Oumaya HIDRI, « « Le corps de l’emploi » Les étudiants et leurs stratégies d’insertion professionnelle. », Staps 2004/4 (n°66), p.129-141
Fiche de lecture : Oumaya HIDRI, « « Le corps de l’emploi » Les étudiants et leurs stratégies d’insertion professionnelle. », Staps 2004/4 (n°66), p.129-141. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mohamed Ahmaad • 23 Octobre 2018 • Fiche de lecture • 2 281 Mots (10 Pages) • 1 190 Vues
Fiche de lecture
Oumaya HIDRI, « « Le corps de l’emploi » Les étudiants et leurs stratégies d’insertion professionnelle. », Staps 2004/4 (n°66), p.129-141.
Maître de conférences en sociologie, Oumaya HIDRI NEYS réalise le début de son cursus STAPS à la Faculté des Sciences et des Métiers du Sport de Valenciennes. Elle obtient son Doctorat à l’Université de Paris Sud XI avec une thèse portant sur le poids des apparences physiques lors de l’accès au marché du travail des jeunes diplômés de l’enseignement supérieur. Son domaine de recherches porte sur les pratiques physiques et sportives et sur l’emploi et la jeunesse.
Elle est l’auteur de nombreux articles sociologiques tels : « (Trans) former son corps, stratégie d’insertion professionnelle au féminin ? », Formation-emploi, Revue française de Sciences Sociales, 91, 31-44, paru en 2005 ; et « Le chassé-croisé des apparences sexuées : stratégies d’insertion professionnelle des cadres commerciaux », Cahiers du genre, 42, 101-119. (2007).
Introduction :
Ce qui était autrefois réservé exclusivement aux femmes, gagne peu à peu la gent masculine, à savoir l’apparence. Avec des critères d’embauche dans le monde du travail de plus en plus sélectifs, les hommes doivent s’adapter et miser sur le physique afin de mettre toutes les chances de leur côté. La France a pris du retard sur les études et la prise de conscience de la question de l’apparence physique chez les hommes au plan professionnel. C’est pourquoi, cette enquête par questionnaire s’est penchée sur ce sujet dans le but de comprendre « le travail du corps » chez les étudiants.
À travers la musculation, les jeunes étudiants se sont donné le moyen d’accroître les chances d’insertion professionnelle. Le corps devient l’outil ou l’instrument par lequel il compte ajouter à leur connaissance, un capital corporel. Ce phénomène n’a été étudié en France que très peu comme pour les travaux de « Goffman » en 1977 ou plus récemment « Alonzo » en 1996 à l’opposé des femmes. Aux USA, les sociologues se sont investis sur ce sujet depuis les années 1970 s’intéressant ainsi au « lookism », qui est un élément fondamental pour la réussite et l’insertion professionnelle. En France le Code du travail précise « qu’aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement […] en raison […] de son apparence physique ». De nos jours il y a une extension de l’idée d’avoir un corps parfait, véhiculée notamment par les magazines et les publicités. Ce concept s’inscrit de plus en plus dans les mœurs avec le développement d’« un marché corporel masculin » et le « recours à la chirurgie esthétique en pleine croissance ».
Selon Amadieu, « les étudiants ne sont guère convaincus de l’influence de l’apparence sur la décision d’embauche… ». Pourtant, cette tendance s’est inversée après la crise économique ou encore « la démocratisation de l’enseignement supérieur » permettant aux jeunes étudiants de prendre conscience du changement du rôle du diplôme.
C’est dans ce contexte que cet article analyse la politique adoptée par des étudiants qui complètent leur capital scolaire par un atout physique, devenu aujourd’hui indispensable en vue d’une future carrière.
1. Cadre théorique et problématique.
Le fait que les sociologues se soient penché sur ce sujet tout récemment peut être expliqué de deux manières : par le « cadre légal susceptible de pénaliser la discrimination salariale fondée sur l’apparence », mais aussi, par l’inexistante d’un idéal type masculin.
L’idéal masculin a évolué entre les siècles passant au milieu du XVIIIe siècle d’une combinaison d’aspects extérieurs et de qualités intérieures formant une entité homogène, à une figure de la musculature, cliché de la virilité et de la bravoure au milieu du XIXe siècle.
Le sens du mot homme avec un petit « h » détient aujourd’hui une connotation multiforme et tend à se confondre avec des atouts réservés autrefois aux femmes comme le souligne Bruckner.
Cette étude s’est focalisée sur la musculature ou les mensurations telles que la taille ou le poids afin de comprendre comment les étudiants comptent accroître leurs chances d’intégrer au mieux le milieu professionnel.
L’hypothèse d’un possible rôle de la musculation chez les jeunes étudiants dans le cadre de l’insertion professionnelle est à démontrer, afin de comprendre l’apport du profit corporel à celui des connaissances.
2. Méthodologie et types de projets professionnels
Cet article se base sur une enquête par questionnaire dans la ville de Valenciennes, au sein d’une université auprès des étudiants qui sont inscrits au service des sports.
Cent vingt étudiants sont enregistrés à ces cours « dont une quinzaine est très assidue », rendant les réponses traitées fiables. Quatre thèmes y sont abordés par le biais de trente-cinq questions comme « l’opinion sur l’apparence corporelle, le projet professionnel, les pratiques physiques ou sportives, et enfin les propriétés sociales et familiales. » Ces étudiants disposaient « d’une vingtaine de minutes » pour y répondre et un enseignant présent était chargé de récupérer ces informations.
Les sociologues tels que Galland et Oberti indiquent qu’un nombre conséquent d’universitaires « méconnaisse tout de leur avenir professionnel ». Ce point nous pousse tout de même à nous interroger sur l’intérêt porté des étudiants à leur avenir car selon ce questionnaire, 81 % des étudiants interrogés ont exprimé avec exactitude le futur poste qu’ils aspirent à la fin des études.
Parmi les métiers convoités, se trouvent les métiers de l’enseignement retenu seulement par un cinquième de l’échantillon. Ce projet professionnel concerne les élèves provenant de la faculté des lettres, des langues, des sciences humaines ou encore du domaine scientifique et technique. Ils revendiquent un changement de l’enseignement qui serait plus « en lien avec le monde du travail » et « de se faire respecter des élèves et des parents » ainsi qu’une meilleure préparation et formation vu les conditions déplorables des enseignants connues de tous.
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