La révolution verte en Inde
Mémoire : La révolution verte en Inde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vick0 • 15 Mai 2019 • Mémoire • 2 386 Mots (10 Pages) • 551 Vues
La Révolution verte en Inde
Introduction
La Révolution verte correspond aux politiques agricoles mises en place dans de nombreux pays du Sud dans la seconde moitié du 20e siècle afin d’assurer la sécurité alimentaire face à une démographie importante. Ces politiques reposent sur un recours important aux nouvelles technologies avec des variétés à haut rendement, des engrais chimiques, l’irrigation et des pesticides .
En Inde, la Révolution verte fait référence aux fortes hausses des productions agricoles basées sur l’usage des nouvelles technologies entre le milieu des années 1960 et la fin des années 1970 afin de mettre fin aux épisodes de famines auxquels restaient encore soumis le pays. Durant la période coloniale, les politiques agricoles visaient avant tout à maintenir l'adhésion du peuple au régime colonial et c’est seulement après la famine qui a sévi au Bengal en 1943 que le développement à long terme de la production agricole a commencé à être pris en compte . Après l’indépendance en 1947, la politique agricole de l’Inde s’est surtout concentrée sur l’aspect institutionnel du système agricole avec le développement de structures communautaires et des projets de réformes agraires . Ensuite, à partir des années 1950, avec les premiers plans quinquennaux, une certaine industrialisation de l’agriculture est observable avec le développement de l’irrigation. Cependant ce n’est qu’après la mort de J. Nehru en 1964 et la crise alimentaire de 1964-1965 que la Révolution verte est véritablement lancée par le Premier ministre L. B. Shastri et son ministre de l’Alimentation et de l’agriculture C. Subramanian . Cette nouvelle stratégie agricole repose sur trois éléments : le recours aux nouvelles technologies agricoles et à l’agriculture intensive, la mise en place d’un système de diffusion des intrants et des services permettant une meilleure organisation des crédits agricoles, et puis le contrôle des prix afin de garantir des revenus suffisants aux paysans par le biais d’institutions telles que l’Agence alimentaire de l’Inde et la Commission des prix agricoles créées en 1964 .
Cette étude se penche donc sur les impacts qu’a eu la Révolution verte en Inde et se divise en trois points distincts. Tout d’abord, l’étude cherche à réinscrire ce projet dans le cadre des relations Nord-Sud en soulignant l’influence majeure qu’ont eu certains acteurs occidentaux. Ensuite une analyse des résultats de cette révolution permet de mieux en observer les conséquences socio-économiques. Et pour finir, l’étude met en avant les contre-coûts négatifs pour la santé humaine et l’environnement qu’a engendré la Révolution verte.
La Révolution verte un projet américain entre impérialisme et dépendance technologique
La géopolitique de la Révolution verte dans le contexte de la Guerre froide
La Révolution verte est un programme agricole porté par les Etats-Unis aux lendemain de la Seconde guerre mondiale. Il est possible d’en faire remonter les origines au quatrième point du discours inaugural du président H. S. Truman de 1949 dans lequel il annonce: « (a) bold new program for making the benefits of our scientific advances and industrial progress available for the improvement and growth of underdeveloped areas » . La Révolution verte, avec a sa tête N. Borlaug, le célèbre agronome américain, est clairement un projet occidental affichant la volonté d’éradiquer la faim dans les pays du Sud par le biais de la modernisation des systèmes agricoles. Cependant, ce point 4 s’inscrit avant tout dans le contexte de la Guerre froide. J. H. Perkins avance ainsi que H. S. Truman pose les bases pour la diffusion de l’influence américaine dans les pays moins industrialisés, et cela non pas par les armes mais par le biais du transfert de technologies et de l’exportation du modèle capitaliste. Le point 4 représente en quelque sorte le front technocratique de la Guerre froide . Promouvoir la Révolution verte est donc aussi un moyen d’écarter la révolution rouge.
En Inde, concrètement, l’importation du modèle agricole occidental s’est fait par le biais de trois types d’institutions : le gouvernement américain, les organisations américaines privées, et la Banque mondiale . En 1966, un accord est signé entre les ministres de l’Agricultures des deux pays prévoyant la mise en place de la Révolution verte en Inde. Avant cela, dès les années 1950, les Fondations Ford et Rockefeller sont présentes dans le pays afin de moderniser l’exploitation agricole. Ces organisations participent à la formation des chercheurs indiens et puis au développement et au financement de programmes. En 1959, la Fondation Ford a établi un Programme Pilote en 10 points qui a eu un fort impact sur le lancement de la Révolution verte. La Banque mondiale a, elle, facilité la modernisation en participant aux financement de l’importation du modèle agricole américain.
L’introduction de nouvelles technologies et dépendance
Le concept de Révolution verte repose sur l’introduction de nouvelles technologies afin de favoriser la production agricole avec des variétés de semences à haut rendement, de l’irrigation et des pesticides et engrais chimiques. Les variétés à haut rendement sont très probablement les meilleures représentantes de la Révolution verte, elle correspondent à des types de semences arrivant à maturité de façon précoce et qui dans le cadre de l’agriculture intensive offrent des rendements nettement supérieurs aux variétés traditionnelles . L’adoption de ces nouvelles technologies en Inde s’est globalement déroulée entre 1965 et 1970. Par exemple, dans la région de Pondichéry, entre 1963 et 1988 la surface irriguée par puits tubés a presque doublé en passant de 7697ha à 13739ha .
Cependant ces nouvelles technologies, importées des Etats-Unis, entraînent une dépendance technologique de l’Inde vis-à-vis des firmes occidentales tel que Monsanto. Les paysans indiens sont dépendants des produits chimiques, devenus nécessaires pour la garantie de bonne récoltes, et doivent donc constamment s’approvisionner auprès des géants de l’agro-chimie. De même pour les variétés à haut rendement qui obligent les cultivateurs à en racheter chaque années auprès des producteurs de semences. Les variétés à haut rendement véhiculent un message politique et traduisent le basculement du contrôle de la diversité biologique des grains par les paysans indiens vers les entreprises multinationales . Il est possible d’y voir une forme de néo-colonialisme, et
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