Jean-Marie Petitclerc - Valdocco.
Fiche de lecture : Jean-Marie Petitclerc - Valdocco.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar BENICHOU • 18 Novembre 2016 • Fiche de lecture • 2 731 Mots (11 Pages) • 930 Vues
I/FICHE DE LECTURE
Jean-Marie Petitclerc est né en 1953. Diplômé de polytechnique il hésite entre l'engagement politique et l'engagement religieux. Très sportif, il se blesse lors d'une compétition d'athlétisme et se retrouve cloué sur un lit d'hôpital pendant 18 mois. Cette période est propice à la réflexion, et lui ouvre une nouvelle voie. Ainsi, il renonce à la politique.
Par hasard, il tombe sur une biographie de Jean Bosco, fondateur des Salésiens (Hommes d'église se donnant pour mission l'éducation de la jeunesse) et devient prêtre salésien à son tour et entame une formation d'éducateur spécialisé. Il fonde un club de prévention spécialisée en région parisienne où il sera rappelé lors des émeutes urbaines de 1991. Il crée par la suite le «Valdocco», lieu présent aujourd'hui dans plusieurs villes, spécialisé dans les questions de violences urbaines, de médiation sociale et d'accompagnement des jeunes en difficulté.
Il a publié un bon nombre d'ouvrages tous sur le thème de l'éducation tels que: Le pari éducatif ou encore La banlieue de l'espoir.
Ainsi, c'est tout naturellement que pour cet ouvrage, Petitclerc s'appuie sur les expériences et théories de Bosco, illustre éducateur du XIXe siècle et précurseur du «aller-vers», pour nous inciter à réfléchir : « Enfermer ou Eduquer».
A la lecture du titre de cet ouvrage paru en 2007, nous sentons clairement le parti-pris de l'auteur, créé par le «ou» qui dénote l'impossibilité d'enfermer ET d'éduquer. En effet, dès l'introduction Petitclerc rappelle qu'à chaque fois qu'une société a eu à traiter le problème de délinquance elle s'est tournée vers l'enfermement. Réponse qui semble être aujourd'hui encore préconisée malgré de nombreux exemples d'échecs de cette politique.
Selon Bosco, l'enfermement conduit à la haine, et seule l'écoute et l'accompagnement des jeunes permettent de limiter la violence.
Datés du XIXème, ses propos résonnent plus que jamais aujourd'hui. La violence des jeunes est une préoccupation constante, et loin des débats infertiles, Jean-Marie Petitclerc propose un travail de médiation entre les 3 lieux où évolue le jeune: école, famille et cité sur un fond de cohérence.
Ainsi, dès le premier chapitre l'auteur nous rappelle que la violence a doublé en 10 ans. Mais qu' elle a aussi évolué. En effet, Petitclerc observe une «violence symbolique»là où régnait il y a encore une trentaine d'années une «violence utilitaire». A cette époque, toute inacceptable quelle soit la violence rapportait quelque-chose et l'on pouvait y trouver un sens. Tel n'est plus le cas aujourd'hui, et pourtant les réponses face à la délinquance juvénile, elles, n'ont pas évolué.
Pour Jean-Marie Petitclerc, les jeunes qui se montrent violents n'ont pas intégré les limites et les repères nécessaires à la gestion de l'agressivité. La violence étant un état naturel de l'enfant sauvage, c'est à l'adulte par le biais de l'éducation de lui permettre de la gérer. C'est en cela que l'auteur affirme que la violence est un problème d'adulte et non de jeunes.
Il observe aussi que les actions misent en place dans des quartiers dits sensibles, telle la réfection des bâtiments ou même une significative baisse du chômage n'ont pas contribué à la diminution de la délinquance. Il faut alors pousser l'analyse plus loin. Le jeune évolue entre 3 lieux, chacun porteurs de cultures et valeurs différentes. A l'intérieur de ces 3 lieux l'adulte est un repère pour le jeune (parents, enseignants, aînés). Or, ces adultes-repères se discréditent les uns et les autres. Ce qui complique la transmission de repères clairs aux jeunes. Tout au long de cet ouvrage Petitclerc appelle à la cohérence.
De plus, afin de rendre possible l'éducation nous devons avoir confiance dans l'éducabilité du jeune, que ce dernier puisse se projeter dans l'avenir et établir une confiance étendue au groupe. Ces conditions sont misent à mal par la difficulté de la transmission, de projets de plus en plus difficile à construire et le problème de sociabilisation.
L'éducation passant aussi par l'autorité (entendre le sens propre du terme c'est-à-dire rendre autonome), l'adulte doit être crédible aux yeux du jeune. Or, le contexte familial et social ne permet plus la crédibilité de l'adulte. Les jeunes sont déçus, les parents se sentent dépassés, dévalorisés, à l'école la réfection des cartes scolaire est une véritable catastrophe pour la mixité sociale et l'échec scolaire est quant à lui vecteur de violence. L'éducation est encore une fois compromise par ce manque d'autorité et de crédibilité de l'adulte.
L'inquiétude grandissante des jeunes face à l'avenir, ne permet plus à l'enfant de rêver et de se projeter. Les médias sont en partie responsables, ils offrent en effet une perception du monde parsemée de catastrophes et de dysfonctionnements. L'incapacité à rêver son avenir provoque la délinquance.
Au chapitre 5 Petitclerc revient sur le problème de socialisation. Notamment en famille, premier lieu de socialisation de l'enfant. Le parent doit oser dire non pour aider les plus jeunes à sortir de leur toute puissance. Le non entraînant le conflit, et la gestion du conflit est la base de la socialisation. Actuellement, les parents sont tentés de refuser le conflit, ce qui remet en question le processus de socialisation. Tout repose alors sur l'école. Seul lieu où la vie en groupe est imposé. Cependant, les enseignants contraints de gérer le groupe classe ne sont pas formés à l'acquisition de la socialisation( intégrée autrefois en famille avant l'entrée à l'école). Encore une fois, chacun des 3 lieux, école, famille, cité attend de l'autre et de fait créé un déficit dans l'éducation.
Les bases de socialisation non acquises, c'est tout le parcours professionnel qui est mis à mal.
Petitclerc relève aussi la difficulté des éducateurs de nos jours. Les professions dites éducatives s'étant largement féminisées, le jeune en recherche d'identité a parfois du mal à s'identifier à ces figures féminines. Rajoutons à cela le changement familial où le rôle de père est parfois effacé et où nombre de mères élèvent seules leurs enfants. Les jeunes ayant un réel besoin de parité pour construire leur identité propre, cherchent l'affrontement avec les représentants des forces de l'ordre , les pompiers... métiers majoritairement masculins.
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