La République et les évolutions de la société française
Analyse sectorielle : La République et les évolutions de la société française. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar camille8607 • 8 Octobre 2014 • Analyse sectorielle • 3 597 Mots (15 Pages) • 709 Vues
La République et les évolutions de la société française
Les gouvernements successifs de la République ont dû s'adapter aux mutations et aux évolutions de la société française. Ces dernières ont été nombreuses, mais trois grands thèmes ressortent. Le premier est celui de l'attitude des gouvernements face aux revendications sociales et à la demande de salariés de plus en plus nombreux qui réclament des droits. Dans ce domaine, l'expérience du gouvernement de Front Populaire et des lois de 1936 reste un symbole fort du souci de l'amélioration du sort des salariés. Le deuxième domaine marquant est celui du choix par les gouvernements républicains de faire de la France un État laïc, ce qui a impliqué de nouvelles relations entre les religions et l'État. Enfin, la troisième grande évolution sociale qui a entraîné des mesures législatives est l'émancipation progressive des femmes au sein d'une société française traditionnellement patriarcale.
1. La République et la question ouvrière : le Front populaire
La victoire électorale du Front populaire : une réponse à la crise
• En 1934, une triple crise secoue la France. Tout d'abord, les contrecoups du krach de 1929, qui touchent la France depuis trois ans, provoquent une crise économique. Or, pour tenter de pallier la chute de la production et des exportations, les gouvernements ont pratiqué une politique de déflation , c'est-à-dire une diminution des dépenses publiques pour faire chuter les prix. Cette politique n'a pas les effets escomptés : les salaires et le pouvoir d'achat des ouvriers et des classes moyennes baissent, tandis que le chômage reste fort (plus de 400 000 chômeurs). Le mécontentement monte contre la politique d'austérité du gouvernement (grèves des arsenaux de Brest en 1935).
Deux crises politiques surgissent ensuite avec la division de la gauche et, dans un contexte de mécontentement social, la montée en puissance des ligues d'extrême droite nationalistes, antiparlementaristes, souvent antisémites et pour certaines inspirées par la montée du fascisme en Europe. Le 6 février 1934, les ligues (et les associations d'anciens combattants épaulées par des députés de droite parisiens) provoquent une énorme émeute à Paris et se lancent à l'assaut du Palais Bourbon afin de pousser le gouvernement Daladier à la démission.
• C'est un échec, mais cet évènement provoque un électrochoc dans la gauche française. Jusque là, le Parti Communiste Français (PCF), partisan acharné de la lutte des classes et de la révolution, s'était toujours refusé à tout compromis, comme une participation au gouvernement. Il critiquait de plus les socialistes et considérait le problème de la montée du fascisme comme secondaire. Mais son leader (Maurice Thorez) va radicalement changer de ligne de conduite devant le succès des ligues. De plus, l'Internationale communiste considère désormais la menace fasciste comme un problème prioritaire. Les partis, syndicats et associations de gauche et d'extrême gauche s'unissent donc et forment en 1935 une coalition : le Front populaire. Ils organisent le 14 juillet 1935 de grandes manifestations antifascistes.
• Pour gagner les élections, il faut cependant un programme politique. Après de nombreuses discussions, les membres de la coalition décident d'adopter un programme assez modéré (le projet socialiste de nationalisation n'est pas retenu) pour ne pas effrayer les classes moyennes et éviter de les rendre sensibles au discours populiste des ligues. Le slogan sera « le pain, la paix, la liberté » : un projet résolument républicain, qui prend en compte les revendications économiques des Français et leur refus d'un nouveau conflit. Une forte intervention de l'État est revendiquée pour relancer la consommation et rompre avec la politique d'austérité.
Ce programme est un succès, le Front populaire remporte largement les élections de 1936 et obtient la majorité des sièges de députés à la chambre. La Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO : ancêtre des socialistes) est le plus gros groupe parlementaire, et son leader, Léon Blum, devient président du Conseil (l'équivalent du Premier ministre aujourd'hui). Il forme un gouvernement avec les radicaux, mais les communistes refusent d'y participer (cela fait partie de leur idéologie). Le PCF soutient cependant le gouvernement de Front populaire.
Des réformes sociales importantes et ambitieuses…
• Léon Blum défend une politique sociale mais ne remet pas en cause le capitalisme libéral, car il considère que les partis d'extrême gauche révolutionnaire n'ayant pas eu la majorité des suffrages, ce n'est pas ce que demandent les Français. Il veut prendre du temps pour mettre en place ses réformes, mais dès son arrivée au pouvoir, la France est paralysée par une très importante grève générale qui touche tous les secteurs de l'économie et mobilise plus de 2,5 millions de grévistes, qui n'hésitent pas à occuper leurs lieux de travail (une nouveauté). L'espoir provoqué par l'élection du Front populaire est à l'origine de ces mouvements sociaux. Le gouvernement n'a pas le choix : il convoque dans l'urgence les partenaires sociaux qui le pressent d'agir (patronat et syndicats).
Le 7 juin 1936, les accords Matignon sont ainsi signés entre la Confédération générale du travail (CGT) et le patronat, sous l'arbitrage du gouvernement. Ils prévoient une augmentation des salaires (de 12 % en moyenne), la signature de conventions collectives, la reconnaissance du droit syndical dans les entreprises et l'élection de délégués du personnel. En contrepartie, les grèves et occupations d'entreprises doivent cesser.
• D'autres mesures sociales importantes seront mises en place pour améliorer les conditions de vie des Français. La plus emblématique est certainement l'octroi de deux semaines de congés payés aux salariés, mais aussi la limitation à 40h du temps de travail hebdomadaire. Ces mesures, qui visent à accorder aux salariés des loisirs et à lutter contre le chômage (limiter le temps de travail oblige les entreprises à embaucher), sont complétées par la création des auberges de jeunesse, de billets de train à tarif réduit, et par toute une politique en faveur de la démocratisation de la culture. L'âge de la scolarité obligatoire passe de 13 à 14 ans.
• Sur le plan économique, le gouvernement Blum crée un Office des blés (pour garantir
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