Intervention sociale d’intérêt collectif

Dans le cadre de ma deuxième année de formation au métier d’Assistante de Service Social (ASS), j’ai réalisé mon stage à responsabilités du 14/05/2018 au 11/01/2019. Dans ce cadre, je me suis initiée à la conduite d’une Intervention Sociale d’Intérêt Collectif (ISIC).

1. Le contexte d’intervention

L’association dans laquelle j’ai réalisé mon stage, régie par la loi du 1er juillet 1901^[1], est basée sur le « militantisme » de familles de personnes en situation de handicap. L’association assure, aujourd’hui, la gestion d’Établissements et Services Médico-Sociaux (ESMS) accueillant, au total, environ 1700 enfants et adultes en situation de handicap. Parmi ces établissements, nous retrouvons des Instituts Médico-Éducatifs (IME), des Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT), des Services d’Accompagnement à la Vie Sociale (SAVS), etc.

1. Présentation de la structure

J’ai réalisé mon stage de deuxième année de formation au sein d’un IME^[2] de l’association. La gestion de cet IME est assurée par un directeur et comprend une équipe pluridisciplinaire composée d’éducateurs spécialisés, de moniteurs éducateurs, d’éducateurs technique spécialisés, d’une infirmière, de deux psychologues et d’une ASS. Deux enseignantes de l’Éducation Nationale interviennent au sein de l’établissement afin d’assurer la scolarité des jeunes. L’IME est autorisé, grâce à son agrément délivré par l’Agence Régionale de Santé (ARS), à accueillir 60 enfants, adolescents et jeunes adultes de 6 à 20 ans qui présentent une déficience intellectuelle avec ou sans troubles associés. Ces jeunes accueillis disposent d’une orientation en IME délivrée par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MPDH) de leur département de résidence. L’IME est composé de 3 secteurs : la Section Éducative et d’Enseignement Spécialisée pour les 6 à 12 ans, la Pré-Section d’Initiation aux Premières Formations Professionnelles (Pré-SIPFP) pour les 12 à 16 ans et la Section d’Initiation aux Premières Formations Professionnelles (SIPFP) pour les 16 à 20 ans. Les jeunes participent à des ateliers d’apprentissage, d’autonomisation et de professionnalisation adaptés à leurs besoins, demandes et évolutions (préalablement fixés lors de leur projet personnalisé et du projet d’établissement).

1. Le rôle et les missions de l’ASS à l’IME

L’ASS est sous la responsabilité hiérarchique du cadre socio-éducatif, lui-même sous l’autorité du directeur de l’établissement.

Les missions principales de l’ASS sont l’accompagnement social, l’orientation et le soutien du jeune et de sa famille tout au long de son parcours à l’IME. Ces missions se concrétisent par l’accompagnement dans les démarches administratives (MDPH, Caisse d’Allocations Familiales, constitution de dossier de demande de mesure de protection, etc.) ainsi que sa participation au projet personnalisé du jeune (réflexion et accompagnement au projet professionnel, insertion sociale, etc.). Elle est également chargée de la rédaction d’informations préoccupantes en lien avec l’équipe et la transmission aux services de la protection de l’enfance.

L’ASS est l’interface entre l’IME et ses différents partenaires : MDPH, services sociaux du département (ASS en polyvalence, éducateurs d’aide éducative à domicile, référents de l’aide sociale à l’enfance) ainsi que la famille du jeune. Parallèlement, l’ASS est chargée de la gestion de la liste d’attente de l’établissement. Elle reçoit les demandes d’admission, organise des rencontres de préadmission, les commissions d’admission et l’arrivée du jeune (le cas échéant).

1. Phase de problématisation

Lors de mon arrivée en stage, j’ai fait le choix de concevoir un projet d’ISIC avec l’accord de mon formateur-terrain. Après des échanges avec ce dernier, nous avons convenu que les jeunes fréquentant la SIPFP représentent une population qui pourrait être réceptive à la mise en place d’une ISIC. C’est alors que j’ai réalisé plusieurs jours d’immersion avec les jeunes du secteur SIPFP (âgés de 16 à 20 ans) afin de faire émerger d’une part, mes propres constats tirés de mes observations et d’autre part, de faire émerger les besoins et/ou demandes de ces jeunes.

1. Observations

Lors de mes temps d’immersion, j’ai participé à différents ateliers de professionnalisation avec les jeunes, à savoir les ateliers blanchisserie et restauration.

En blanchisserie, les professionnels de l’IME qui le souhaitent apportent leur linge personnel afin que les jeunes s’entrainent au repassage. Ils sont chargés de la facturation de leurs prestations qu’ils doivent calculer en fonction du nombre de vêtements à repasser. C’est alors que j’ai pu observer les difficultés éprouvées par la majorité des jeunes de l’atelier à faire le rapport entre le nombre de vêtements et le prix à facturer.

En atelier restauration, les jeunes réalisent des plats cuisinés à destination des professionnels qui le souhaitent. À l’issue de la réalisation des plats, les jeunes préparent les factures qui fonctionnent par part (exemple : 1 part = 5€). De nouveau les mêmes constats, les jeunes sont en difficulté pour faire le lien entre le nombre de part et le prix à facturer.

J’ai également pu observer, au moment où les jeunes apportent les factures aux professionnels concernés, que certains préfèrent ne pas manipuler l’argent et que celui-ci soit remis directement au moniteur d’atelier. 

1. Constats

Lors de temps informels (pauses, repas du midi), j’ai échangé avec les jeunes afin de leur faire part de mes observations. Ils me confirment rencontrer des difficultés avec « les billets et les pièces ». Dans la vie quotidienne, ils me confient qu’il est difficile de faire le lien entre le prix demandé pour acheter un article et l’argent qu’ils doivent donner. Grâce à leurs expériences qu’ils ont accepté de partager avec moi, je me suis rendu compte que leurs connaissances concernant la monnaie sont limitées voire inexactes. Par exemple, certains doutent de pouvoir acheter un article qui coûte 1€ avec un billet de 5€. Au fur et à mesure de nos échanges, ils m’expliquent éprouver des craintes quant à leur futur : « je ne saurais pas gérer mon argent le jour où je travaillerais en ESAT et que j’aurais une paie ».  

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