Étudier la façon dont les entrepreneurs de morale instaurent les normes et les font appliquer dans des cas particuliers, c’est étudier la manière dont les catégories de statut supérieur maintiennent leurs positions.
Dissertation : Étudier la façon dont les entrepreneurs de morale instaurent les normes et les font appliquer dans des cas particuliers, c’est étudier la manière dont les catégories de statut supérieur maintiennent leurs positions.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Lacrimzonik • 10 Avril 2016 • Dissertation • 1 637 Mots (7 Pages) • 1 787 Vues
Sociologie : Plan détaillé[pic 1][pic 2]
Sujet n°1 : « Étudier la façon dont les entrepreneurs de morale instaurent les normes et les font appliquer dans des cas particuliers, c’est étudier la manière dont les catégories de statut supérieur maintiennent leurs positions. » (Howard S. Becker, Outsiders, 1963)
Serge Aurier, footballeur professionnel du Paris Saint-Germain, lors d’une vidéo diffusée sur un réseau social a tenu des propos injurieux envers certains de ses coéquipiers et de son entraineur en répondant aux questions d’internautes. Le club parisien a alors décidé de sanctionner son joueur en raison de ses propos et de son comportement jugés inadmissibles et non conforme à celui d’un footballeur professionnel.
Des interactions sociales existent entre les individus faisant partie de groupes sociaux. Au sein de ces différents groupes, des manières de « vivre ensemble » se développent. Ces règles de vie en société́ sont des normes sociales qui s'appuient sur un ensemble de valeurs propres aux groupes et qui régissent les conduites individuelles et collectives (la politesse, le respect, l’interdiction de vol..). Cependant, le sujet vise à nous intéresser aux entrepreneurs de morale, qui sont-ils ?
C’est un individu ou un groupe d’individus qui cherche à influencer un groupe de personnes dans le but de lui faire adopter (instauration) ou maintenir (renforcement) une norme. Les entrepreneurs de morale doivent à la fois concentrer le pouvoir, se procurer le soutien du public, et être capable de proposer des solutions claires et acceptables au problème qu'ils posent. Les individus doivent se conformer aux normes sous peine de sanctions de la part de la société́. Il faut donc s'interroger sur les moyens qu'utilisent la société́ et les groupes sociaux pour rendre les individus conformes aux attentes du groupes ou de la société́. Mais aussi s’interroger sur l’intérêt et les objectifs de ces normes. Toutes ces interrogations nous amènent à la position de l’individu dans la société et le fait de maintenir « sa catégorie de statut supérieur ». Comment formaliser cette catégorie de statut supérieur ? Doit-on se baser sur leur revenu, sur leur légitimité, sur leur bagage intellectuel ? Selon Bourdieu, l’espace social est un espace multidimensionnel où l’on doit prendre en compte la structure, le volume et l’ancienneté du Capital. Une catégorie de statut supérieur allierait donc des conditions de vie élevés (capital économique fort) et des pratiques culturelles importantes.
On peut alors se demander dans quelles mesures un individu ou un groupe d’individu peut-il influencer la société ?
Dans un premier temps, nous analyserons la création et l’application de normes par les entrepreneurs moraux puis nous analyserons la distinction des positions sociales.
I) Les normes
- La déviance
Toute notre vie sociale est définie par des règles, des conventions, des chartes que l’on nomme des normes sociales. L’Ecole de Chicago va alors définir le phénomène de « déviance » qui correspond à un comportement jugé non conforme ou anormal aux normes sociales d'un groupe, à un moment donné, et qui s'accompagne de sanctions. La déviance provoque une réaction comme la réprimande, la dénonciation visant à condamner l’action jugée comme non conforme aux normes sociales.
Exemple : voir l’exemple de Serge Aurier en introduction.
Ainsi, le phénomène de déviance est récurrent au sein de la société, il est donc nécessaire de créer des normes afin de maintenir l’ordre.
- La création de normes
Les normes apparaissent donc comme nécessaires pour le bon fonctionnement et le bon vivre ensemble de la société car elles produisent des règles fondées sur des valeurs universelles.
Becker dans Outsiders, développe une théorie interactionniste de la déviance et s'intéresse aux producteurs de normes qu’il nomme les entrepreneurs de morale. Ils se mobilisent pour qu'une activité́ donnée soit catégorisée comme socialement déviante et ainsi instaurée une norme. Le pouvoir et la légitimité sont à la fois la condition et l'enjeu de la création de la norme. Il faut alors occuper une position dominante pour parvenir à imposer sa propre conception du normal et du déviant. Les entrepreneurs personnels créent ses normes dans le but d’atteindre leurs intérêts personnels.
Exemple : Becker dans Outisders montre comment le bureau des narcotypes joue un rôle actif pour faire considérer la consommation de marijuana comme un délit grave dans les années 30 (campagne sensibilisation, publication d’articles, pression sur les représentants..)
- L’application des normes
Ces normes peuvent être formelles c’est-à-dire sous forme de lois, de règlements (normes juridiques : interdiction de tuer) ou informelles telles que des mœurs ou coutumes ou conventions qui ne sont pas l’objets d’articles de loi mais supposées respectées par les individus (les règles de politesse, les règles de comportement à table...).
La notion d'étiquetage est propre à Becker et correspond au fait que l’individu soit perçu comme un transgresseur de la norme établie, et la société va alors lui apposer l'étiquette de déviant. C’est donc le mécanisme par lequel les membres d'un groupe ou les institutions d'une collectivité désignent un individu comme déviant.
Goffman va ajouter le processus de stigmatisation où un individu est marqué par une différence (physique ou morale), cette différence l’exclut de la société car il ne possède pas les attributs ordinaires propres à l’identité sociale de la catégorie. Le stigmate permet donc de désigner un attribut qui jette un discrédit profond à l’individu concerné le rendant discrédité (diverses difformités, tares du caractère). Cette discréditation détruit ainsi ses droits d’appartenance à la société, on pose une étiquette sur l’individu (processus d’étiquetage).
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