Les Chinois à Hollywood : Wanda rachète AMC
Étude de cas : Les Chinois à Hollywood : Wanda rachète AMC. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar famalalala2017 • 14 Octobre 2017 • Étude de cas • 1 934 Mots (8 Pages) • 4 499 Vues
Les Chinois à Hollywood : Wanda rachète AMC
En 2011, les acquisitions d’entreprises américaines par des investisseurs chinois atteignirent leur record historique, à 35 milliards de dollars. Cependant, l’achat d’AMC, la deuxième chaîne de salles de cinéma aux États-Unis par son concurrent chinois Wanda déclencha une véritable onde de choc, en particulier à Hollywood. Cette acquisition donnait naissance à la plus vaste entreprise de cinéma au monde par le chiffre d’affaires et permettait à Wanda de contrôler environ 10 % du marché mondial du cinéma. Il s’agissait de la plus vaste acquisition chinoise aux États-Unis, qui symbolisait une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays : désormais, les investissements chinois atteignaient le cœur de la culture et du divertissement américains. Même si les acquisitions chinoises avaient déjà suscité des controverses, celle-ci constituait un défi à part et un dénouement heureux n’était pas assuré. Selon un analyste, l’opération renforçait très significativement la position globale de Wanda : « Wanda était le premier propriétaire de salles de cinéma sur le deuxième marché du monde. Avec ce rachat, ils deviennent aussi propriétaires de la deuxième chaîne de salles de cinéma sur le premier marché du monde. »
Wanda Cinema Line était le premier opérateur de salles de cinéma en Chine, avec plus de 730 salles dans 86 multiplexes répartis dans tout le pays, qui avaient généré un chiffre d’affaires de 282 millions de dollars en 2011. Son plan prévoyait d’étendre le réseau à 2 000 salles en 2015. Un mois avant le rachat d’AMC, Wang Jianlin, le fondateur et P-DG de Wanda évoqua « une fusion qui étonnera le monde » et lorsque l’acquisition fut officiellement annoncée, il la compara à « une vaste campagne de publicité internationale ». Selon lui, le rachat d’AMC constituait une étape clé, qui ferait de Wanda une entreprise multinationale en moins de dix ans et la transformerait en un groupe qui durerait « un siècle ».
Selon l’accord, Wanda reprenait 100 % du capital d’AMC, récupérait l’intégralité de ses dettes, et prévoyait d’investir 500 millions de dollars dans la rénovation des salles et dans la publicité. AMC était alors la deuxième chaîne de salles de cinéma en Amérique du Nord, qui était le premier marché au monde, avec un chiffre d’affaires supérieur à 10 milliards de dollars. AMC exploitait plus de 5 000 salles dans 346 multiplexes. C’était le premier opérateur mondial des technologies IMAX (120 salles) et 3D (2 170 salles).
Même si l’acquisition était considérable, elle restait modeste par rapport à la taille de l’ensemble du conglomérat immobilier Dalian Wanda, qui avec des actifs de plus de 35 milliards de dollars et 55 000 salariés dégageait un chiffre d’affaires annuel de 17 milliards. Wanda, qui signifiait « un millier de routes mènent ici », comprenait des hôtels cinq-étoiles, des résidences de vacances, des parcs d’attraction et des centres commerciaux. Les complexes Wanda Plaza, qui combinaient des centres commerciaux, des salles de spectacle, des logements et des hôtels, connaissaient un grand succès en Chine : on pouvait les trouver dans plus de 70 villes et une vingtaine d’autres étaient en construction.
Wang Jianlin était l’homme le plus riche de Chine. Il avait rejoint l’armée lorsqu’il était adolescent et y était resté pendant 17 ans. En 1988, il avait fondé Wanda dans la ville portuaire de Dalian, afin de profiter de l’incroyable croissance chinoise en investissant dans l’immobilier. Son passé militaire et ses relations avec des élus locaux lui avaient permis de racheter de vastes terrains commerciaux
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mis en vente par les provinces et les municipalités. Il était devenu célèbre pour accepter de reprendre tous les biens immobiliers que les gouvernements locaux étaient prêts à céder. Wanda était ainsi rapidement devenu la première société immobilière travaillant dans plusieurs villes chinoises.
Une opération hors normes
L’acquisition d’AMC était considérée comme un symbole par l’industrie américaine du divertissement, mais aussi par les analystes et les investisseurs. Comme le soulignait Wang Jianlin : « Cette acquisition va aider Wanda à devenir un véritable exploitant global, avec des salles et des technologies qui enrichissent l’expérience cinématographique du public dans les deux premiers marchés mondiaux du cinéma. »
Il considérait le rachat d’AMC comme un tremplin permettant d’étendre la présence globale de Wanda, avec pour objectif une part de marché mondiale de 20 % en 2020. Il annonça qu’il envisageait d’autres acquisitions à l’étranger, dans le divertissement, les hôtels et la distribution. Il parlait notamment du rachat d’une grande marque d’hôtellerie internationale, tout en rappelant que Wanda ne voulait pas être une grande entreprise « seulement en Chine, mais dans le monde entier.»
Au moment de l’annonce de l’acquisition, le P-DG d’AMC, Gerry Lopez, expliqua : « L’industrie du cinéma poursuit son expansion globale. C’est le moment idéal pour accueillir le soutien enthousiaste de nos nouveaux propriétaires. Wanda et AMC font tout ce qui est possible pour que leurs clients vivent des expériences uniques dans des salles dernier cri, et nous partageons la même culture de croissance et d’innovation. Avec Wanda comme partenaire, AMC va continuer étendre l’expérience cinématographique. »
Afin de poursuivre son expansion sur son marché d’origine, Wanda allait bénéficier du savoir-faire d’AMC, qui exploitait un marché cinq fois plus grand en termes de chiffre d’affaires. AMC disposait d’un réseau mondial de salles et sa marque était réputée. De plus en plus de films étrangers sortaient en Chine et la transaction permettait à Wanda de distribuer plus facilement les productions américaines sur son marché domestique. En février 2012, la Chine accepta d’ouvrir un peu plus ses frontières aux films américains, alors que Wanda – grâce au rachat d’AMC, disposait d’un pouvoir de négociation supérieur vis-à-vis des studios
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