Rupture entre Luther et la pensée de l'église

Entre le XVe et le XVIe siècle, l’Eglise Catholique Romaine jouit d’une position dominante en Europe. Cependant, elle subit à cette époque de nombreuses critiques en raison d’abus et de pratiques controversées : le Pape et les clercs sont souvent accusés de se préoccuper davantage de leur fortune que de leurs fidèles. Un moine allemand et professeur de théologie, Martin Luther, mène ces mouvements de protestation. Dans ce contexte, on peut se demander en quoi les idées de Luther sont en rupture avec le discours officiel de l’église. Pour ce faire, nous détaillerons tout d’abord les points clé du discours de l’Eglise, puis nous expliquerons pourquoi les idées de Luther diffèrent fondamentalement de celles-ci.

Dans un contexte où les chrétiens sont très angoissés par leur salut, l’Eglise occupe une place prépondérante qui lui confère une grande influence vis-à-vis de ses fidèles. Elle encourage notamment la pratique de la pénitence en tant qu'aspect essentiel de la vie spirituelle et de la relation avec Dieu. La pénitence est considérée comme un moyen de se repentir des péchés commis, de se tourner vers Dieu et de chercher le pardon et la réconciliation.

Par ailleurs, à cette époque, l’Eglise met en place les indulgences, c’est-à-dire, le fait d’accorder le pardon total des pêchés en échange d’un don financier à l’Eglise. La mise en avant de ces indulgences auprès des fidèles se faisait à l’occasion de sermons et de discours. Les œuvres, bonnes actions effectuées dans la perspective du salut, étaient également très prisées. Les fidèles étaient encouragés à accomplir des actes de charité, de piété et de vertu, ce qui leur permettait de se justifier, c’est-à-dire, de passer du statut de pécheur à celui de juste par la grâce de Dieu.

Enfin, grâce à la dévotion et aux dons des fidèles, le Pape finance à cette époque de grands chantiers, tels que l’édification de la basilique Saint-Pierre à Rome. Ce projet monumental a nécessité des ressources financières considérables, grandement apportées par des fidèles peu fortunés. Cette utilisation commerciale de la foi n’échappe pas à certains penseurs qui commencent à s’insurger vis-à-vis des pratiques de l’Eglise.

Luther, un moine Allemand et professeur en théologie, rejette point par point le discours officiel de l’église. Il communique au travers de documents imprimés, qu’il affiche tout d’abord sur la porte de l’Eglise de Wittenberg le 31 octobre 1517. Il y développe 95 idées (ou thèses) qui accusent le Pape et les clercs de se servir de l’angoisse des fidèles vis-à-vis de leur salut pour les soumettre ou leur soutirer de l’argent. Concernant la pénitence, Luther soutenait le fait qu’elle ne devait pas être basée sur l’accord d’un prêtre, mais devait être obtenue uniquement par la grâce de Dieu et par la foi profonde du fidèle en Jésus-Christ. Il affirmait que la repentance devait être sincère et intérieure plutôt que fondée sur des actes extérieurs de pénitence prescrits par l'Église.

Luther rejetait l'idée que l'Église pouvait distribuer le pardon des péchés par le biais des indulgences ou des œuvres. Au sujet des indulgences, il considérait plutôt que l’argent devait être utilisé pour venir en aide aux plus démunis, et que c’est

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