Denis Crouzet, Jean-Marie Le Gall, Au péril des guerres de Religion. Réflexions de deux historiens sur notre temps
Fiche de lecture : Denis Crouzet, Jean-Marie Le Gall, Au péril des guerres de Religion. Réflexions de deux historiens sur notre temps. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar miquelmelina • 4 Novembre 2021 • Fiche de lecture • 3 612 Mots (15 Pages) • 576 Vues
Au péril des guerres de religion
Janvier 2015 : attentats djihadistes en France dans une société au fort capital démocratique
Nommer le présent, ou comment se méfier des mots
« Mal nommer les choses ajoute aux malheurs du monde » Camus ⇒ mots des médias
→ Actes qualifiés de « barbares », de « fanatiques » ; on a pris leurs auteurs pour des « paumés » dénués de culture, or les victimes pas choisies au hasard, coupables aux yeux des assassins : « elles incarnaient la presse, l’État et le judaïsme. »
→ « Loin d’être l’expression d’une hypothétique pulsion de mort, l’agressivité est peut-être un réflexe de survie d’un islam qui se sent menacé par l’occidentalisation et la mondialisation. »
→ « Les démocraties modernes se trouvent confrontées à leur propre capacité d’illusionnisme téléologique en ce que la raison divine [...] resurgit dans le présent avec une vigueur d’autant plus forte qu’elle ouvre la voie à tous les fantasmes, jusqu’aux plus réactionnaires. »
→ Volonté d’abolir les paradigmes : souveraineté pop, contrat social, égalité, distinction pv/public…
→ Les assassins ont l’apparence d’hommes modernes, jeunes, connectés etc. : « le mal a le visage d’un homme « normal », banal, médiocre, non d’un barbare »
→ « lâches » ? : ne négligeons pas que ces assassins sont morts pour leurs idées = martyrs morts « sainement » = convaincu que son devoir est de mourir pour sa foi
→ Aujourd’hui : les assassins ont une dynamique eschatologique et narcissique
→ « monstres sacrés » du système globalisé d’informations : prolifèrent sur le web des « invitations mortifères » que le pardon viendra au croyant s’il verse de son sang > Paradis
- Leur violence est la traduction d’un mépris du monde pleins d’impurs qui ne lui apporte rien > seul le Coran lui est bénéfique
- « Dieu aide ceux qui ont conscience que leur mort n’est pas la mort »
→ narcissisme à notre époque = les écrans sont saturés de leurs noms, de leurs portraits, et repassent leurs actions en boucle « La violence est en soi une propagande et l’attentat, publicitaire. » ⇒ Gilles Lipovestky : qualifie « le terrorisme de « pornographie » de la violence » = « notre Sté ignore la damnatio memoriæ , la condamnation à l’oubli »
- Mécanisme d’enrôlement à l’islamisme : aspire la conscience, déréalise ses affects et son entendement, l’emmène dans un univers qui a ses règles, surtt la violence, et le transforme en une mécanique de dépossession de soi > danger d’autodestruction
→ Mahadisme = phénomène politico-religieux vecteur d’une idéologie messianique et eschatologique marquée par la rigueur des mœurs et la violence contre toutes les formes de mécréance au nom d’un retour au texte du Coran, y compris contre les oulémas*
- « La réaction aux crimes du mois de janvier 2015 est ambivalente : d’une part, elle signifie un esprit de résistance, mais de l’autre, elle reflète, dans le phénomène de regroupement de millions de personnes, une peur devant l’avenir. »
- L’analyse des évènements nécessite un bon choix de nos mots : victimes et assassins fr, sans rapport avec l’immigration et le racisme = morts pour leurs croyances ou leur pensée
- Judéophobie, antisémitisme au cœur : les juifs st des « croisés » et réputés ne penser qu’à humilier et détruire l’Islam
→ Crise du travail pr les jeunes, conflit israélo-palestinien… : cmt les politiques ont ils pu laisser au bord du chemin de la République une part de + en + importante de la pop
- Réveil du théologico-politique = pb ignoré en France car société exculturée religieusement
→ « La violence est un instrument de sociabilisation holiste et depuis Durkheim, on sait que le religieux construit du social tout autant qu’un rapport à la transcendance »
Retour sur le passé eschatologique de l’Europe
Historiens du 16e : - Genèse de la modernité => expansions impériales, renv de la croisade… = alimentent éco d’esclaves et de rançons
- Guerres de religions €péennes des 16 et 17e → naissent dans un contexte de fragilité du pouvoir + de la passion religieuse = l’autre est un ennemi de Dieu, un hérétique contre qui il faut mener une guerre sainte > aspirat° eschatologique
→ pas qu’entre protestant et catho : catho divisés e/ « politiques » et « ligueurs » en Fr
→ subsistance de havres de paix et compromis locaux en faveur de la paix de R qu’en Fr, Pays-Bas, All, Angl > modernité po, tolérance civile, ébauche d’autonomie du po par rapp au religieux
=> comparable avec l’essor du djihadisme, chefs de g, califes autoproclamés et effondrement des Etats au MO (Afgha, Irak, Syrie…) à cause des interventions occidentales + incurie
→ « Comment ne pas être interpellés par l’essor du conflit au sein du monde musulman, entre chiites et sunnites, entre modérés et intégristes? un discours de croisade contre l’Occident a pris la place des projets émancipateurs nationalistes ou tiers-mondistes ? »
⇒ « l’analyse des situations politico-religieuses du passé nous amène à mettre en garde contre leur répétition en déjouant les pièges d’une histoire qui ne se répète jamais mais qui bégaie parfois » même si comparaison n’est pas raison
- L’iconoclasme = destruction délibérée d'images, cad de représentations religieuses de type figuratif (appartenant souvent à sa propre culture) pr motifs religieux ou po
→ iconoclasme de l’ islamique en vertu d’un droit de Dieu = symbole d’un combat contre Satan
=> Il s’agit de mettre en scène une théologie pratique : « montrer qu’honorer des images ou des crucifix est un crime parce qu’offensant Dieu qui seul donne la grâce. »
- Les prédicateurs disaient alors que les paysans qui se révoltaient : protection divine, et qu’ils devaient défendre le droit de Dieu qui les rendait tous égaux pour un monde meilleur => sinon « martyrs du Diable » : éradiquer les « impies » = athés
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