La Theorie Les Parties Prenantes
Commentaires Composés : La Theorie Les Parties Prenantes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar economie0 • 22 Mars 2013 • 5 536 Mots (23 Pages) • 1 162 Vues
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LA THÉORIE DES PARTIES PRENANTES1
Samuel Mercier2
Université de Bourgogne
Jean-Pascal Gond
Université de Nottingham et Université Toulouse I
FARGO - Centre de recherche en Finance, ARchitecture
et Gouvernance des Organisations
Cahier du FARGO n° 1050502
Mai 2005
Mots-clés : Construction Théorique, Gouvernance, Légitimité, Partie prenante, Pouvoir,
Responsabilité sociale de l’entreprise, Stakeholder.
Résumé : l’objectif de cet article est de présenter une mise en perspective critique du vaste corpus
théorique regroupé sous l’étiquette de théorie des parties prenantes (stakeholder theory) qui s’est
développé depuis l’ouvrage de Freeman (1984). Cette approche propose une analyse des relations
nouées entre l’entreprise et son environnement entendu au sens large. Nous présentons les
origines et principaux fondements conceptuels de cette théorie. Puis, nous montrons que la
grande diversité des approches qui en relèvent invite à évoquer des théories des parties prenantes.
Une analyse critique des problèmes conceptuels de ces théories est ensuite menée, en se
focalisant sur le thème de leur intégration, de leur absence de caractère dynamique et de leur
difficile conciliation avec un modèle de gouvernance actionnarial.
1 Ce texte est une version remaniée d’une communication présentée lors du 15e Congrès de l’AGRH qui s’est tenu à
l’UQAM (Montréal) du 1er au 4 septembre 2004.
2 samuel.mercier@u-bourgogne.fr; Adresse postale : CERT – UFR Droit et Science politique – Université de
Bourgogne – 4, Boulevard Gabriel – 21000 Dijon.
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Introduction
L’objectif de cette contribution est de clarifier la littérature portant sur la théorie des parties
prenantes ou Stakeholder Theory (SHT désormais) qui foisonne depuis la publication de
l’ouvrage de Freeman en 1984. Cette approche propose une analyse des relations nouées entre
l’entreprise et son environnement entendu au sens large. Le concept de Stakeholder (SH à
présent) a d’abord été mobilisé en management stratégique (par exemple Freeman, 1984 ;
Martinet, 1984) avant de devenir incontournable dans les réflexions centrées sur les systèmes de
gouvernance des entreprises (Charreaux & Desbrières, 1998). La SHT est surtout devenue l’une
des références théoriques dominantes dans l’abondante littérature portant sur l’éthique
organisationnelle et la responsabilité sociale de l’entreprise3. Elle est également introduite, de
façon croissante en gestion des ressources humaines, notamment pour appréhender sa
contribution à la performance organisationnelle. L’évaluation des performances sociales (ou
sociétales) des entreprises se fonde ainsi le plus souvent sur une approche Stakeholder.
L’engouement contemporain pour la notion de SH a pour contrepartie une certaine confusion
conceptuelle, liée à la multiplicité des niveaux d’analyse et aux différents sens qui lui sont
accordés. La SHT fait, en effet, l’objet d’interprétations concurrentes, étant conçue tantôt dans un
sens managérial relativement étroit, comme un outil d’analyse de l’environnement
organisationnel et/ou une théorie descriptive du fonctionnement de l’entreprise, et tantôt dans une
perspective élargie, comme une véritable théorie de la firme, alternative aux approches
contractuelles, et visant à reformuler les objectifs organisationnels pour y intégrer une dimension
éthique.
On peut constater aujourd’hui que si le concept s’est complètement intégré dans le vocabulaire
académique, ses fondements théoriques sont restés à un stade de développement
« embryonnaire » (Donaldson et Preston, 1995 ; Jones et Wicks, 1999).
La diversité des approches théoriques nous conduit à identifier « des théories » des parties
prenantes et à porter un regard critique sur leurs limites conceptuelles. Après avoir précisé les
origines de ces théories et présenté un panorama rendant compte de leur stade de développement
contemporain, nous nous attacherons à analyser les contradictions structurantes de ce domaine
théorique et les problèmes qu’elles soulèvent de manière récurrente.
1. Les théories des parties prenantes : origines et développements contemporains
Après un retour sur le contexte d’émergence de la SHT et une présentation des dimensions et
fondements du concept de SH, nous proposons une typologie des différents courants.
1.1. Aux origines de la SHT
1.1.1. Emergence : la reconnaissance progressive de la notion de Stakeholder
Le rôle de l’entreprise, de ses dirigeants et la nature de leurs obligations envers le reste de la
société font l’objet d’un débat ancien.
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