Dans quelle mesure le progrès technique signifie-t-il la disparition des emplois non qualifiés ?
Analyse sectorielle : Dans quelle mesure le progrès technique signifie-t-il la disparition des emplois non qualifiés ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar • 9 Avril 2015 • Analyse sectorielle • 1 064 Mots (5 Pages) • 841 Vues
Dissertation
Il est demandé au candidat
- de répondre à la question posée explicitement ou implicitement dans le sujet
- de construire une argumentation à partir d’une problématique qu’il aura élaboré
- de mobiliser des connaissances et des informations pertinentes pour traiter le sujet, notamment celles figurant dans le dossier
- de rédiger en utilisant le vocabulaire économique et social spécifique et approprié à la question, en organisant le développement sous la forme d’un plan cohérent qui ménage l’équilibre des parties.
Il sera tenu compte dans la notation de la clarté de l’expression et du soin apporté à la présentation.
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Sujet : Dans quelle mesure le progrès technique signifie-t-il la disparition des emplois non qualifiés ?
Document 1. Niveau de qualification de la main d’œuvre et chômage en France
Part dans l’emploi total (%) Taux de chômage (%) en 2000
1970 1993 2000
H
O
M
M
E
S Sans diplôme 23.4 11.4 9.7 16.3
CEP-CAP-BEP 36.3 29.9 26.2 7.4
Baccalauréat 4.5 6.2 7.5 7.1
Bac + 2 0.8 4.8 6.3 5.1
> Bac + 2 2.0 6.2 7.7 4.7
F
E
M
M
E
S Sans diplôme 8.8 6.0 5.2 22.5
CEP-CAP-BEP 18.9 20.1 17.5 12.3
Baccalauréat 3.2 5.9 7.2 10.6
Bac + 2 1.3 5.8 7.2 5.4
> Bac + 2 0.8 3.7 5.5 6.8
Ensemble 100 100 100 10.0
Eric Maurin, Dominique Goux, Review of Economics and Statistics, 2000.
Document 2.
Les économies avancées doivent faire face à un problème apparemment insoluble : que faire de leurs travailleurs non qualifiés ? Aux Etats-Unis, le problème prend la forme des « working poors », en France du chômage. La cause est semble-t-il la même : il y a plus de travailleurs non qualifiés que d'emplois bien payés à leur offrir. Aux Etats Unis, les salaires sont restés suffisamment bas pour maintenir les non qualifiés en emploi, mais ces derniers gagnent trop peu pour vivre décemment. En France, le coût du travail non qualifié est plus élevé en raison d'un SMIC plus généreux et du niveau élevé des charges sociales ; par suite, les travailleurs non qualifiés sont moins pauvres qu'aux Etats Unis quand ils sont en emploi, mais leur taux de chômage est beaucoup plus élevé.
The Economist, 1999
Document 3.
Le progrès technique n’augmente pas nécessairement la demande de travail qualifié. Au contraire, l’un des principaux effets de la mécanisation a été autrefois de réduire les qualifications nécessaires à l’accomplissement de nombreuses tâches. Il fallait beaucoup d’adresse et d’expérience pour tisser sur un métier manuel, mais n’importe qui ou presque pouvait apprendre à surveiller les machines à tisser industrielles. Il est vrai que jusqu’ici le progrès technique a eu tendance à augmenter la demande d’un type particulier de dextérité, celle qui est acquise dans l’enseignement supérieur. Il n’est pourtant pas évident que cette tendance se poursuive indéfiniment. Il n’y a aucune raison de penser que la technologie ne puisse devenir « économe en éducation supérieure ».
Le jour viendra peut-être où les fiscalistes seront remplacés par un logiciel spécialisé, mais l’homme sera toujours nécessaire (et bien payé) pour accomplir des tâches aussi complexes que le jardinage, le ménage, et les milliers de services qui vont représenter une part croissante de notre consommation puisque les biens de consommation courante deviennent de moins en moins chers. Les professions hautement spécialisées, qui ont si bien su profiter des vingt dernières années, seront peut-être l’équivalent des tisserands du début du 19ème siècle dont les salaires se sont envolés avec l’invention de la machine à filer, pour dégringoler lorsque la révolution technologique a touché leur propre métier.
Paul KRUGMAN, The Wilson quarterly, automne 1994
Document 4. Taux d’emploi dans le commerce de détail, l’hôtellerie et la restauration en France et aux Etats-Unis (en %)
lire ainsi : aux Etats-Unis, 5 % des américains en âge de travailler occupaient un emploi dans l’hôtellerie-restauration
Productivité et emploi dans le tertiaire, P. Cahuc et M. Debonneuil, CAE 2004
Document 5
En quoi les conditions du déversement diffèrent-elles fondamentalement aujourd’hui de ce qu’elles furent dans le passé ?
Première remarque : dans les siècles derniers, le déversement se faisait de métier peu qualifié à métier peu qualifié… Aujourd’hui, tous les métiers qui disparaissent sont beaucoup moins qualifiés que ceux qu’engendre le progrès... Le déversement exige alors une longue formation professionnelle et une aptitude à recevoir ladite formation, aptitude qui ne va pas de soi…
Deuxième remarque : aujourd’hui, en protégeant le travailleur, mais pas le travail, on étouffe le déversement ; là où il y aurait de l’emploi, il n’y a plus d’embauche. D’autre part, les modalités de l’aide aux chômeurs sont telles que, pour nombre d’emplois peu rémunérés, le chômeur n’a pas intérêt à changer de statut. Dès lors, si l’employeur est découragé d’employer, et le travailleur en chômage découragé de travailler, le déversement s’épuise.
Cela étant, sommes-nous arrivés à l’époque où le progrès technique a définitivement tué l’emploi ?
Rien n’est moins sûr. Le progrès technique est toujours arrivé par vagues, et nous sommes, la mondialisation aidant, au coeur d’une énorme vague. Dans les usines et les bureaux, les emplois peu qualifiés disparaissent trop vite, certes. Mais la qualification moyenne des travailleurs a fait une avancée prodigieuse. (…) Le déversement se fait mal, certes, mais (…) peut-être comprendra-t-on, avec le temps, qu’à trop céder à la panique du travailleur qui se noie, on coule le travail qui le sauve.
Marcel BOITEUX (qui fut longtemps PDG d’EDF) - Commentaire, Automne 1998.
Document 6. Evolution de l’emploi de 1982 à 2002
1982 2002 ∆° en 000
Indépendants 2 219 1 270 - 949
Ouvriers non qualifiés 2 388 1 479 - 909
Ouvriers qualifiés 4 759 4 740 - 19
Employés 6 526 7 935 + 1 409
Prof. Intermédiaires 2 881 3 988 + 1 107
Cadres 2 907 4 491 + 1 584
Ensemble 21 680 23 903 + 2 223
DARES, Premières synthèses, Octobre 2004
Corrigé
Le PT signifie-t-il la fin du travail non qualifié ?
1. le PT, un processus de destruction créatrice
Le PT est une machine à détruire des emplois non qualifiés et à créer des emplois qualifiés : doc 5 ==> illustrations : doc 6
Le déversement a profité à l'emploi qualifié, mais pour cela, il a fallu un effort considérable d’éducation : doc 4
Mais l’offre n’a pas suivi les besoins et les travailleurs les moins qualifiés sont de plus en plus relégués au chômage : doc 4
2. Pour autant, le PT n'implique pas la disparition du travail non qualifié
D’abord, certains emplois peu qualifiés sont résistants au PT : cuisiniers, jardiniers, coiffeurs… (doc 2)
Ensuite, le déversement profite aussi au travail non qualifié (cf. les 200 000 emplois d’assistantes maternelles créés depuis 20 ans : doc 6). C’est d’autant plus vrai là où le coût de ce dernier est resté peu élevé (doc 1) : cf. l'exemple américain vs la France (doc 3).
Car le PT tend à économiser ce qui est cher. A ce titre, il tend à économiser le travail quand son coût devient trop élevé relativement à sa productivité, ce qui semble être le cas du travail non qualifié en France (doc 5).
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