle d’analyse des inégalités
Camille Peugny, éminent sociologue français né en 1981, occupe le poste de professeur de sociologie et de chercheur au sein du laboratoire Professions, institutions, temporalité à l’Université Paris-Saclay. Au cours de sa carrière, il s'est distingué par ses recherches approfondies axées sur la mobilité sociale, la stratification, les inégalités ainsi que la jeunesse. Il s’inscrit dans le courant de la sociologie contemporaine. Parmi ses œuvres majeures on compte : Le destin au berceau. Inégalités et reproduction sociale (2013), Pour une politique de la jeunesse (2022) ou encore Le déclassement (2009)
Sorti en 2020, l’article “Génération, jeunesses et classes sociales - Un quart de siècle d’analyse des inégalités”, du sociologue Camille Peugny, vise à étudier les inégalités entre générations. L’article appartient à la revue Agora débats / Jeunesse, éditée par la presse de Science Po. Au sein de cet article il est question d'explorer l'évolution des questions relatives à la jeunesse et aux générations au cours des vingt-cinq dernières années, en utilisant les outils des sciences sociales et en se concentrant sur l'évolution des inégalités. L'approche de Camille Peugny se distingue par sa prise en compte des divers aspects de la jeunesse, allant au-delà du simple clivage intergénérationnel. Il soutient que la jeunesse ne devrait pas être perçue comme un groupe homogène.
Il s'agit ici de comparer la situation des jeunes nés dans les années 1990 à celle des premiers membres du baby boom lorsqu'ils avaient le même âge, ces derniers étant nés juste après la Seconde Guerre mondiale. La problématique du texte est la suivante : Bien que la jeunesse soit sujette aux mêmes clivages que d'autres groupes d'âge, quelle spécificité conserve-t-elle?
Le sociologue adopte une méthode qui repose sur l'exploitation secondaire des données des enquêtes de la statistique publique (Insee). Cette approche lui permet d'identifier des effets de génération au-delà des influences de l'âge et de la période. En outre, il intègre des éléments ethnographiques et s'appuie sur les travaux tant des économistes que des sociologues, combinant des analyses quantitatives et qualitatives.
L'article est réparti en 3 parties différentes. La première Une génération « sacrifiée » ? La montée du thème des inégalités entre générations. La seconde nommée Prendre la mesure des inégalités intra générationnelles : des générations fracturées par les classes sociales et la dernière partie intitulée Un âge de la vie modelée par des politiques publiques lourdes de conséquences sur les inégalités.
Une génération « sacrifiée » ? La montée du thème des inégalités entre générations
Au sein de cette première partie l’auteur aborde les inégalités générationnelles sous différents angles. En se focalisant sur les cohortes nées dans les années 1960, qui font face à des défis distincts, par rapport à celles nées après la Seconde Guerre mondiale. Tels que le déclin économique, la diminution de la mobilité sociale, et l'exclusion symbolique et politique, une exploration approfondie des inégalités générationnelles. L’auteur reprend une théorie de Louis Chauvel : “L’analyse systématique du « destin »” (page 4). Cette situation remet en question la notion de progrès générationnel en fonction de la génération précédente.
Puis l’auteur élargit la perspective en considérant les implications politiques de ces inégalités, soulignant les préoccupations quant à la concentration du pouvoir entre les mains des générations plus anciennes. Il reprend l'analyse de Karl Mannheim qui souligne une triple dynamique dans les inégalités entre générations, impliquant le déclin économique des jeunes, la diminution de la mobilité sociale, et l'exclusion symbolique et politique des nouvelles générations. Les débats sur la visibilité politique des jeunes et “l'effet cicatrice" de Louis Chauvel interrogent la capacité des générations nées dans les années 1960 à surmonter les inégalités tout au long de leur vie.
Camille Peugny met en relief l'importance de prendre en compte les inégalités intra-générationnelles, en particulier celles liées à l'origine sociale, pour une compréhension plus nuancée des disparités entre les générations. L’auteur compare les travaux français à ceux des Etats Unis et mentionne un “ oubli ” de certaines inégalités et en particulier celle de l’origine sociale, pour une vision qui englobe des dynamiques complexes et des enjeux multiples entourant les inégalités générationnelles.
Prendre la mesure des inégalités intra générationnelles : des générations fracturées par les classes sociales
Dans la seconde partie la question se pose de savoir si la génération plus ancienne reste une base de comparaison pertinente à mesure qu'elles s'éloignent dans le temps. Depuis les années 1980, les conditions pour les générations suivantes se sont dégradées de manière structurelle, en particulier en termes d'emploi des jeunes, avec un taux de chômage élevé persistant.
Les ressources économiques et culturelles héritées des générations précédentes restent cruciales dans ce contexte, créant des clivages significatifs, notamment entre les diplômés et les autres. Le texte souligne l'importance de rompre avec une vision homogène de la jeunesse, mettant en lumière la différenciation sociale au sein de cette catégorie d'âge.
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