Pourquoi dit-on que le souvenir est à la fois plus pauvre et plus riche que ce qui a été vécu ?
Dissertation : Pourquoi dit-on que le souvenir est à la fois plus pauvre et plus riche que ce qui a été vécu ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mm3333333 • 31 Mars 2021 • Dissertation • 1 427 Mots (6 Pages) • 3 956 Vues
- Pourquoi dit-on que le souvenir est à la fois plus pauvre et plus riche que ce qui a été vécu ?
Suite aux critiques contre l'introspection, puisque vivre et observer simultanément apparaît impossible, il semblerait alors préférable de vivre d'abord et observer ultérieurement. L'introspection laisse alors place à la rétrospection, l'action de regarder dans le passé. Le souvenir permet en quelque sorte la condition de dédoublement entre sujet et objet. Même si ils ne font toujours qu'un, l'échelle du temps réalise cette dissociation. Le fait d'observer ne peut plus altérer, voire bloquer l'action psychique à observer, étant donné qu'il est question d'un fait passé. Ainsi, les deux activités ne s'excluent pas puisque la première doit être accomplie et révolue pour que se succède l'autre.
Cependant, si la rétrospection est une méthode recevable, son manque de précision et de certitude la rende discutable. Il est admis que tout souvenir, même récent, peut être déformé, incomplet ou faussé et ainsi, le sentiment de certitude qui en découle ne garantie pas sa fidélité. C'est pour cette raison que l'on dit que le souvenir est à la fois plus pauvre et plus riche que ce qui a été vécu. Plus pauvre, dans le sens où il se simplifie et perd toujours un peu l'exactitude du moment présent ; et paradoxalement plus riche, parce que ce que l'on vit après se projette sur le passé et peut en bouleverser le sens. La signification que nous donnons à un souvenir est souvent biaisée, puisque le fait accompli s'est schématisé et également parce que la personne que nous sommes devenue depuis, ce que nous avons vécu ultérieurement, influencent notre interprétation et notre lecture de passé.
- Après avoir défini l'analogie, expliquez, en donnant des exemples concrets, la méthode analogique de la psychologie en deuxième personne.
La psychologie en deuxième personne s'appuie sur une connaissance directe de l'autre. Pour comprendre autrui de l'intérieur, une des méthodes utilisées est l'analogie avec soi-même. En effet, il semblerait que l'on puisse déchiffrer le comportement d'autrui en se basant sur notre propre expérience. Une analogie est une correspondance, une comparaison, un rapport de ressemblance entre deux personnes ou deux choses. En psychologie, la méthode analogique permettrait une compréhension des attitudes d'autrui par conformité à ses propres attitudes. La psychologie en deuxième personne dépendrait en conséquence, uniquement et simplement de la psychologie en première personne par le biais d'un raisonnement analogique.
Par exemple, si quelqu'un en face de moi se met à pleurer, je sais qu'il est affecté puisque j'ai moi-même, par le passé, fait l'expérience d'un chagrin qui s'est traduit en pleurs. Ma connaissance de ma propre attitude face au chagrin me fait penser que cet individu traverse les mêmes tourments. De même, si un ami hurle et devient agressif, je devinerai sa colère en observant son comportement violent. Ou encore, pourrai déceler la honte chez quelqu'un que je surprendrais rougir.
Je comprends ainsi, par raisonnement analogique, l'attitude d'autrui et peut lui attribuer l'état de conscience qui coïncide avec l'état de conscience que j'ai moi-même déjà expérimenté. Cette méthode trouve néanmoins ses limites dans la difficulté et le manque de fiabilité en première instance, que pose la psychologie en première personne.
- Quelle est la conception de Scheler sur la vraie pitié ?
Max Scheler affirme que la « sympathie » serait une connaissance authentique de l'autre. Expérimenter l'amour ou l'amitié nous procurerait une véritable connaissance d'autrui. Le philosophe allemand fait une ferme distinction cependant entre cette sympathie et l' « Einfühlung », la contagion affective, qui entraînerait le sujet à se laisser envahir par un mimétisme, par une forme de participation émotionnelle. De son côté, Nietzsche désignait cette contagion psychique comme une pitié, incapable de guérir l'affliction, et la condamnait car la voyait comme une transmission de souffrance qui la décuple.
En revanche, Max Scheler considère lui que la sympathie authentique, la « vraie pitié » comme il la désigne, est bien différente de cela. La vraie pitié de Scheler s'exprime par le fait que je ne suis pas dans le même état de souffrance qu'autrui. Si j'ai pitié, c'est justement parce que je n'éprouve pas sa misère. Si j'étais aussi malheureux, je serais alors moi-même objet de pitié et non conscience compatissante. Max Scheler développe la thèse selon laquelle la vraie pitié transcende l'affectivité. La sympathie serait de l'ordre de l'action de ressentir la joie ou la peine d'autrui, de reconnaître ces états de conscience pour mieux les saisir, sans pour autant les expérimenter moi-même. Et il va au delà de cette définition, et assure même que la vraie pitié nous permettrait de comprendre des émotions que nous n'aurions jamais éprouvées nous-même. Le philosophe soutient ainsi que « je puis fort bien comprendre l'angoisse mortelle d'un homme qui se noie sans pour cela éprouver rien qui ressemble même de loin, à une angoisse mortelle » (dans Nature et formes de la sympathie, 2003).
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