Argumentaire : Alain Garrigou, Histoire sociale du suffrage universel en France
Dissertation : Argumentaire : Alain Garrigou, Histoire sociale du suffrage universel en France. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Robert Langdon • 2 Octobre 2015 • Dissertation • 1 035 Mots (5 Pages) • 3 437 Vues
Argumentaire : GARRIGOU, Alain. Histoire sociale du suffrage universel en France : 1848-2000. « Introduction : comment devient-on électeur ? Paris, Le Seuil, 2002, 366 pages.
Alain Garrigou, né le 10 juin 1949, est un chercheur français, agrégé d’histoire et de science politique. Il enseigne cette discipline à l’université de Paris-Ouest Nanterre La Défense et collabore régulièrement avec le mensuel « Le Monde diplomatique ». Ses travaux sur la sociologie historique s’inspirent beaucoup de ceux de Norbert Elias. Dans l’introduction de son essai « Histoire sociale du suffrage universel en France : 1848-2000 » intitulée « Comment devient-on électeur ? » il traite du suffrage universel, base nécessaire mais non suffisante de la démocratie, et de son évolution à travers le temps. Il développe une approche compréhensive en analysant le fondement sociologique du droit de vote et la manière dont les individus le perçoivent et l’utilisent. Par quel processus, le simple citoyen est-il devenu électeur ?
C’est à cette question que s’attèle à répondre Alain Garrigou en développant deux idées : le suffrage universel s’est décrété en un jour mais a mis plusieurs années à se constituer solidement ; il est l’enjeu de beaucoup de luttes et n’est pas si universel (en tout cas en 1848) qu’on le pensait.
- L’instauration du suffrage universel : la démocratisation de la démocratie :
- Histoire démocratique :
Établi dans les premiers jours de la IIème république par le décret du 5 mars 1848, rédigé par Louis de Cormenin, le suffrage universel en France est une grande avancée. Auparavant, c’était le suffrage masculin censitaire qui était en vigueur, excluant de facto une large majorité de la population française. Le suffrage universel une condition nécessaire à l’établissement de la démocratie puisqu’il renvoie les électeurs et les élus à leurs responsabilités et créé une relation d’interdépendance entre eux : les électeurs ont besoin d’exprimer leurs opinion via ce suffrage et les représentants en tirent leur propre légitimité. C’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.
De plus, le suffrage universel place tous les citoyens sur le même pied d’égalité. Une personne a le droit à une voix, qu’elle soit riche ou pauvre, bien née ou issue des classes défavorisée. Cela tend à effacer les inégalités et participe à la diffusion de la démocratie dans toutes les couches de la société.
Enfin, Garrigou rappelle que le processus d’enracinement de la culture du suffrage universel ne s’est pas fait sans maints retours en arrière. Il rappelle, par exemple la limitation du corps électoral en mai 1850 qui durcit les conditions de domiciliation pour voter.
- Un travail de pédagogie :
En 1848, la population française était à majorité analphabète et complètement ignorante du droit de vote. En conséquence, il a fallu propager les idéaux de la démocratie et les expliquer au peuple. Le vote est encore un événement collectif, surtout dans les villages et les petites communautés où tout le monde se connaît. Les gens s’en vont au bureau de vote en marchant et en formant un long cortège, souvent guidé par le notable du local, candidat à l’élection et qui fait un discours à mi-chemin pour leur rappeler leur devoir de citoyen. Des manuels de droits civiques et de catéchisme électoral commencent à être diffusés, expliquant aux citoyens qu’il est de leur devoir de voter et de le faire sans tenir compte des pressions locales et des pratiques clientélistes. Le vote devient un acte moral, « un devoir absolu pour tout citoyen », et l’abstention est condamnée.
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