HLP- Le progrès technique et technologique représenterait-il une régression des relations entre les êtres et des sociétés ?

Essai

Le progrès technique et technologique représenterait-il une régression des relations entre les êtres et des sociétés?

Le progrès scientifique et le progrès technique sont en rapport réciproque l’un vis-à-vis de l’autre : ainsi qu’on l’a souvent affirmé, la science favorise de nouvelles technologies qui à leur tour favorisent de nouvelles recherches scientifiques, et ces nouvelles recherches scientifiques créent de nouvelles technologies. Le progrès technico-scientifique devient alors une machine dont il est impossible de ralentir la course. Cependant, les plus défaitistes voient dans cette avancée instoppable une menace pour la société humaine telle que nous la connaissons, et que le progrès ferait faire une marche arrière forcée aux relations sociales et aux sociétés elles-mêmes.  Le progrès technique et technologique représenterait-il alors une régression des relations entre les êtres et des sociétés?

Il est tout d’abord important de souligner que la recherche en elle-même n’a pas uniquement but à impacter la société (de manière néfaste ou bénéfique), le chercheur mène également sa propre analyse de manière désintéressée, guidé par sa seule curiosité, où bien effectivement par la vision des bénéfices pour l’humanité.

La nature même de la recherche est de n’avoir pas de fin, Renato Dulbecco écrit : « Une des règles fondamentales de la science est qu’on ne peut ni ne doit mettre un frein aux progrès des connaissances. Toute tentative dans ce sens constituerait un pas certainement indésirable vers la rupture de la vieille alliance entre la société et la recherche. » Si on tente d’imposer un terme à la recherche, la société cessera alors d’évoluer, et le tant craint “retour en arrière” aura réellement lieu, puisque, sans progrès technique, technologique et scientifique, les sociétés qui continueront d’évoluer se retrouveront face à un mur, et seront alors contraintes à la régression. En effet, dans  les  villes,  les  structures  technologiques  (transports,  communications  et  autres  éléments  de  l'infrastructure)  sont  souvent  en retard  sur  l'évolution  rapide du  style de vie  et  ralentissent  le  changement  social. se forme alors un écart  entre l'inertie des  structures  matérielles et technologiques des  villes d'une  part, et la grande variabilité des  besoins de la  société d’autre part.Dans la nouvelle Au service du maître, K Dick narre un monde ou la destruction des robots à entraîné la renaissance d’un système sociétal pyramidal, avec une classe ouvrière qui est considérée comme des esclaves et où seules les classes supérieures ont droit au savoir et à l’éducation.  C’est l’hostilité envers le progrès qui provoquerait plutôt un certain retour en arrière.

Et quand la recherche est amenée à bouleverser les sociétés, dans le sens contraire à une amélioration de l’humain, que les avantages pour une humanité « meilleure » ne sont pas pris en compte, ce n’est pas la science qui est responsable, mais le défaut de la volonté politique. C’est le cas par exemple de la société décrite par K.Dick dans sa nouvelle Immunité, ou quelques êtres humains deviennent capables de lire dans les esprits, qui sont employés par un gouvernement autoritaire pour assurer la loyauté de ces citoyens. Le retour en arrière à bien lieu, mais c’est par la volonté du gouvernement, qui restaure d’ailleurs le droit romain, au détriment de la présomption d'innocence. Ce n’est donc pas le progrès qui à provoqué la régression des sociétés, mais ce que les humains en position de puissance on fait du progrès.

Cependant, avec les récentes avancées de la science, la création de nouveau moyens de communication, de transport et de vie,  c’est la fin de la conviction, propre aux Lumières, que progrès technico-scientifique et progrès moral et civil vont du même pas et surtout que le savoir a amélioré les mœurs, à élever l’homme à une moralité plus consciente et durable. Comme le progrès technique et technologique, contrairement aux prévisions des « grandes narrations » (les grandes philosophies de l’histoire du XIXe siècle), n’a pas contribué au perfectionnement moral de l’homme mais, pour une seule partie de l’humanité, à l’amélioration de ses conditions matérielles, voire lui a fourni des instruments pour exercer sa volonté de puissance avec une efficacité supérieure. L’écart entre les classes se creuse davantage, et nous retournons doucement mais sûrement vers un système qui ressemble à la société moyenâgeuse, où seule une classe privilégiée à accès à une vie agréable.

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