Les Logiques De L'exclusion

Les logiques de l’exclusion

Norbert ELIAS

Chapitre 2 : les relations de voisinage en gestation

Norbert ELIAS est un sociologue juif d’origine allemande, né en 1897 et mort en 1990. Il est un sociologue atypique, il a commencé par faire des études de médecine, puis de philosophie.

Cet ouvrage, Les logiques de l’exclusion, coécrit avec John L. Scotson qui est un de ses étudiants, est paru en 1965 et porte sur un petit village de 5000 habitants en Angleterre. L’histoire se déroule à la fin des années 50. Ce village a une particularité, il est séparé en 3 zones dans la fondation de Winston Parva :

- La zone 1 : il s’agit du centre du village, la partie ancienne avec des pavillons et des maisons. Des commerçants et des notables y vivent.

- La zone 2 : il s’agit d’une zone ouvrière avec des lotissements et des maisons ouvrières construites dans les années 1880. Cette zone est peuplée par des ouvriers travaillant dans les usines du coin. Ces habitants sont là depuis longtemps, depuis la fin du 19ème siècle, et ont développé une vie communautaire intense notamment avec des pubs, des clubs ou des associations.

- La zone 3 : il s’agit d’une autre zone ouvrière avec des lotissements et des maisons ouvrières construites dans les années 1920. Cette zone est peuplée de personnes qui sont arrivées avant la guerre ou après. Il s’agit de la zone à problème, mal considérée par les autres zones. Même s’ils travaillent dans les mêmes usines, les habitants de la zone 2 se sentent supérieurs aux habitants de la zone 3. Ils ne se fréquentent pas, ne se mélangent pas alors que dans les usines, l’entente est parfaite car dans ces lieux, l’ennemi se trouve en la personne du patron mais pas de l’autre ouvrier.

Winston Parva fut l’œuvre d’un homme entreprenant, Charles Wilson, qui dans les années 1880, créa une société afin de construire des maisons, des usines et des boutiques sur les prairies situées entre le vieux village de Winston Parva d’un côté, et de l’autre une ligne de chemin de fer et un canal.

Charles Winston était un personnage légendaire. Les anciens villageois se souviennent de lui comme d’un homme fière d’avoir créé cette société, fêtard qui donnait de grandes réceptions bruyantes dans sa grande demeure, mais également soucieux de perpétuer son nom après sa disparition et c’est pourquoi il a lui-même choisi le nom des rues pour que leurs initiales forment son nom.

L’histoire du village s’était transmise aux nouveaux arrivants. Ces habitants de la zone 2, zone construite par Charles Winston, ont un fort sentiment d’appartenance.

La zone 2 est la plus vielle zone créée. La zone 1 fut créée dans les années 1920 et 1930 par des petits entrepreneurs du pays. Cette « haute société » est constituée d’individus en profession libérale ou d’hommes d’affaire. Au fil du temps, quelques habitants de la zone 2 ont migré vers la zone 1. Il s’agissait d’ouvrier qualifié aidé ou d’individus enrichis grâce au commerce ou le négoce. La zone 1 est devenue un symbole de la réussite.

La zone 3, quant à elle, fut construite dans les années 1930 par une société privée dans des terrains de moins bonne qualité. Les villageois l’appellent encore le « trou à rat ». Même si de nouvelles maisonnettes à faible loyer

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