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Discours politique féminin au Maroc

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Par   •  30 Septembre 2021  •  Étude de cas  •  2 164 Mots (9 Pages)  •  443 Vues

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Discours politique féminin au Maroc : Etude analytique et comparative

  • Contexte historique et politique

Depuis quelques décennies, la présence et la visibilité des femmes dans l’espace public au Maroc a cessé d’être marginale. En effet, l’accès à l’enseignement, l’entrée dans le monde du travail salarié, la participation de plus en plus importante au secteur politique indiquent une société en mutation, marquée par des changements continuels et les revendications sociales, économiques et politiques d’un mouvement de femmes désormais conscientes de leur potentiel.

Le développement du mouvement des femmes a été fortement influencé par le contexte historico-politique du Maroc. A l’instar d’autres pays, le mouvement de libération nationale permit et encouragea la participation des femmes en dehors de la sphère privée. Le nationalisme marocain, marqué par le mouvement de la « nahda » (renaissance) arabe, avait la conviction que le développement de la société passait par l’intégration socio-économique des femmes, grâce tout particulièrement à l’éducation. Ainsi, à cette époque, les premières organisations de femmes sont apparues (Union des Femmes du Maroc, 1944 ; Commission des Femmes Istiqlaliennes, 1946 ; «Les sœurs de la Pureté», liées au parti Hizb al-Chura wa-l-Istiqlal, 1946). Leur activité se consacrait principalement au travail social et la lutte pour l’indépendance bien que leur rôle se limita à appuyer le mouvement national.

L’indépendance en 1956 amena son lot d’obstacles. Compte tenu de la difficulté de mettre en route un modèle étatique et des affrontements entre les différents acteurs politiques, les femmes qui participèrent activement au mouvement de l’indépendance furent éclipsées et restèrent dans l’ombre de leurs partis. Les deux  décennies suivantes (1960 -1970) furent principalement marquées par l’autoritarisme et la limitation des libertés publiques. Toutefois, l’idée de l’émancipation de la femme n’a cessé d’être évoquée grâce à la création de cellules féminines comme l’Union nationale des femmes marocaines (1969) et l’Association marocaine de planification familiale (1971) destinées à incarner le «féminisme d’Etat».

A partir des années 80, le mouvement associatif et politique féminin commença à se consolider et à acquérir une certaine autonomie. Un de ses principaux axes de revendications a été et continue d’être l’intégration des femmes à l’arène politique. En effet, les participantes à ce mouvement n’ont cessé de mettre en lumière les raisons qui les empêchent d’accéder à la sphère politique. D’un côté, il y a la persistance d’une construction culturelle des relations entre hommes et femmes, due, en grande partie, au système éducatif et social qui continue à transmettre l’image de la femme «mère et épouse» sans tenir compte de la nouvelle réalité sociale. Force est de constater que l’évolution de la situation des femmes est caractérisée par la reconnaissance de ses droits politiques alors que ses droits personnels n’évoluent guère. D’un autre côté, l’immobilisme du pouvoir et le fonctionnement des mécanismes de représentation ont empêché l’exercice et l’apprentissage d’une culture politique démocratique, citoyenne et égalitaire.

Cependant, cet état de chose commence à changer dès le début des années 90 grâce au processus de libéralisation politique entrepris par le Maroc. Depuis la Réforme constitutionnelle de 1991, le renforcement du multipartisme, les initiatives de l’opposition politique, l’amorce d’une alternance de pouvoir, en passant par les élections de 1997, annoncent une phase de transition politique au Maroc qui laisse entrevoir une volonté de poursuivre un renouvellement du jeu politique.

Les femmes ont activement participé à ce processus, présentant des revendications spécifiques et participant au nouveau paysage politique, bien que leurs espérances soient loin d’être réalisées et que les résultats obtenus ne reflètent pas, une fois de plus, l’évolution considérable intervenue sur le terrain.

À partir de l’an 2000, un grand nombre de partis politiques ont adopté des quotas de près de 20% pour la composition de leurs instances de décision à l’échelle nationale. À cet égard, l’article 22 de la loi sur les partis politiques impose aux partis de prévoir dans leur règlement la proportion réservée aux femmes et aux jeunes dans les instances dirigeantes du parti.

La Constitution marocaine consacre le droit à l’égalité entre hommes et femmes et reconnaît explicitement aux femmes des droits politiques. L’article 8 de la Constitution stipule que «l’homme et la femme jouissent de droits politiques égaux… (et que) sont électeurs tous les citoyens des deux sexes jouissant de leurs droits politiques égaux». Il existe également d’autres articles qui évoquent l’égalité politique implicitement en termes généraux. Ainsi, l’article 12 dispose que «tous les citoyens peuvent accéder, dans les mêmes conditions aux fonctions et emplois publics». Le code électoral dispose dans son article 3 que «sont électeurs les Marocains des deux sexes âgés de vingt années grégoriennes révolues et jouissant de leur droits civils et politiques et n’étant dans aucun des cas d’incapacité prévus par la présente loi».

Suite à la réforme de 2008, la femme se verra accorder «un quota» de 12% lors des élections communales de 2009. Bien qu’en-deçà des 30% demandés par le mouvement des femmes, le taux de présence féminine dans les communes sera multiplié par 21, en passant, de 0,56% à 12%.

La réforme politique amorcée par le Maroc a mis en évidence les inégalités que subissent les femmes dans le milieu politique tout en revitalisant la cause des femmes. Pourtant, les résultats globaux indiquent que cette cause répond plus à une prise de position politique qu’à des objectifs réels. Nous n’avons pas assisté à une intégration significative des femmes dans le jeu politique.

En effet, cette incontestable sous-représentation des femmes dans l’espace politique a incité  les associations féministes à se mobiliser pour faire face à cette injustice en se penchant, à travers des recherches et études, sur l’analyse des facteurs d’exclusion et d’inégalités d’ordres constitutionnels, politiques, économiques et socioculturels auxquels sont soumises les Marocaines tout en évoquant un ensemble de mesures pour surmonter ces inégalités. Ainsi, les revendications en faveur de la parité ont réussi à mettre en exergue la problématique de la sous-représentation des femmes dans la sphère politique et les conséquences de la rareté des femmes dans les instances de décision sur le processus démocratique engagé par le Maroc.

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