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Le Pib Ne Fait Pas Le Bonheur

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Par   •  2 Février 2015  •  1 343 Mots (6 Pages)  •  1 385 Vues

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Le PIB ne fait pas le bonheur

Antoine de Ravignan, Sandra Moatti Alternatives Economiques - Hors-série n°74 - Octobre 2007

Du PIB au Bonheur intérieur brut

La croissance du PIB n'est pas synonyme de progrès social, même si elle y contribue. Mesurer la vraie richesse des nations nécessite des indicateurs alternatifs.

La richesse d'une nation? Voyez son PIB. Pas un jour où l'on ne se réfère à la croissance du produit intérieur brut, où on ne l'invoque dans les discours politiques. Cet agrégat est devenu irremplaçable dans l'analyse économique: impossible de comprendre l'évolution de l'emploi, celle du déficit public ou du financement des retraites sans s'y référer. Ine saurait pour autant, à lui seul, être un indicateur du progrès des sociétés contemporaines.

Le PIB ne mesure en effet que le produit des activités génératrices de flux monétaires, sans considérer ni leur contribution au bien-être (construire une école ou des canons, c'est pareil), ou leur répartition plus ou moins équitable. Toutes sortes d'activités créatrices de richesses lui échappent, comme le travaidomestique, mais aussi des activités destructrices, comme les dommages écologiques.

Si cet indicateur s'est imposé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans un monde dominé par l'impératif de reconstruction et l'aspiration au progrès matériel, aujourd'hui, les préoccupations ont évolué. D'autres indicateurs s'efforcent désormais de traduire une conception plus large de la richesse. Cantonnés hier à des petits cercles de chercheurs et de militants, ils commencent à trouver une audience dans des enceintes internationales telles que l'OCDE ou l'Union européenne. Mais ils sont encore loin d'avoir acquis la légitimité qui leur permettrait d'avoir vraiment voix au chapitre.

Ce que les comptes ignorent

Le produit intérieur brut (PIB) comptabilise des éléments dont on ne peut pas dire qu'ils contribuent à l'accroissement de la richesse matérielle d'une société. Exemple: le PIB mesure le revenu produit dans un pays, qui peut être assez différent de celui perçu par la population: une partie considérable des revenus peut être dépensée ailleurs, par exemple avec les rapatriements de profits des entreprises étrangères. En Irlande, où de nombreuses multinationales américaines localisent leurs bénéfices du fait d'une fiscalité attractive, les profits rapatriés à l'étranger représentent 13 % du PIB. Une fois les déductions faites, on obtient le "produit national net". Reste à savoir ce qu'il y a dedans. La production d'armes contribue au PIB, au même titre que celle d'écoles, de routes ou de logements.

Inversement, le PIB ignore de nombreux éléments qui contribuent au bien-être (voir graphique). Prendre en compte ces facteurs qui déterminent les conditions de vie de chacun permettrait, mieux que le seul PIB, d'apprécier la vraie richesse d'une société. Mais cela ne suffirait pas pour mesurer un bonheur qui ne se réduit pas à des aspects matériels et quantifiables et dont l'appréciation repose en outre sur une bonne part de subjectivité.

Irlande : PIB brut et PNB net en 2006,

en milliards d'euros

Des liens entre croissance et progrès social

Le produit intérieur brut (PIB) ne fait pas le bonheur, mais il y contribue quand même un peu. Il y a, par exemple, un lien clair entre le PIB d'un pays et l'espérance de vie de sa population, ou entre la croissance et le reflux du chômage. Mais au-delà de ces constats d'ensemble, les variations peuvent être très importantes: on vit aussi vieux au Portugal qu'aux Etats-Unis, alors que l'écart de revenu moyen est du simple au double. Dans un autre registre, la croissance peut être plus ou moins riche en emplois: en France, la reprise de 1997-2000 a été nettement plus créatrice d'emplois que la précédente ou que l'actuelle. Les liens entre PIB et emploi, enfin, ne disent rien de la qualité des postes créés: l'augmentation du nombre des employés domestiques mal rémunérés est-il un signe de progrès social ?

Armement : les pays les plus dépensiers, en % du PIB

PIB par habitant (2006, en dollars et en parité de pouvoir d'achat) et espérance de vie (en nombre d'années, 2005)

Croissance et chômage en France, en %

Des indicateurs alternatifs

Comment sortir de la tyrannie du PIB ? Pour mieux tenir compte des valeurs sociales et environnementales, des chercheurs ont construit des indicateurs alternatifs.

La première famille est celle des indicateurs centrés sur les enjeux sociaux et construits en général par agrégation d'indicateurs

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