LA PRISON

LA PRISON

1. La prison est un des espaces caractéristiques des sociétés modernes et s’est imposée comme l’instrument privilégié pour la régulation, le contrôle et le châtiment des comportements sociaux jugés déviants. Symbole de la coercition légitime de la part de l’Etat, elle est le lieu où se concrétisent et se montrent les politiques pénales - qui révèlent les logiques qui la justifient, qui sous-tendent et déterminent ses objectifs, et qui désignent les actes, les groupes et les individus déviants -. Elle est aussi, et surtout, le lieu où se réalisent les pratiques pénitentiaires - qui instituent les modes de gestion des individus détenus par le système carcéral-.

La prison est de ce fait l’objet d’intérêts divers qui témoignent de ses dimensions multiples. Plus particulièrement, l’intérêt socio-anthropologique s’attache à l’étude des diverses composantes de l’univers de la prison et des caractéristiques de la population carcérale, à l’analyse de la vie quotidienne et aux facteurs qui influencent l’adaptation des détenus à son système social spécifique, à ses relations avec la société globale, etc.

2. En tant que site de recherche, la prison est, en elle-même, un objet extrêmement complexe.

Lieu d’enfermement des prisonniers, elle constitue un milieu de vie contraignant et frustrant, rassemblant, pour des périodes plus ou moins longues, des individus aux caractéristiques sociales, religieuses et culturelles différentes.

Elle est aussi une institution gérant les nécessités de la vie quotidienne, fournissant des services éducatifs ainsi que des facilités médicales et de travail. Elle constitue de ce fait un lieu de travail multi professionnel pour un nombre d’individus – personnel carcéral et intervenants divers - travaillant sous des auspices légaux et des idéologiques professionnelles différentes et, souvent, opposées.

3. En tant qu’organisation sociale, elle est un lieu de rencontre de trois groupes principaux – détenus, personnel carcéral et intervenants - dont les rôles sont différents, les statuts inégaux et opposés, et les objectifs divergents sinon contradictoires.

4. Malgré l’intérêt croissant dont elle fait l’objet et son ouverture à la société, les représentations de la prison sont encore déterminées par un ensemble de préjugés concernant l’institution et les individus qui y sont détenus. Ces préjugés sont conjugués à une indignation et à une incompréhension lorsqu’il s’agit des prisons féminines et, surtout, des femmes emprisonnées.

La représentation des femmes en prison est, en effet, souvent genrée, la délinquance et la criminalité étant considérées comme des attributs plutôt masculins, ne faisant pas partie des caractéristiques de la « féminité ». L’espace carcéral est, en réalité, un domaine essentiellement masculin, le faible taux des femmes emprisonnées étant un phénomène universel et commun à toutes les sociétés.

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