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Stress , bien être et souffrance au travail

Cours : Stress , bien être et souffrance au travail. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Février 2022  •  Cours  •  2 848 Mots (12 Pages)  •  402 Vues

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Facteurs de risque et risques psychosociaux en milieu de travail 

1. Les conditions de travail des années 1980 à nos jours

        Depuis les années 80, le monde du travail a fortement évolué. La logique du travail a connu des changements d’orientation : l’organisation taylorienne issue des trente glorieuses a été remise en cause laissant la place à des nouvelles formes d’organisation, matricielle, en flux tendu, par projet…De nouvelles logiques apparaissent fondées sur la polyvalence des salariés, une plus grande autonomie, une responsabilisation. Le travail est plus intéressant mais plus intense. (ANACT). Le temps de travail a fortement diminué avec les lois sociales de 1982 qui ont instauré la semaine de 39h et une 5ème semaine de congés payés. Puis entre 1998 et 2000 le temps de travail de la semaine est passé à 35 heures avec les lois Aubry. Mais s’il a diminué en durée, le travail s’est intensifié.  C’est ce qui ressort des enquêtes que mène tous les 7 ans depuis 1978 la Direction de l’Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques (Dares) sur les conditions de travail. Le rythme est dit contraint par beaucoup de salariés et ce nombre augmente : en 1984 6% des salariés occupaient un poste déterminé par au moins trois contraintes contre 35% en 2013. Les délais d’exécution se raccourcissent : en 1984 28,3 % des salariés disaient avoir un rythme de travail imposé par une demande extérieure à satisfaire immédiatement contre 53.2 % en 2005. (Algava et al. 2014)  Malgré une pause dans cette intensification entre 1998 et 2005, globalement on observe une intensification du travail depuis les années 80 jusqu’à aujourd’hui. Parallèlement, l’autonomie et les marges de manœuvre sont devenues des indicateurs à part entière des conditions de travail. Ainsi en 1991, 79,9 % des salariés ont la possibilité de choisir eux-mêmes la façon d’atteindre les objectifs fixés contre 85,1% en 1998. En 1991, 64,8 % disaient pouvoir régler eux-mêmes les incidents au moins dans certains cas contre 71,7% en 1998. (Algava et al. 2014). L’autonomie offerte aux salariés a donc fortement progressé dans la dernière décennie du 20ème siècle pour ensuite se stabiliser et diminuer légèrement. Autre élément marquant de l’évolution des conditions de travail : l’usage de l’informatique qui progresse sans cesse. En 1998, 51% des salariés avaient recours à l’informatique, 60% en 2005 et 71% en 2013. (Algava, 2014) Enfin, concernant les contraintes physiques et l’exposition aux risques physiques, les résultats de l’enquête SUMER montrent que la plupart des salariés ont vu leur contrainte et leur risque diminuer entre 1994 et 2017 à l’exception du bruit. (Memmi, 2019) Plus largement, on peut noter que depuis les années 80 une volonté politique de suivi et d’amélioration des conditions de travail a vu le jour. Preuve en est la création des CHSCT en 1982, le développement des enquêtes de suivi des conditions de travail et des expositions des salariés aux risques professionnels. Sans oublier le développement des travaux autour des risques psycho-sociaux et de leur prévention.

2. L’emploi comme un risque ou une protection pour la santé mentale.

        Dans la définition de la santé de l’OMS, la composante mentale est réelle :« la santé est un état complet de bien-être physique, mental et social et qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » La santé mentale n’est donc pas que l’absence de troubles mentaux ou de handicap mais un état de bien-être, d’équilibre dans lequel l’individu peut s’épanouir, accomplir un travail productif et être utile à la communauté (Santé Publique France, 2017). Les facteurs d’une bonne santé mentale sont individuels mais aussi sociaux et parmi eux le travail y joue un rôle essentiel. Le chômage c’est -à-dire l’absence de travail a de nombreuses répercussions sur la santé mentale. Ainsi les personnes sans emploi signalent plus souvent des épisodes dépressifs que celles restées en emploi. En 2010, 24 % des hommes ayant été au chômage signalent au moins un symptôme d’état dépressif ou d’anxiété, contre 13 % de ceux ne l’ayant pas été durant les quatre dernières années. (DARES, sept 2015). Le travail est aussi un élément constitutif de l’identité, ainsi que le souligne l’enquête menée en 2003 par Gardner et Meda (Garner, Meda, 2005). La notion d’identité au travail est essentielle pour la valorisation sociale, le statut professionnel mais aussi pour la construction de son identité personnelle. Posséder une identité par le travail protège la santé mentale. (Sainsaulieu, 2014)  

        Mais le travail est également un risque pour la santé mentale.  Si la souffrance psychique au travail n’est pas reconnue comme une maladie professionnelle, elle est suivie dans le cadre du programme de surveillance des MCP (Maladies à Caractère Professionnel). (Khireddine, 2015) Les MCP sont les maladies ou symptômes que les médecins jugent susceptibles d’être d’origine professionnelle mais qui n’entrent pas dans le cadre des tableaux de maladie professionnelle indemnisable. On y trouve les troubles anxieux, les troubles dépressifs, les troubles du sommeil, les addictions et troubles du comportement alimentaire. Le programme de 2012 montre que la souffrance psychique est le 2ème groupe de pathologies les plus surveillées. Entre 2007 et 2012 chez les hommes, le taux de prévalence de la souffrance psychique est passé de 1,1% à 1,4% et chez les femmes il est passé de 2.3% à 3,1%.  Si l’épisode dépressif léger était le plus rapporté en 2007, à partir de 2011 ce sont les troubles anxieux dépressifs légers qui sont les plus fréquents. Le burnout ou épuisement émotionnel connait lui aussi une progression : il est passé de 4,9% en 2007 à 7 % en 2012 pour les hommes et de 4,4% à 6,7% chez les femmes sur la même période.

  3. Les facteurs de risque dans un environnement de travail

        Si le terme de Risques Psychosociaux (RPS) apparu au début des années 2000 est une notion difficile à définir, en 2011 le rapport du collège d’expertise sur le suivi des RPS au travail rédigé par Michel Gollac, a permis une clarification de ces risques en proposant une définition en six grandes famille. (CESRPS) Ainsi l’intensité au travail et le temps de travail constituent le premier facteur de risque. Il regroupe le temps de travail mais aussi les contraintes de rythmes, les objectifs, la polyvalence, le niveau de responsabilité, le niveau de qualification. Les exigences émotionnelles recouvrent l’obligation pour le salarié de maitriser et de façonner ses propres émotions pour faire face aux émotions des bénéficiaires du travail. L’autonomie relève de la possibilité pour l’individu d’être acteur de son travail. C’est la marge de manœuvre dont il dispose. Les rapports sociaux au travail correspondent à la qualité des relations avec les collègues, avec la hiérarchie, le style de management de l’entreprise, les méthodes d’évaluation, les perspectives de carrière.  Les conflits de valeur font référence au conflit de valeur éthique que peut être amené à vivre le salarié quand il doit agir en opposition avec ses valeurs professionnelles, sociales ou personnelles. Dernier facteur : l’insécurité de la situation de travail c’est-à-dire l’insécurité quant à la pérennité de son travail, un risque d’un changement non voulu et non maitrisé par le salarié. Ces six familles sont proposées comme les indicateurs de suivi des RPS et ce regroupement est repris par l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) ou par   la DARES qui coordonne régulièrement une étude  sur les conditions de travail et la santé au travail.

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