LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Les Musées Des Sciences Et Des Techniques En Transition

Mémoires Gratuits : Les Musées Des Sciences Et Des Techniques En Transition. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Juin 2013  •  3 712 Mots (15 Pages)  •  926 Vues

Page 1 sur 15

Les musées des sciences et des techniques en transition

Par Girolamo RAMUNNI, CNAM, Musée des arts et métiers

Les universités et les centres de recherche possèdent un patrimoine matériel important et varié en

rapport avec les champs d’investigation développés1. Quand instruments et machines de laboratoire

deviennent obsolètes, que faire de ces objets qui encombrent les laboratoires alors que la place devient

une « denrée rare » ? Pour les universités les plus anciennes, ce fonds d’objets nouveaux s’ajoute à la

gestion et à la valorisation d’un patrimoine qui peut remonter fort loin dans le passé, mais qui s’arrête

souvent à des époques anciennes. La sauvegarde du patrimoine contemporain pourrait alors devenir

une occasion de leur donner un ancrage dans le présent et de repenser leur valorisation, de les mettre

en perspective avec la science et la technique contemporaines. Une remarque : cette situation n’est pas

uniquement le cas des universités françaises, mais d’un nombre important d’universités européennes.

L’accélération que l’on constate dans l’acquisition de nouvelles connaissances scientifiques a comme

contrepartie l’obsolescence, elle aussi rapide, des équipements de recherche. L’urgence de faire place

aux nouveaux instruments, aux nouvelles machines, va de pair avec l’idée que l’ancien appareillage

n’a plus d’intérêt pour la recherche en cours. La tendance est à se débarrasser alors de ces témoins

d’un passé récent. La benne devient la solution de facilité. La familiarité avec certains objets, acquise

par la pratique quotidienne du travail d’investigation, rend leur valeur toute relative, alors que l’on est

prêt à reconnaître à des instruments anciens une importance bien autre. Ce serait alors la distance dans

le temps entre leur usage normal et leur « redécouverte » comme objets ayant une valeur

muséographique qui ferait le prix qu’on leur attache. En d’autres termes, il suffirait d’attendre pour

mieux saisir la valeur de certains objets. Ce qui conduirait à justifier l’action de sauvegarde par

l’étonnement que ces objets pourraient provoquer auprès des générations à venir. Leur sauvegarde

serait alors un simple devoir de mémoire, de collecte de témoignages pour étudiants et chercheurs

futurs, curieux de prendre la mesure de la distance qui les sépare des aînés. Ce qui est un argument qui

a une certaine valeur sans doute. Mais peut-il remporter la conviction des sceptiques ou sans opinion,

plus enclins à se débarrasser d’objets dont ils voient mal leur re-emploi ? Ne faudrait-il pas les

valoriser aujourd’hui ?

La réponse qui peut emporter l’adhésion est de replacer cette action de sauvegarde dans les missions

d’enseignement et de recherche des universités. Il s’agit donc de raisonner en fonction du

développement d’une culture scientifique et technique qui, partant du local, du patrimoine dont

disposent les établissements de recherche et d’enseignement, s’ouvrirait à une problématique bien plus

vaste. En d’autres termes, il s’agit de faire du patrimoine le support et le moyen d’élaboration et de

diffusion de la culture scientifique et technique (CST). Ce qui est une mission des universités. Dit

d’une autre manière, la sauvegarde et la valorisation du patrimoine scientifique et technique

contemporain ne sont pas un « luxe », mais une obligation correspondant aux missions des universités.

C’est l’objectif ambitieux de la sauvegarde : faire place à la mémoire comme élément structurel de la

culture scientifique et technique en constante évolution.

Comment penser cette mission ?

Pour mieux évaluer ce qu’il faut faire, revenons un instant sur des éléments de l’histoire des musées

universitaires. Il est bien connu que le mot musée est ancien et remonte à la période des Ptolémées.

C’est ainsi que l’on appelait le quartier d’Alexandrie où des savants discutaient de questions de

science. D’après l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ce serait à Oxford que l’on aurait construit

1 Par patrimoine, il faut entendre tout ce qui permet de faire de la recherche expérimentale, comme les

instruments de mesure et les machines, mais aussi les outils qui permettent de préparer ou de faire fonctionner ce

qui touche au monde du laboratoire. Il faut aussi comprendre les matériaux objets d’observation, ce qui pose des

problèmes dans le cas de la biologie.

un grand bâtiment, « appelé musée ashmoléen, pour le progrès et la perfection des différentes sciences.

Il fut commencé en 1679 et achevé en 1683. Dans le même temps, Élie Ashmole, écuyer, fit présent à

l'université d'Oxford d'une collection considérable de curiosités qui y furent acceptées, et ensuite

arrangées et mises en ordre par le docteur Plott, qui fut établi premier garde du musée. » C’est à cette

période que se serait opérée la transition entre les cabinets de curiosités et le musée. Or, et cela est un

point

...

Télécharger au format  txt (25.9 Kb)   pdf (218 Kb)   docx (20.6 Kb)  
Voir 14 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com