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La disqualification sociale, Essai sur la nouvelle pauvreté

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Par   •  21 Août 2013  •  1 547 Mots (7 Pages)  •  1 875 Vues

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« La disqualification sociale, Essai sur la nouvelle pauvreté » de Serge Paugam

Selon S. Paugam, «Etudier la disqualification sociale, c’est étudier la diversité des statuts qui les définissent, les identités personnelles c’est-à-dire les sentiments subjectifs de leur propre situations qu’ils éprouvent au cours de diverses expériences sociales et enfin les rapports sociaux qu’ils entretiennent entre eux et avec autrui.» (p 17)

L’auteur met ainsi en évidence les dimensions objectives et subjectives jouant dans le processus de la disqualification sociale.

Il analyse dans un premier temps les différentes expériences vécues en fonction de la relation d’assistance, c’est-à-dire le sens que la population de la Cité du Point-du-Jour donne à son existence. Puis, il retrace le processus entrainant la construction d’une identité négative. Enfin, il étudie les rapports sociaux entre les habitants de la Cité.

I/ Typologie des modes de relation à l’assistance et négociation du statut

S. Paugam étudie le sens donné par les individus occupant les derniers échelons de la hiérarchie sociale, à leurs expériences vécues.

Il procède à un découpage théorique de la population de la Cité en trois catégories en fonction du rapport qu’ils entretiennent avec les services d’action sociale. Elles correspondent chacune à une phase différente dans le processus de la disqualification sociale.

Ces trois phases sont plus complexes que cela et il est donc indispensable de les détailler pour comprendre les mécanismes qui en découlent.

- Les fragiles

Ils se caractérisent par une forte précarité économique. Leur activité ne leur permet pas de subvenir totalement à leurs besoins et ils se tournent ainsi vers les services sociaux. Ils bénéficient d’une intervention sociale ponctuelle.

Pour S. Paugam, cette phase correspond à celle d’apprentissage de la disqualification sociale, c’est-à-dire au moment où les individus prennent conscience de leur statut social inférieur. Cet apprentissage s’accompagne d’une crise statutaire. Fortement attachés à la valeur travail, les fragiles aspirent à un statut social plus élevé.

Au sein de ce groupe, l’auteur identifie deux expériences vécues.

La fragilité intériorisée correspond à un sentiment d’humiliation et de désarroi. La situation, perçue comme avilissante, est insupportable pour les individus. La fréquentation des services sociaux est une étape éprouvante. Face à ces derniers, ils mettent en place des stratégies de distanciation. Ils cherchent à éviter leur intervention, ne s’y rendant qu’en dernier recours.

La fragilité négociée est mieux vécue. Elle touche essentiellement des jeunes de moins de 25 ans. Pour eux, leur statut inférieur est temporaire. Élaborant des projets tendant vers une situation sociale meilleure, ils ont une attitude dynamique pour « s’en sortir ». Leur situation est justifiée par une série de rationalisations. Ils sollicitent les services sociaux de façon pragmatique (stratégies de consommation) sans éprouver de gêne. Cette situation inquiète les travailleurs sociaux qui ont peur d’un basculement vers l’assistance.

Ces fragiles peuvent glisser vers la seconde phase de l’assistance.

- Les assistés

Ils ont des revenus liés à la protection sociale. L’intervention sociale est régulière : il existe un suivi contractuel avec les services sociaux.

L’auteur différencie trois types d’expériences vécues par les assistés. Chacune de ces expériences correspond à une phase de ce que S. Paugam appelle la « carrière morale » des assistés, c’est-à-dire leur trajectoire. Ainsi, plus les assistés intériorisent leur statut, plus ils deviennent dépendants envers l’action sociale et en modifient leur vision.

Il s’agit d’un processus théorique mis en place par l’auteur, et toutes les personnes ne passent pas forcément par ces trois phases.

Dans l’assistance différée, les assistés dépendent fortement des services sociaux mais acceptent difficilement la prise en charge des travailleurs sociaux qui les angoisse. Les individus ne s’identifient pas comme des assistés. Ils tentent ainsi de limiter l’intervention sociale.

L’assistance installée est la seconde étape dans le processus d’identification au statut d’assisté. La dépendance est plus forte. Les individus réinterprètent l’opinion négative de départ sur les assistés. Ils trouvent des justifications personnelles afin de rationaliser leur situation. L’assistance ne devient plus humiliante.

Mais la dépendance n’est pas totale. Les assistés établissent des stratégies de séduction vis-à-vis des travailleurs sociaux. Ils tentent d’avoir une relation saine avec eux pour en tirer des bénéfices. Les assistés connaissent donc parfaitement les rouages des services sociaux.

L’assistance revendiquée est l’ultime phase de l’assistance. La dépendance envers les services sociaux est maximale. Les assistés mettent en place des stratégies de relation qui prennent la forme de revendications. Ayant fortement intériorisés leur statut d’infériorité, ils acceptent mal le refus d’une aide, pouvant aller jusqu’à l’agressivité.

Les assistés peuvent être menacés par l’expérience de la marginalité.

- Les marginaux

Il s’agit de la dernière étape de la disqualification sociale.

Les marginaux sont dans des situations de précarité

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