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Journée départementale des droits de l'enfant, grandir dans un monde numérique

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Par   •  8 Mars 2016  •  Discours  •  3 549 Mots (15 Pages)  •  1 018 Vues

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Journée Départementale des Droits de l'Enfant, Grandir dans un monde numérique.

Cette journée à laquelle je fus convié s'est déroulée le 20 novembre 2014 au Parc d'activités de la trésorerie de Wimille dans le cadre du vingt-cinquième anniversaire de la signature de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, déclinaison spécifique aux enfants des droits de l'Homme tels que prévus par la déclaration universelle des droits de l'Homme. A noter que la prochaine journée de ce type se déroulera en novembre 2015 et restituera l'avancée de projets et les points de vue partagés suite à ce colloque.

Le matin a été consacré à « la rumeur et le numérique » avec la participation de collégiens venant de Boulogne-sur-Mer et de professionnels de l'enseignement. Stéphane Blocqueaux, Docteur et Maître de conférence en Sciences de l'information et de la communication animai la matinée.

Après une introduction fastidieuse car non adaptée à un public composé à plus de 90% de jeunes adolescents, le Président du Département du Pas-de-Calais Michel Dagbert et le Vice-président chargé de l'enfance, de la famille et de la prévention de la délinquance Yvan Druon lancèrent le colloque.

Il fut ensuite rappelé à juste titre que la question du numérique concernant les mineurs est une interpellation que les professionnels doivent avoir pour des raisons éthiques. C'est une question qui relève des Sciences Humaines et qui doit interpeller l'ensemble des corps de métier relatifs à l'éducation et plus généralement à l'enfance. Il faut apprendre à vivre dans un monde numérique.

Suite à cet exorde, Stéphane Blocquaux nous convia à écouter le témoignage de Cindy, maman d'Aurélien, 16 ans, un adolescent ultra connecté, attitude qui a provoqué chez elle un burn-out. « On se coupait de plus en plus d'Aurélien » regretta-t-elle, « dans quel monde vit notre fils » s'interrogea-t-elle, « j'ai pété les plombs jusqu'à finir en maison de repos » finit-elle par avouer lorsqu'un portable se mit à sonner dans la salle... Et la maman de devenir blême, comme paniquée. Le quidam stoppa la sonnerie de son téléphone portable et la maman reprit son développement. C'est alors qu'à nouveau le même téléphone portable sonna. Comme un réflexe instinctif guidé par une exaspération insondable, Cindy se dirigea d'un pas vif vers l'homme impoli, lui arracha violemment le mobile de la main, retrouva rapidement sa place et se mit à hurler l'ensemble de son mécontentement face à cette scène puis projeta violemment le téléphone contre un mur tout en continuant à vociférer laissant la salle perplexe et de marbre. La scène se poursuivit encore quelques minutes jusqu'à ce que les deux protagonistes se présentent comme comédiens de la compagnie de théâtre La Belle Histoire... La surprise fut totale. Et l'effet garanti.

Stéphane Blocquaux, qui intervient énormément dans les collèges, reprit alors la parole afin de nous faire le point sur la différence entre le monde réel et le monde virtuel. Très pédagogue et usant d'un discours accessible aux enfants avec beaucoup de drôlerie et d'intelligence, il sut rappeler aux enfants qu'il connaît très bien les pensées qu'ils peuvent avoir à l'égard de cette conférence. « Ce n'est pas la peine, je sais ce que je fais, je connais très bien » est le discours le plus généralement tenu. Le Maître de conférence saisit une chaise et demanda ce que c'est. « C'est une chaise » crièrent en cœur les enfants. Et lui de reprendre qu'effectivement, « ça en est une puisqu'il est possible de la toucher. A contrario, dans un jeux vidéo, on ne peut, c'est une fausse vie, de l'impalpable sans engagement, c'est donc du virtuel. » Puis le Docteur continua avec l'exemple du vol en expliquant qu'on a tendance à considérer comme du vol le larcin d'un compact disque dans un magasin mais pas comme tel le téléchargement illégal sur internet. Enfin, il conclut sur la virtualité du temps, qu'on ne voit défiler lorsqu'on est accroc aux écrans et notamment au net dont la pathologie se nommait auparavant la cyberdépendance et désormais  le nethaologisme.

Ensuite, un exercice fut proposé aux enfants, celui de répondre par oui ou par non à huit questions qui furent :

  1. Te sens-tu préoccupé par internet (le prochain moment pendant lequel tu vas jouer, tes notifications Facebook...) ?
  2. Éprouves-tu le besoin de naviguer sur le net pendant des périodes de plus en plus longues ?
  3. As-tu tenté à plusieurs reprises et sans succès de limiter, contrôler, arrêter internet ?
  4. Te sens-tu fatigué, épuisé, déprimé lorsque tu tentes de limiter ?
  5. Restes-tu sur internet plus longtemps que prévu ?
  6. As-tu mis en danger ou risques-tu de perdre une relation significative ?
  7. As-tu déjà menti à ta famille, tes amis ou autres afin d'avoir plus de temps pour internet ?
  8. Utilises-tu internet pour t'évader ou échapper à tes problèmes ?

Les enfants ayant au moins trois oui à ces questions furent qualifiés de nethaologistes... Il y en eut beaucoup.

Les symptômes du néthaologisme nous furent ensuite présentés par Stéphane Blocquaux.

  1. Sentiment de bien-être, d'euphorie,
  2. Incapacité à s'arrêter,
  3. Besoin de toujours plus de temps,
  4. Manque de temps pour la famille, les amis,
  5. Sentiment de vide, de déprime, d’irritabilité en cas de privation,
  6. Mensonge sur ses activités à la famille ou aux amis,
  7. Problèmes scolaires.

Suite à cela, le Docteur en Sciences de l'information et de la communication nous fit part d'une expérience qu'il mena auprès de collégiens, celle de leur demander de se priver d'internet pendant un mois. S'en suivirent quatre réactions, tout d'abord la surprise et l'incrédulité, puis la colère et l’agressivité (« ben, viens à la maison, tu verras !»), la négociation lorsque l'enfant se sentit au pied du mur (« tu ne peux pas faire ça ») et enfin ils réalisèrent (« un mois, un mois ! »).

« On ne se rend pas compte qu'on est addict » avouèrent certains...

En vidéo, Clément témoigna :

« Je chatte avec des dizaines de filles. Je regarde ce qu'elle aime, ce qu'elle écoute. Si elle ne me plaît pas, je la bloque, je la supprime. Pourquoi prendre une Clio quand on peut avoir une mustang » conclut l'adolescent avec délicatesse...

Pourquoi se comporte-t-il ainsi ? Derrière l'écran, le garçon d'une extrême timidité choisit les humains. L'autre reste un inconnu au même titre que lui et il doit se vendre.

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