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Le Nouvel idéal social du Gentilhomme Olivier de Serres

Commentaire de texte : Le Nouvel idéal social du Gentilhomme Olivier de Serres. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Février 2018  •  Commentaire de texte  •  2 142 Mots (9 Pages)  •  733 Vues

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Peu de traités économiques sur l’agriculture ont été publiés au XVII ème siècle. Le théâtre d’agriculture et mesnage des champs d’Olivier de Serres publié à Paris en 1600 fait figure d’exception. Olivier de Serres est un protestant originaire du Vivarais, province du Comté de Provence, et devient seigneur du Pradel après avoir acquis en 1559 le château du Pradel, qui devient le lieu d’expérimentation des thèses qu’il développe dans son traité qu’il publie sous la protection d’Henri IV. Ce traité qui fait d’Olivier de Serres le père de l’agronomie manifeste l’étendue des connaissances agronomiques du XVIIème siècle et cherche à donner des conseils dans l’organisation et la gestion des territoires agricoles. Dans ce texte, Olivier de Serres décrit, dans un contexte d’apaisement des conflits, les solutions apportées par le gentilhomme fermier pour arriver à une gestion parfaite de ses domaines et de ses relations sociales. Ainsi nous pouvons nous demander ce qu’apporte cet idéal gentilhomme dans la compréhension de la société et de l’économie rurale du XVIIème siècle.

Nous verrons dans un premier temps qu’une bonne gestion du domaine est fondamentale dans une société rurale, que celle-ci repose en suite sur une société hiérarchisée avec des relations codifiées. Enfin, nous verrons que cet idéal repose sur des principes moraux.

I L’importance d’une bonne gestion du domaine

Le gentilhomme fermier, doit dans la mesure où il possède des terres, pour son bien et pour celui des populations y habitant bien administrer son domaine.

La bonne gestion du domaine repose dans un premier temps sur des droits seigneuriaux :

A) Les droits du seigneur sur ses fiefs

Ce traité s’adresse au gentilhomme (ligne 5), c’est-à-dire à toute personne noble de noble naissance est qui généralement est attachée à un territoire. Il s’adresse aussi à tout homme vertueux qui possède un bien terrestre et qui souhaite l’administrer. Ce bien lui est attribué soi de manière héréditaire, par ses antécesseurs ( l7), ou a été acquis directement par lui, de son vivant, par ses acquêts. C’est de cette manière qu’Olivier de Serres a fait l’acquisition de son propre domaine

Le gentilhomme a des droits sur ses fiefs :

Son domaine est mis en valeur par ses serviteurs et ses domestiques qui vivent généralement à proximité. Il a aussi des droits sur ses sujets, majoritairement des tenanciers auxquels il loue des terres. Ses droits sont financiers par le prélèvement de l’impôt seigneurial. Le cens qui et évoqué l 28 lorsqu’il parle de l’argent qui lui est dû , est un impôt local directement payé au seigneur. Les populations locales lui doivent également des corvées, travaux collectifs dû au seigneur par les paysans ( l 28). Le gentilhomme dans le cas d’une bonne gestion de ses terres pourra profiter du fruit de ses récoltes ( l 28)

Enfin possède un pouvoir législatif : comme il est énoncé dès la première ligne de ce texte : «Ces choses seraient vaines sans bon gouvernement, ne pouvant en ce monde subsister sans police ». La législation est donc nécessaire à la bonne administration de son domaine. Le seigneur par exemple avait le droit d’inspecter les greniers des particuliers en cas de disette, ce qui est nécessaire pour une gestion efficace de ses terres.

La législation seigneuriale est rendue, par les officiers ( l 24), représentants du droit seigneurial.

B) Olivier de Serres insiste bien comme nous allons le voir dans un deuxième temps sur la limitation du pouvoir seigneurial : il a également des devoirs envers ses sujets.

Le gentilhomme tel qu’il est décrit par Olivier de Serres, prend une figure paternelle et fait à la fois preuve d’autorité, lorsqu’il s’agit de faire respecter ses droits mais aussi de bienveillance envers ses sujets confrontés aux difficultés d’une économie instable. Ainsi, il est dit ligne 20 que « Le père de famille aimera aussi ses sujets, s’il en a les chérissant comme ses enfants ». Il les soutient financièrement en leur prêtant de l’argent par des « crédit » et des « faveurs » ce qui sont des signes de sa générosité. Ces dons sont des palliatifs face à une économie instable. Il évoque aux lignes 22 et 23 les « gens de guerre et autres occurrences, les gardant des foules et surcharges, d’exactions indues et semblables violences ».

Il fait ici directement référence aux guerres de religion qui ont bouleversé l’économie rurale. L’édit de Nantes d’Avril 1598 met fin à plus de 35 ans de conflit entre protestants et catholique. Or pendant les conflits, le ravitaillement des armées pose problème. Le pillage est alors reconnu et parfois même réglementé : ce qui est un danger pour les populations.

C) Pour faire face aux problèmes d’une économie fragile une bonne gestion semble nécessaire

En effet, le danger d’une mauvaise gestion est évoqué aux lignes 30 et 33 : Si le seigneur accorde trop généreux avec ses sujets, il risque lui-même la pauvreté pendant la pauvreté de l’année ( l30) c’est-à-dire la période de soudure, qui a lieu avant les premières récoltes et qui constitue une pénurie et moment de flambée des prix. Cela peut le mettre au rang des pauvres, c’est-à-dire qu’il est contraint d’emprunter et donc d’entrer dans la dépendance d’un tiers.

Pour cela, il est nécessaire qu’il établisse une agriculture diversifiée. Il a donc recours à une alimentation diversifiée comme on a pu le voir dans l’Agenais : palliatif aux crises de subsistance. Ainsi : blé, chataîgnes, poules, chapons. Ce qui correspond à ce qui est souhaité dans la bible : l’abondance est associée à une diversité des productions

II Une société hiérarchisée avec des relations codifiées

L’idéal du gentilhomme ne se limite pas à une bonne gestion de son domaine. Il est avant tout social avec une bonne gestion des rapports entre individus qui s’intègre dans une société hiérarchisée.

A) Un fixisme social

Cet idéal s’intègre dans un premier temps dans une société qui se caractérise par sa fixité. En effet, comme nous pouvons le voir dès les premières lignes du texte : chaque homme a une fonction et une place qui lui est dévolue et il serait dangereux, comme nous pouvons le voir à la ligne 5, pour la conservation du genre humain de le contredire. Ce fixisme social trouve une justification morale et religieuse :

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