Comment les pouvoirs publics dans les pays industrialisés peuvent-ils favoriser l’égalité des chances? Et explication de la la persistance de certaines formes de reproduction sociale
Documents Gratuits : Comment les pouvoirs publics dans les pays industrialisés peuvent-ils favoriser l’égalité des chances? Et explication de la la persistance de certaines formes de reproduction sociale. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar • 20 Décembre 2012 • 3 078 Mots (13 Pages) • 1 330 Vues
Dissertation : Après avoir montré comment les pouvoirs publics dans les pays
industrialisés peuvent favoriser l’égalité des chances, vous expliquerez la persistance de
certaines formes de reproduction sociale.
Dans la France d’aujourd’hui, l’idéal méritocratique (c’est-à-dire l’égalité des chances
promise à tous) est un élément essentiel du consensus social. L’économie de marché étant un
facteur de croissance mais aussi d’inégalités, très tôt, l’Etat a été considéré comme un acteur
important dans la réalisation de cette « utopie » méritocratique.
L’égalité des chances, c’est une exigence qui veut que le statut social des individus d’une
génération ne dépende plus des caractéristiques morales, ethniques, religieuses et sociales des
générations précédentes.
C'est cette vision de l'égalité des chances qui constitue l'un des fondements de la Théorie de la
justice de John Rawls : « en supposant qu'il y a une répartition des atouts naturels, ceux qui
sont au même niveau de talent et de capacité et qui ont le même désir de les utiliser devraient
avoir les mêmes perspectives de succès, ceci sans tenir compte de leur position initiale dans le
système social. » Le philosophe américain en fait son « second principe », qui vient après le
principe d'égale liberté.
Or dans le corps social, de fortes tendances s’opposent à la réalisation de cet objectif :
l’immobilisme social, l’élitisme… Dans quel mesure les pouvoirs publics peuvent-ils corriger
cet état de fait ? Quels sont les obstacles sur lesquels bute leur action, et qui explique la
persistance de certaines formes de reproduction sociale ?
Les pouvoirs publics cherchent à favoriser l’égalité des chances au moyen des politiques
publiques menées dans le domaine économique et social. On constate néanmoins, en dépit des
efforts de l’Etat dans ce domaine, une persistance de certaines formes de reproduction sociale.
I Les pouvoirs publics cherchent à favoriser l’égalité des chances au travers de leurs
politiques dans le domaine économique et social
1) Au travers de leur politique d’éducation (visant à rendre la réussite scolaire
accessible au plus grand nombre), et de formation
Ouverte à tous, l’école est censée favoriser l’éclosion du mérite individuel et ainsi donner à
chacun, par l’intermédiaire des diplômes décernés, les moyens d’une mobilité sociale
ascendante. Les pouvoirs publics se sont donc efforcés d’aller dans cette voie en
démocratisant l’accès au système éducatif (banalisation de l’enseignement secondaire
notamment).
Depuis les années 60, les enfants des classes populaires sont plus souvent présents aux
niveaux élevés de scolarité. Dans les années 70, 17 % d’une classe d’âge accédait au niveau
bac, contre 65% dans les années 1990. L’accès à l’université s’est également ouvert. La part
des 19-24 ans dans le supérieur, qui était de 19% en 1980, est de 32% en 1995
La politique des ZEP (zones d’éducation prioritaires – depuis 1982) - vise également à
oeuvrer pour l’égalité des chances, en luttant contre l’échec scolaire parmi les catégories
d’élèves les plus défavorisées. Elle a pour objectif de favoriser les établissements situés dans
les zones urbaines sensibles, accueillant les populations les plus défavorisées. Les ZEP
permettent d’orienter des moyens supplémentaires vers les établissements scolaires de ces
zones, et de les inciter à développer des projets pédagogiques spécifiques. Ces moyens
devaient permettre d’alléger les effectifs des classes, et de consacrer des heures d’enseignants
au soutien des élèves en difficulté. Prolongeant cette effort, la loi pour l’égalité des chances
votée en mars 2006 a prévu de créer des classes préparatoires dans les lycées situés en ZEP,
afin de faciliter l’accès de leurs élèves aux filières les plus prestigieuses de l’enseignement
supérieur.
L’annonce de la création des collèges « ambition réussite » par Gilles de Robien fin 2005, va
également dans ce sens. Selon le ministre, la politique d’éducation prioritaire doit être redéfinie : elle
a souffert d’un saupoudrage des crédits (on a donné trop peu en voulant donner à trop de monde),
nuisant à son efficacité. Pour redonner un élan à l’éducation prioritaire, Gilles de Robien a décidé de
repenser complètement le système à partir d’une logique fondée sur l’aide à apporter aux élèves, et
d’une action spécifique ciblée sur les collèges les plus en difficulté. Quatre critères nationaux seront
retenus pour déterminer la liste de ces établissements, qui constitueront le "niveau 1" de l’éducation
prioritaire : la situation sociale des familles (plus de deux tiers de catégories socioprofessionnelles
défavorisées) ; la part d’élèves ayant un retard supérieur à deux ans à l’entrée au collège ; l’évaluation
des résultats à l’entrée en 6e ; le nombre d’élèves non francophones. Selon ces critères, 200 à 250
collèges où les élèves sont le plus en difficulté seront labellisés collèges "ambition réussite”. C’est là
que les efforts et les moyens financiers seront concentrés. Des enseignants expérimentés seront
affectés dans ces collèges, et chargés d’accompagner les élèves dans le cadre de programmes
personnalisés de réussite éducative. Des assistants pédagogiques (étudiants se destinant aux métiers de
l’enseignement) assureront l’aide aux devoirs et participeront au soutien scolaire. Tous les collèges et
écoles (pour les élèves de C.E.2, C.M.1, C.M.2) des "réseaux de réussite” devront mettre en place
quatre soirs par semaine des études accompagnées obligatoires : celles-ci seront encadrées par des
enseignants volontaires ou de futurs enseignants (assistants pédagogiques) ou par des associations,
dans le cadre des contrats de réussite éducative.
L’utilité d’un brassage social plus important, et d’une diversification des recrutements dans
l’enseignement supérieur est reconnu mais se heurte à une tradition d’élitisme à la française.
Face à l’incapacité des grandes écoles à intégrer les lycéens des ZEP, le directeur de Sciences
Po à décidée en 2001 d’introduire de manière volontariste une plus grande mixité sociale, en
réservant une voie d’accès dérogatoire aux meilleurs élèves de lycées situés dans les ZEP. Les
frais de scolarité y sont par ailleurs modulés en fonction des revenus des parents depuis 2004.
Ces mesures de « discrimination positive » (traitement préférentiel accordé aux membres
d’une minorité) visent à rétablir une meilleure égalité des chances dans l’accès aux filières
d’excellence de l’enseignement supérieur.
Enfin, avec les entreprises et les collectivités locales, l’Etat est un des acteurs de la formation
continue, celle-ci étant conçue notamment comme un moyen de favoriser l’employabilité des
salariés les moins qualifiés, ainsi que la promotion professionnelle par l’acquisition de
compétences nouvelles.
2) Au travers du rôle régulateur de l’état dans le domaine économique et social
(protection sociale, fiscalité, aide aux plus défavorisés)
L’action de l’Etat-Providence a également pour objectif de corriger les inégalité les plus
criantes afin de réduire l’inégalité des chances, et donc de favoriser l’insertion sociale des
personne les plus démunies.
Il le fait au travers de sa fonction de redistribution des revenus, consistant à prélever des
ressources et à les réaffecter entre groupes sociaux au nom de la justice sociale.
Pour cela, l’Etat utilise 3 catégories d’instruments : la fiscalité (prélèvement d’impôts),
l’octroi de prestation sociales et la fixation de normes aux acteurs économiques et sociaux
(ex : le salaire minimum, la construction de logements sociaux…).
La fiscalité réduit les inégalités sociales grâce à la progressivité de l’impôt (la charge de
l’impôt en proportion du revenu des ménages est d’autant plus élevée que le revenu s’élève).
Les prestations sociales organisent une redistribution importante entre catégories sociales, et
notamment verticales entre les hauts et les bas revenus en faveur de ces derniers, en prenant
en charge un certain nombre de risques (maladie, vieillesse, chômage) et /ou de situations
économiquement contraignantes (maternité et familles nombreuses, invalidité).
Les dépenses sociales de l’état diminuent nettement les inégalités et la pauvreté : selon
l’Observatoire National de la Pauvreté, la proportion des ménages pauvres en 2001 aurait été
plus de 2 fois supérieure sans les prestations sociales (qu’il s’agisse de prestations ciblées
sous conditions de ressources comme les minima sociaux, ou de prestations sans conditions
de ressources comme les allocations familiales).
Par exemple, le droit au logement étant un droit fondamental dont l’exercice conditionne celui
de toute une série d’autres droits, les pouvoir publics accordent des aides au logement afin de
réduire la charge financière pour les ménages aux revenus les plus modestes. Ils encouragent
également la construction de logements sociaux, avec des loyers accessibles.
Par des aides diverses, en matière d’éducation (les bourses par exemple), en facilitant l’accès
aux soins pour les plus démunis (création de la CMU depuis 1999), en accordant la gratuité ou
des tarifs très bas pour certains services publics (transports en commun), ils s’efforcent de
promouvoir une certaine égalité des chances.
Ils s’efforcent enfin de réduire l’inégalité sociale, en luttant contre l’exclusion : politiques
d’insertion (création du RMI et du RMA), accompagnement des chômeurs….
3) Au travers des politiques de lutte contre les discriminations :
Elles ont pour objectif de lutter contre les discriminations (différences de traitement) dont sont
victimes les français en raison de leur couleur de peau, de leur origine ethnique ou sociale, de
leurs opinions ou de leur sexe, dans les domaines de l’accès à l’embauche, des possibilités
d’évolution professionnelle des salariés, de l’accès au logement, à la justice (aide
juridictionnelle), du droit à l’ouverture d’un compte bancaire…
Les pouvoirs public ont ainsi créé en 2005 la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les
Discriminations et pour l’Egalité), en lui assignant les missions suivantes :
lutter contre les discriminations de toutes sortes prohibées par la loi (accès au w, au logt, à
l’aide juridictionnelle, à un compte bancaire …) : recommandations, médiations, actions en
justice.
accompagner les victimes et faire valoir leurs droits (saisine directe par les particuliers)
identifier et promouvoir les bonnes pratiques
Les pouvoirs de la HALDE ont été renforcés récemment, par la loi pour l’égalité des chances
de 03/2006.
Des testings (à savoir l’envoi de CV factices présentant des profils similaires à des offres
d’embauche), menés par des sociologues ou des associations de lutte contre le racisme, ont
confirmé l’existence de ces discriminations à l’embauche. Les hommes blancs « standard »
ont reçu 75 propositions (5 fois plus) que les candidats maghrébins (14 propositions), lors du
testing effectué par le sociologue Jean-François Amadieu du CERGORS. Mais les femmes
n’en ont reçu que 69, les candidats au physique disgracieux 20, les personnes handicapées 5,
etc…
La loi de 03/2006 prévoit également l’institution du « CV anonyme », dans les entreprises de
50 employés et plus, c’est- à-dire que les informations demandées au candidat à un poste
doivent être examinées dans des conditions qui préservent son anonymat. Certaines
entreprises utilisent déjà cette pratique dans leurs procédures de recrutement. Par ailleurs, elle
prévoit que le testing constitue désormais une preuve juridique dans le cadre des affaires de
discrimination.
Les lois concernant l’égalité professionnelle et la parité homme/femme visent également à
lutter contre la différence d'accès aux professions et dans les salaires, ainsi qu’en politique, que l’on
constate entre les hommes et les femmes. Les premières lois sur l’égalité professionnelle des
hommes et des femmes datent de 1983 (loi Roudy) et 2001 (loi Génisson). La loi Roudy
institue le principe d'égalité de rémunération entre hommes et femmes. De plus, elle imposait
aux entreprises de plus de 50 salarié(e)s d'établir un rapport sur la situation comparée des
hommes et des femmes, et de proposer au comité d'entreprise de débattre sur ce thème. Des
dispositions qui n'ont quasiment jamais été appliquées. La loi Génisson vient renforcer la loi
Roudy en développant le dialogue social sur l'égalité professionnelle. En effet, ce nouveau
texte ajoute spécifiquement l'égalité professionnelle aux autres négociations annuelles
obligatoires au sein des entreprises, tout en faisant obligation de la prendre en compte dans le
champ de toutes les autres négociations, sous peine de sanctions pénales.
Un débat sur la parité, à savoir la représentation égale des femmes et des hommes dans les
institutions élues de la République, lancé par des associations féministes, a émergé dans les
années 1990.
Il a abouti à la loi constitutionnelle du 8 juillet 1999, qui stipule que : « la loi favorise l’égal
accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives » (article 3) et
« les partis et groupements politiques contribuent à la mise en oeuvre de ce principe dans les
conditions déterminées par la loi (article 4). Elle a été complétée par la loi du 6 juin 2000, qui
modifie le code électoral concernant les élections municipales et européennes, afin de faire
une place égale aux femmes.
Obligation aux formations politiques de présenter autant de femmes que d’hommes
sur les listes de candidats dans les communes > 3 500 habitants
Obligation de présenter alternativement un homme et une femme sur les listes de
candidats aux élections européennes
modification des conditions d’attribution du financement public des groupements
politiques (limité lorsque l’obligation de parité n’est pas respectée)
Toutefois, si l’action des pouvoirs publics reste indispensable, elle n’a pas permis d’éradiquer
certaines formes de reproduction sociale.
II La persistance de certaines formes de reproduction sociale
La reproduction sociale correspond au maintien de la position sociale d’une génération à
l’autre. Elle est exprimée par l’adage : « tel père, tel fils ». Un puissant mécanisme de
reproduction est bien à l’oeuvre dans la société française. Une tendance à l’immobilité sociale
se lit dans les enquêtes, les trajectoires de mobilité verticale sont souvent courtes. Un fils
d’ouvrier a une chance sur 4 d’être profession intermédiaire, mais une chance sur 10 d’être
cadre (tables de mobilités 1996).
1) Les injustices et les insuffisances dans le fonctionnement de l’Etat providence :
La fiscalité français n’est pas suffisamment redistributive, contrairement aux systèmes
allemands ou anglais, car elle fait la part belle aux impôts indirects (impôts sur la
consommation). En effet, seul l’impôt sur le revenu est nettement progressif quand on s’élève
dans l’échelle des revenus. Les autres impôts sont neutres (ils sont proportionnels aux
revenus), soit nettement régressifs comme la TVA. Or l’impôt sur le revenu représente en
France un poids nettement inférieur à celui de nos partenaires européen, la 1ère ressource
fiscale de l’Etat étant la TVA.
Sur 100 euros collectés par l’Etat et les collectivités locales, les impôts sur le revenu et le patrimoine
représentent : 21 € en France 47 € en GB
31 € en Allemagne 58 € aux USA
41 € en Belgique
Par ailleurs, notre impôt sur le revenu est relativement peu progressif, en raison de certaines règles : possibilités
de déductions du revenu imposable ou de l’impôt, et surtout système du quotient familial, qui est un moyen
d’atténuer fortement la progressivité de l’impôt dès que l’on a des enfants.
Les contradictions du système de protection sociale nuisent à son efficacité. Il s’est développé
dans des directions contradictoires : donner aux familles une aide proportionnelle aux
revenus, distribuer des prestations indépendantes des ressources des ménages (allocations
familiales), aider les ménages les plus pauvres par des prestations assorties de conditions de
ressources. Il faudrait aller vers une plus grande sélectivité des prestations sociales au profit
des bas revenus, dans un objectif de justice sociale.
La complexité du système le rend par ailleurs illisible pour ses principaux bénéficiaires, les
catégories les plus défavorisées (empilement de dispositifs par type de problèmes, par
catégories de personnes..). Et surtout, les aides sociales sont construites de telle manière que
le fait de chercher à améliorer sa situation par le travail peut conduire à la détériorer (perte des
droits connexes liés aux minima sociaux quand on reprend une activité professionnelle).
Alain Minc estime par ailleurs que subsistent de grandes injustices dans le fonctionnement de
l’Etat providence en France :
- C’est une machine à redistribuer à l’aveugle au sein de la classe moyenne : elle redistribue
les revenus pour les 5% et les maintient pour les 95%.
- l’existence de niches fiscales rend le système inégalitaire, ces niches profitant aux ménages
les plus aisés (ex : réductions d’impôts pour garde d’enfant à domicile, ou emploi d’une
femme de ménage)
2) L’Ecole, loin d’être un vecteur de justice sociale (méritocratie à la française)
reproduirait les inégalités sociales de départ :
Certains sociologues ont contesté la fonction méritocratique de l’école. Ces analyses
s’appuient sur les différences de réussite solaire des élèves en fonction de l’origine sociale.
Ainsi, dans un ouvrage classique au titre significatif (La reproduction), Pierre Bourdieu a
montré que l'école ne libérait guère des déterminismes sociaux de la « naissance » : en traitant
tous les élèves de la même façon, le système scolaire ne fait qu’entériner les inégalités
sociales de départ. La culture qu'elle diffuse et en fonction de laquelle elle porte ses
jugements, bien que spécifique, est plus proche de celle des classes supérieures que des autres.
Bourdieu réfléchit en terme de capital : les inégalités sont évidentes quant à la dotation en
capital économique, mais s’accentuent avec le capital culturel (modèle culturel transmis par la
famille, qui va faciliter plus ou moins l’acquisition des savoirs transmis à l’école) et social
(réseau social et amical dont peut bénéficier le titulaire d’un diplôme pour son insertion
professionnelle).
En privilégiant d'autres facteurs explicatifs, les analyses de Raymond Bourdon débouchent sur
des résultats comparables : la réduction des inégalités scolaires n'a pas nécessairement d'effets
de même sens sur les inégalités sociales.
Malgré la croissance quantitative de l’ensemble des effectifs scolaires, la reproduction sociale
persiste au sein du système scolaire éducatif français.
Le système est centré sur la reproduction des élites. La philosophie du système scolaire
français est l’inverse de celle du système scandinave : elle met l’accent sur la sélection des
meilleurs, et pas sur la réussite de tous. Dans le système scandinave, tout est mis en oeuvre
pour traiter l’échec scolaire (moyens, nombre d’enseignants…). En France, l’école n’offre pas
d’autre solutions aux jeunes les plus en difficulté que d’attendre 16 ans, au lieu de mettre le
paquet pour les former.
La lutte contre l’échec scolaire n’a pas été suffisante. La politique des ZEP s’est traduite par
un échec, car elle n’a pas eu les moyens nécessaires pour être efficace : l’écart en nombre
d’élèves par classe par rapport aux établissement ordinaires a été insuffisant, le turn-over des
professeurs trop important. Le nombre d’instituteurs nommés pour aider les élèves en
difficulté est insuffisant.
Les sections d’enseignement les plus prestigieuses et qui ouvrent vers les meilleurs
professions renforcent leur caractère élitiste. Ainsi, à peine 1% d’une classe d’âge intègre
l’une des 4 principales grandes écoles françaises (ENS, HEC, polytechnique et ENA) et ce
pourcentage est inchangé depuis 40 ans, en dépit de la massification de l’enseignement.
Ces filières prestigieuses (grandes écoles et classes préparatoires) ne favorisent pas le
brassage social fondé sur la prise en compte des seules aptitudes intellectuelles : 80 à 90% des
élèves proviennent de familles dont au moins l’un des parents est cadre supérieur, membre
d’une profession libérale ou enseignant. Le système est basé sur une sélection à l’entrée, des
effectifs réduits, et un coût des études relativement élevé. Elles monopolisent par ailleurs une
part disproportionnée des ressources financières en faveur d’une minorité déjà favorisée par
ses origines, réduisant ainsi les marges de manoeuvre budgétaire disponibles pour l’université,
accessible à tous.
Il n’y a pourtant pas de fatalité, une évolution est possible pour se rapprocher des
caractéristiques du système scandinave. L’écart entre les meilleurs et les moins bons élèves
(notamment en Finlande) et beaucoup plus faible qu’en France, le poids de l’origine sociale
dans la réussite scolaire plus faible. Par ailleurs, de 70% à 80% d’une classe d’âge y
obtiennent un diplôme de l’enseignement supérieur (73% en Finlande, 80% en Suède), contre
seulement 38% en France.
Conclusion :
L’Etat cherche à corriger les tendances du corps social à l’immobilisme et à la reproduction
des élites, par différentes politiques : politique d’éducation, fiscalité, protection sociale, aide
au plus défavorisés, lutte contre les discriminations. Mais le contexte économique actuel
contrarie ses efforts dans ce domaine : chômage de masse, mondialisation qui accentue les
inégalités au sein des pays développés.
Les résistances sont également nombreuses dans le corps social, et expliquent la persistance
de certaines formes de reproduction sociale. En témoigne l’opposition au projet
gouvernemental de CV anonyme, afin de lutter contre les discriminations à l’embauche,
qu’ont élevé les syndicats de salariés. Elle témoigne de l’existence d’un monde du travail à
deux vitesses : des salariés protégés, qualifiés et disposant de contrats de travail à durée
indéterminés, face à un noyau de salariés alternant travail précaire et périodes de chômage.
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