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Faut-il Avoir Peur De La Science?

Note de Recherches : Faut-il Avoir Peur De La Science?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  8 Avril 2015  •  780 Mots (4 Pages)  •  1 372 Vues

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La science a perdu son innocence. La défiance à l'égard des recherches nouvelles et de leurs retombées s'est amplifiée ces dernières années avec l'apparition des organismes génétiquement modifiés (OGM) et les premières tentatives de clonage. Et les craintes sont fortes, comme le montre le sondage Ipsos-Amgen sur «Les Français et la biotechnologie» : l'introduction de gènes dans un être vivant ou une cellule afin de produire des médicaments ou des vaccins est dangereuse pour 74% des personnes interrogées; cette manipulation est moralement et éthiquement condamnable pour 44% d'entre elles.

Les premiers signes du désenchantement sont apparus après le désastre d'Hiroshima et de Nagasaki. «La science a connu le péché», dira plus tard le physicien Robert Oppenheimer, père de la première bombe atomique. Mais les années bénies des Trente Glorieuses ont entretenu l'illusion du progrès perpétuel. Le mythe s'est définitivement effondré après une série de catastrophes industrielles: le nuage toxique de Seveso, le naufrage du pétrolier Amoco Cadiz, l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl... «La prise de conscience des dommages qu'entraîne le processus de croissance a pour corollaire la mise en question non seulement de la technologie, mais encore la science elle-même», explique Jean-Jacques Salomon, auteur de Survivre à la science (Albin Michel) et de Le Scientifique et le guerrier (Belin).

Sont-ils capables de se fixer eux-mêmes des limites? Jean-Jacques Salomon en doute: «Techniciens parmi d'autres, la plupart des scientifiques sont des exécutants d'une science sans âme ni conscience.» Sans être aussi pessimiste que lui, il faut reconnaître l'impérieuse nécessité de garde-fous. Dans ce but, la France a adopté, en 1984, une loi sur la bio-éthique. Mais Claudie Haigneré, ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies, le souligne: «L'accélération des découvertes fait qu'il n'y a pas de réponse scientifique arrêtée une fois pour toutes: il s'agit de proposer des guides, des repères, des critères maximum d'exigence» (lire l'entretien avec Claudie Haigneré). Le principe de précaution est un de ces jalons: en son nom, des mesures peuvent être prises afin de prévenir les risques potentiels d'une nouvelle technologie.

Aujourd'hui, la frontière entre recherche fondamentale et recherche appliquée n'existe plus. Le processus est continu. «Le chercheur est passé de l'état de découvreur à celui de créateur», précise Edgardo D. Carosella, directeur de recherche au CEA et chef de service à l'hôpital Saint-Louis (Paris). Ce qui, dans les sciences de la vie, ouvre la voie à des ruptures radicales: le bouleversement de la nature, l'hybridation des espèces... Certes, les scientifiques se défendent de jouer les apprentis sorciers: s'ils créent des souris ou des lapins transgéniques, c'est pour mieux comprendre les mécanismes d'une maladie ou tester de nouveaux médicaments. Une certitude demeure: les chercheurs ont acquis un nouveau pouvoir.

Afin de gérer ces problèmes au jour le jour, chaque organisme de recherche s'est doté d'un comité d'éthique. Pour Edgardo D. Carosella, ces dispositifs restent insuffisants. «Les comités ne sont qu'un

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