Stimuler la croissance économique
Dissertation : Stimuler la croissance économique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Laetimartini • 12 Mars 2016 • Dissertation • 2 661 Mots (11 Pages) • 1 010 Vues
Sujet : A quels changements les grandes entreprises capitalistes ont-elles dû procéder pour se développer dans l’économie mondiale ?
Introduction :
Parler d’entreprise en France, et en particulier dans le système éducatif français, est difficile car le discours est ambigu et chargé d’idéologies. Roger Martin, ancien président de Saint-Gobain – Pont-à-Mousson reconnaissait que lors de ses passages à Polytechnique et à l’Ecole des mines en 2003, il n’avait pas entendu parler d’entreprise, ni de marché. En revanche, dès 1927, à Harvard, aux Etats-Unis, la « business history » est déjà enseignée. L’approche éducative de l’entreprise semble différente selon les pays.
Dans l’histoire économique et sociale des pays industrialisés, si les grandes entreprises ne sont pas les seules responsables des changements opérés, car l’Etat est présent, il n’en reste pas moins qu’elles y participent activement, surtout depuis la révolution industrielle. Penser le rôle des grandes entreprises capitalistes dans l’histoire économique et sociale suppose de prendre en compte deux dimensions : celle des changements dans leurs structures et celle de la modification du contexte dans lequel ces changements s’opèrent. Ainsi, l'internationalisation des économies et changements dans les grandes entreprises capitalistes sont liés.
Les changements dans les grandes entreprises peuvent avoir plusieurs facettes, tant sur le plan de la production, que sur ceux des conditions de travail, des stratégies de l’entreprise, de son organisation, de son financement… La grande entreprise n’existe pas, il faut la définir. La taille (plus de 500 salariés par exemple) n’a pas vraiment de sens ; le pouvoir d’action semble plus révéler la réalité des grands groupes, car un grand groupe pèse sur les orientations, les décisions, les évolutions du commerce mondial… Par ses stratégies, la grande entreprise capitaliste exerce une pression sur les évolutions du commerce international, mais l’inverse est également vrai. Alors, depuis le début de la révolution industrielle, quels sont les changements que les grandes entreprises capitalistes ont dû réaliser pour s’intégrer dans le commerce mondial ?
Pour répondre à cette question, nous verrons que les grandes entreprises capitalistes ont connu des changements productifs importants, impulsés et entraînés par leur intégration économique mondiale (I). L’entrée dans le commerce mondial et le fait d’y rester supposent que les grandes entreprises modifient leurs manières d’organiser le travail, les relations sociales et leurs objectifs (II). Le nouveau contexte de globalisation financière a également changé les modes de financement et de gouvernance des grandes entreprises capitalistes (III).
I) Changements productifs dans les grandes entreprises capitalistes et nouvelle division internationale du travail
a) La vérification du slogan « big is beautiful » sur le long terme et sur un plan international
Développement des échanges rime très souvent avec développement industriel et concentration des entreprises. Ainsi, comme le soulignent Maurice Lévy-Leboyer et François Bourguignon, au XIXe siècle, les pays qui se développent sont ceux qui s’ouvrent sur l’extérieur et qui ont le plus souvent des entreprises de grande taille (Grande-Bretagne, Allemagne, Etats-Unis…). Certes, la fin du XIXe siècle est marquée par des replis protectionnistes importants (Paul Bairoch), mais le degré de concentration reste une condition indispensable au retour sur la scène internationale (comme lors des années 1920, où ce sont surtout les grands groupes américains qui vont permettre la croissance des échanges internationaux).
L’intégration dans la nouvelle division internationale du travail suppose donc d’atteindre une taille critique. On retrouve cette situation sur la période fordiste, avec la croissance des investissements directs étrangers de la part des grandes entreprises américaines (ITT, General Motors…) dans les années 1960. Le secteur des services est également concerné (les « Big Five » anglaises, les « 5 D » allemandes, les grandes banques américaines…). Sur la période récente, les années 1990 ont vu des mégafusions s’opérer en liaison avec le nouveau contexte technologique et l’accélération de l’ouverture internationale des économies. La mondialisation exerce une pression forte à l’augmentation de la taille des entreprises. Le nombre de fusions-acquisitions augmente avec la croissance du commerce international, afin de mieux se positionner sur le marché (fusion récente entre Mittal et Arcelor sur le marché de l’acier, prévue entre Suez et Gaz de France sur celui de l’énergie).
Le marché mondial augmentant rapidement, les grandes entreprises ont également à répondre à cette demande croissante en produisant en masse (taylorisation des modes de production). Henry Ford avait montré la voie, dans les années 1910 ; les autres grandes entreprises suivront dans l’entre-deux-guerres et surtout après 1945. La demande externe croissante crée un effet d’offre sur les grands groupes industriels (surtout sur la fin des Trente Glorieuses). Aujourd’hui, l’effet d’offre est toujours présent, mais la demande mondiale se diversifie de plus en plus, ce qui oblige les grandes entreprises à prendre en compte cette diversification dans leurs techniques de production.
b) Délocalisations, restructurations, externalisations et gestion minimale des coûts
Pour se développer à l’international et maintenir leurs positions, voire les accroître, les grandes entreprises doivent s’adapter aux conditions changeantes du marché mondial. Si, sur le XIXe siècle et jusqu’à 1960, les positions des grandes entreprises occidentales restaient assurées, la concurrence vive et l’émergence de nouveaux pays (Japon, nouveaux pays industrialisés asiatiques… Chine) vont venir bouleverser la donne (voir Commerce international. La fin des avantages acquis, de Gérard Lafay, éd. Economica, 1989). L’exemple d’IBM est assez caractéristique. En position de monopole dans les années 1970, l’entreprise a failli disparaître à cause de la concurrence, en particulier japonaise, avant de se redresser au prix de changements structurels importants (recherche, nouveaux produits, réduction d’effectifs…).
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