Le progrès technique libère-t-il l’Homme du travail ?
Cours : Le progrès technique libère-t-il l’Homme du travail ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar clotildebouard • 23 Octobre 2016 • Cours • 2 440 Mots (10 Pages) • 5 813 Vues
Le progrès technique libère-t-il l’Homme du travail ?
1) En quoi la technique et le travail sont-elles deux activités qui se fécondent mutuellement ?
Aussi loin que nous remontons dans l’histoire, le travail apparaît indispensable à l’Homme et à sa survie dans la mesure où ce dernier est le seul être vivant à devoir créer ses propres conditions matérielles de survie, dans une nature lui étant hostile. Ainsi dans sa lutte contre la nature, l’Homme a développé de multiples techniques pour s’économiser en décuplant ses forces physiques et intellectuelles. Cette technique acquise par l’Homme est le résultat de son intelligence fabricatrice, elle désigne l’ensemble des moyens concrets et des savoirs faire exigés dont dispose l’Homme pour atteindre son but. Elle peut ainsi se rapporter aux outils, aux machines, matériaux et à la répartition du travail dans le but d’augmenter la productivité et de diminuer la pénibilité du travail pour l’être humain. Hegel la définit comme « une ruse de la raison » visant à retourner la nature contre elle-même, facilitant alors la tâche indispensable à la survie de l’Homme.
Force est de constater que le travail et la technique ont évolué ensemble et n’ont de cesse de se féconder. Si il n’y a pas de travail sans outils, sans machines, sans techniques ; par ailleurs, ces derniers ne sont autres que le fruit du travail et de la conception de l’Homme.
Si la vocation première de la technique est de réduire la pénibilité du travail, cette vision de la relation entre le travail et la technique reste discutable comme en témoigne le XIXème siècle où Karl MARX dénonce une aliénation de l’ouvrier et une dégradation de son statue d’Homme par le travail à la chaîne, produit d’une économie capitaliste. Néanmoins, cela ne remet en rien en cause la fécondation mutuelle entre travail et technique.
2) Peut-on dire que le travail a toujours été perçu comme une malédiction dans l’histoire occidentale ?
Dire que le travail est perçu comme une malédiction dans la société occidentale renvoie à une image extrêmement négative. L’étymologie du mot travail, « tripalium », désigne un instrument de torture ainsi qu’une activité douloureuse et violente. Le travail est alors profondément empreint d’un caractère repoussant, perçu comme une malédiction divine ou un malheur inévitable dans de nombreuses sociétés. Ainsi la pleine négativité du travail prendrait racine dans le travail lui-même, il est dès lors perçu comme une activité contraignante et pénible qui enferme l’Homme dans un cercle répétitif production-consommation, le renvoyant alors à son animalité dont il tente de s’extirper.
Depuis la Grèce Antique, le travail et l’activité technique n’ont jamais réellement fait l’objet d’une valorisation ou d’une réflexion de la part des philosophes de l’époque. Il apparaît évident que dans une telle société, le travail et l’artisanat en général réservés aux esclaves soient l’objet de mépris de la part des citoyens. Ils préfèrent s’adonner aux loisirs et à la politique. L’activité contemplative, scolé, est le seul moyen pour l’Homme d’accomplir sa nature divine. Pour les grecques, la malédiction que constitue le travail, tir son origine du mythe de Prométhée, la technique apparaît alors comme l’unique moyen de compenser la faiblesse de l’Homme et de réduire la pénibilité de l’activité productrice.
La perception du travail dans la société occidentale demeure toutefois ambiguë et ambivalente.
Dans la culture judéo-chrétienne, le travail est perçu comme le fruit du châtiment divin. La malédiction porte sur la terre maudite. L’homme se voit alors obligé de la travailler pour en extraire de quoi survivre, travail et souffrance sont alors liés. Au Moyen-âge, l’avènement du christianisme et la prolifération des monastères entraîne une valorisation du travail. Il est présenté comme découlant de la volonté divine, unique moyen de racheter son salut. Il fait alors l’objet d’une valorisation et devient une vocation religieuse liée à l’exercice d’un métier.
Avec la réforme protestante, le travail arbore une image pleinement positive. Il est laïcisé et devient une valeur sociale. Travailler et s’enrichir par le travail n’est plus une honte mais une véritable délection. Dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, le sociologue allemand, Max Weber, écrit que le travail devient une vocation qui montre que le croyant est aimé de Dieu. Le travail devient alors une « police sociale » comme dit Nietzsche : il développe la solidarité, empêche la paresse et l’oisiveté et apprend la patience et la discipline.
Les philosophes des Lumière accordent eux aussi au travail le statut de valeur sociale. Ils exultent le travail et les métiers artisanaux par lesquels l’Homme développe ses capacités physiques et intellectuelles, acquiert sa dignité et prend toujours plus conscience de lui-même. Le travail devient alors le vecteur par lequel l’Homme tend à devenir maître de sa destinée et de celle de la société humaine. Le travail devient dès lors une valeur dominante de la société occidentale surtout quand ce dernier se révèle être une passion.
Il est encore aujourd’hui perçu comme un facteur d’intégration, de socialisation et d’épanouissement, et donne du sens à l’existence individuelle et collective.
3) Les effets du progrès technique dans le monde du travail sont-ils nécessairement libérateurs ?
Le progrès technique est le fruit de l’intelligence fabricatrice de l’Homme, de laquelle résulte un perfectionnement indéfini des savoirs faire, des outils, des machines fabriquées et utilisées par l’Homme lui permettant une maîtrise et une exploitation toujours plus efficace de son travail et de la nature. C’est sans aucun doute suite à la révolution industrielle du XVIIIème siècle que ses effets vont se révéler être le plus spectaculaires. On assiste à l’émergence de la division technique et rationnelle du travail dans les manufactures afin de gagner en productivité. C’est le développement du travail à la chaîne qui opère une parcellisation du travail. Charlie CHAPLIN en dépeint une très bonne critique dans Les Temps Modernes.
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