L'économie, telle qu'elle s'est développée dans nos pays européens, est-elle suffisamment bien pensée?

« L’économie, telle qu’elle s’est développée dans nos pays européens, est-elle suffisamment bien pensée ? »

Dans la société actuelle, les lois de l'économie sont régies par le modèle économique dit

néo-libéral. Au regard des écarts de richesses que l'on constate, nous pouvons nous demander si ce modèle procure plus de bénéfices que de difficultés et s'il est bien pensé et adapté à notre vision d'une société moderne plus juste.

En effet, nous vivons aujourd’hui dans une économie mixte (privée et publique) de marché de type capitaliste néo-libérale (d’un point de vue orthodoxe). L’économie, telle qu’elle fonctionne en Europe, est basée sur une recherche de croissance (c’est-à-dire la capacité de produire plus chaque année): le produit intérieur brut (PIB) et le produit national brut (PNB) doivent augmenter de plus en plus. En résumé, il s’agit de gagner en productivité donc de produire toujours plus avec moins de ressources. Ce mode de fonctionnement provient du 18e siècle pendant lequel croissance était synonyme de progrès.

Dans l’optique de répondre à la problématique énoncée ci-dessus, nous allons aborder différents points de vue. L’économie européenne présente des aspects positifs de par son côté libéral et de par l’intervention de l’état. D’autres de ses aspects sont plus critiquables : elle entraîne une concurrence accrue, une surconsommation, l’épuisement des ressources, des inégalités sociales et économiques, ainsi qu’une crise écologique sans précédent. A cela s’ajoute un taux élevé de chômage, et de par sa volonté de mondialisation, elle ne profite qu’aux plus puissants. Notre réponse sera donc nuancée.

Abordons tout d’abord les points positifs de l’économie qui s’est développée dans nos pays européens.

Notre cours d’économie nous a enseigné qu’un des principes de base de notre économie européenne est la libéralisation du marché. Ce mode de fonctionnement permet l’exercice d’une activité économique aux cinq différents agents économiques (entreprises, ménages, état, institutions financières et reste du monde), privés ou publics, que compte notre système. Milton Friedman souligne ce point positif en l’illustrant par un exemple : “le crayon jaune”. Il démontre que pour commercialiser un produit (le crayon), les entreprises et les travailleurs jouissent d’une grande liberté afin de permettre à la société de bénéficier de ce produit par la suite. C’est grâce à ce libre marché, qui fonctionne sur un mécanisme de prix selon l’offre et la demande, que la coordination entre tous ces acteurs fonctionne si bien et que la paix est favorisée, ce qui est naturellement très précieux.

Le deuxième point positif de notre système économique européen est la place importante laissée à l’intervention de l‘État (comme le promeut Keynes), ce qui l’oppose à la théorie monétariste, qui voudrait laisser jouer le marché monétaire. Pour réguler l’activité économique, l’État a instauré des prix plafonds et planchers qui se situent respectivement au-dessus ou en dessous de l’équilibre “naturel” entre l’offre et la demande. De cette manière, il permet aux consommateurs plus pauvres d’avoir accès aux biens de nécessité et à certains producteurs (comme les agriculteurs) de pouvoir dégager une marge qui leur permet de vivre. Si l’on avait laissé « la main invisible » gérer les choses, les inégalités se seraient encore davantage creusées. Thomas Piketty, dans son livre «Capital et idéologie», démontre que l’égalité amène la croissance. Notre économie, en ce sens, est donc bien pensée.

Mais l'économie européenne présente néanmoins de nombreux points négatifs. Nous allons en développer certains.

Premièrement, notre système économique amène une concurrence accrue entre les différentes entreprises : chaque produit doit se différencier (par la publicité), le marché n’est pas aussi transparent que voulu, la mobilité des offreurs et demandeurs est difficile et surtout, il n’y a pas d’atomicité de la demande et de l’offre. Cela a pour résultat la création de structures oligopolistiques et monopolistiques. Certaines entreprises sont dès lors incapables de survivre étant donné l’emprise des grosses structures sur le marché. Selon le philosophe et économiste Lordon, la libéralisation généralisée de l’économie aggrave cette domination. L’Union Européenne a d’ailleurs récemment arrêté toute subvention (financement sans contrepartie) afin de ne pas “fausser la concurrence”: elle aborde la question d’un point de vue strictement économique en négligeant l’aspect social. Notre économie profite donc aux plus puissants et perd de sa diversité en micro-économie.

Deuxième point négatif de notre économie européenne : la volonté capitaliste qu’elle entretient, valorise l’accumulation de matériel, les valeurs hédonistes et individualistes comme nous l’avons vu ci-dessus. Ce modèle matérialiste engendre un changement de mentalité général observé par l’économiste Philippe Moati : les hommes veulent toujours plus de tout. Pourtant, celui-ci (ainsi qu’Aristote à son époque), affirme que l’hyperconsommation est le mal du siècle. En effet, cette valorisation de l’individualisme aurait des conséquences néfastes sur les individus qui sont de moins en moins déterminés

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