Santé Des Salariés
Commentaire d'oeuvre : Santé Des Salariés. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar sarahdjamila • 5 Mai 2015 • Commentaire d'oeuvre • 2 851 Mots (12 Pages) • 539 Vues
Si le travail c’est la santé, alors laissons-le aux malades ! » ironisait un anonyme en
écho à la chanson1. Mais, la réalité est loin d’être aussi simple et la perspective aussi radieuse.
Il suffit de se rappeler les victimes de l’amiante. Pas un gouvernement n’aura cette chance
d’accomplir le miracle en dénouant d’un unique coup de baguette magique, problèmes de
chômage et santé publique ! Nombreux sont les spécialistes de la santé au travail bien placés
pour le savoir. Pire, l’individu qu’il soit au travail, en retraite ou sans emploi, entretient des
relations très complexes entre sa santé et son activité professionnelle quand ce n’est pas entre
sa santé et la privation de travail.
Les facettes de cette relation singulière sont multiples. La définition des déterminants
sociaux et environnementaux de la santé au travail recouvre une variété illimitée de facteurs,
une réalité multidimensionnelle à la fois dans les causes de dégradation de la santé et dans
leurs conséquences. Difficile de mettre sur le même plan un accident du travail ou une
maladie professionnelle imputable, du moins en apparence, à la dangerosité physique,
mécanique ou chimique d’une activité, d’une part, et des pathologies due à un terrain
individuel propice, d’autre part, c’est à dire à une fragilité physiologique ou psychologique
inhérente à la personne ou résultant d’un climat relationnel pathogène. Dans le premier cas, la
relation de cause à effet peut être établie de manière tangible selon une corrélation
directement somatique, « objectivée » et répertoriée administrativement ce qui est rassurant
pour le fonctionnaire du système de santé publique. Dans le second, la subjectivité ou
l’ambiguïté du diagnostic domine à travers une combinaison de facteurs qui ne peut se
permettre d’exclure la dimension psychologique. La démarche renvoie alors à une notion
d’environnement bien plus délicate à saisir et à des conduites de prévention encore plus
exigeantes quand elles ne sont pas difficiles à mettre en oeuvre ; approche qui suppose une
attitude encore neuve en France. Si l’on ajoute à cela le fait que les implications sociales,
économiques et politiques ne sont pas exactement de même nature selon que l’on va ou non
jusqu’à considérer une structure sociale comme une forme d’environnement, on comprendra
mieux l’inertie qui a prévalu en ce domaine. La collectivité, pourtant, ne gagnerait-elle pas à
ce qu’une politique de santé publique s’inspire de la malicieuse sagesse de ce proverbe persan
pour lequel aucune des trois choses suivantes ne s’obtient grâce aux trois autres : « la richesse
grâce au désir, la jeunesse grâce au fard, la santé grâce aux médicaments? »
Invitation à peine voilée à une politique de prévention que les autorités ont admise depuis
plusieurs décennies mais qui met du temps à s’imposer dans les faits. Cette ère nouvelle en
matière de redéfinition des politiques de santé publique nous la devons d’abord au
développement de l’épidémiologie qui a permis d’identifier des facteurs à risques de maladie
- notamment le cancer - contre lesquels on disposait de peu de moyens thérapeutiques.
L’apparition de nouvelles maladies, à l’image du sida, contre lesquelles aucun traitement
curatif n’a pu être trouvé a favorisé ensuite l’affermissement de toutes les conduites publiques
1 Chanson d’Henri Salvador.
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de prévention (campagnes anti-tabagismes, loi sur la protection des non-fumeurs, publicité en
faveur du préservatif, sans parler du port obligatoire de la ceinture en voiture). Mais, on ne
peut que constater encore combien notre système de santé publique a fondamentalement été
pensé dans une optique curative. La prévention liée à l’attention portée à l’environnement
n’est pourtant pas une idée neuve. Durant l’été 1854, alors qu’une épidémie de choléra
ravageait Londres, J. Snow, auquel on doit l’expérience fondatrice de l’épidémiologie, eut
l’idée de comparer le taux d’incidence des cas de choléra parmi les utilisateurs d’une eau
pompée en amont ou en aval d’un égout se jetant dans la Tamise, et, à partir de cette
observation d’un risque relatif résultant d’études statistiques comparatives, fit fermer la
pompe fautive. Ainsi put-il faire arrêter l’épidémie sans la moindre idée du mécanisme de la
maladie. L’action a seulement été initiée à partir d’un raisonnement statistique. Pour satisfaire
à cette redéfinition des conduites sanitaires suggérée par notre proverbe iranien, un seul
moyen : une audacieuse prévention en matière de santé. Les Chinois anciens le savaient bien,
qui ne payaient leurs médecins que tant qu’ils avaient la santé.
L’équipe de recherche à l'origine du présent rapport a, sans hésiter, saisi l’opportunité qui
s'offrait
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