Louvre-Lens : Un Pari
Commentaire d'oeuvre : Louvre-Lens : Un Pari. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dapang2003 • 13 Octobre 2014 • Commentaire d'oeuvre • 430 Mots (2 Pages) • 703 Vues
Le 4 décembre, le Louvre inaugurera son antenne décentralisée à Lens. Un pari artistique, bien sûr, mais aussi économique et social car Lens est l'une des villes les plus pauvres de France.
C'est sans doute l'une des décisions les plus audacieuses de l'histoire de l'aménagement du territoire :
implanter à Lens, au cœur du bassin minier en crise, une antenne du plus célèbre musée du monde. Un choix téméraire car, sans vouloir fâcher personne, il faut dire les choses comme elles sont : Lens est l'une des agglomérations les plus déshéritées du pays. Non seulement les mines ont fermé, mais tous les indicateurs ou presque sont au rouge : pauvreté, chômage, mortalité, échec scolaire, alcoolisme...
Choisir ce lieu pour ériger un nouveau temple de la culture classique n'allait donc vraiment pas de soi.
Dès lors, il y a deux façons de voir les choses. On peut être pessimiste, et considérer que la puissance publique jette l'argent par les fenêtres. Beaucoup d'argent, en l'occurrence, car cet équipement aura tout de même coûté la bagatelle de 150 millions d'euros en investissement, auxquels il faudra ajouter chaque année 15 millions pour le fonctionnement.
Les inquiétudes sont d'autant plus grandes que les conditions du succès ne sont vraiment pas réunies. A la différence du centre Pompidou de Metz, le Louvre de Lens ne se trouve pas à quelques mètres de la gare, mais à plus de 20 minutes de marche. Et surtout, aucune politique d'accompagnement n'a encore été mise en place. Les hôtels censés accueillir les touristes ne sont curieusement toujours pas construits.
Pourtant, on peut aussi se montrer optimiste. En se félicitant d'abord que, pour une fois, la France ne concentre pas ses meilleurs équipements culturels dans la capitale, comme l'avait fait par exemple François Mitterrand avec ses grands travaux.
En se disant ensuite que ce musée constitue pour Lens et le bassin minier une chance extraordinaire de changer d'image et de rebondir économiquement, en suivant le modèle de Bilbao, en Espagne, avec son fameux musée Guggenheim. La renommée du Louvre est telle que Lens peut vraiment espérer attirer des touristes de très loin : de Lille et de Paris, bien sûr, mais aussi de Belgique, d'Allemagne, des Pays-Bas, du Royaume-Uni. On compte 100 millions d'habitants dans un rayon de 100 km autour du musée : ce n'est pas rien.
Dès lors, si les collections du musée sont séduisantes, et elles le seront, et si les élus locaux comprennent enfin qu'ils doivent changer de braquet, le Louvre Lens pourrait bien être la première étape de la reconversion du bassin minier.
Le pari est donc risqué, mais jouable. Verdict dans quelques années.
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