En quoi l’inconscient peut-il nous aider à comprendre la personne humaine ?

Sujet : En quoi l’inconscient peut-il nous aider à comprendre la personne humaine ?

Le discours freudien a pour objet la connaissance du psychisme. Freud fait l'hypothèse que ce lieu est constitué de plusieurs niveaux. Dans sa première topique datant de 1900 Freud fait l’hypothèse d’une représentation spatiale du psychisme humain constitué de plusieurs niveaux en interaction : l’inconscient, le préconscient et le conscient. Cette découverte est fondatrice car elle dégage l’idée d’un lieu jouant un rôle à notre insu. Freud fait ainsi l’hypothèse d’un inconscient autonome, dynamique, siège de pulsions sexuelles et de désirs refoulés.  L’inconscience selon Freud permet en quelque sorte d’appréhender les limites de la conscience humaine. Celle-ci apparaît comme étant parcellaire ou lacunaire. La volonté de Freud de légitimer l’hypothèse de l’inconscient s’explique sûrement par l’apport de sens et d’intelligibilité à ce qui semblait jusqu’ici inexpliqué. Selon la théorie freudienne, le pouvoir de l’inconscient est de restituer une cohérence, un sens aux actes conscients. Car, en effet pour Freud la conscience n’est pas ce qui fait le sens, elle reste superficielle et ne permet pas d’atteindre une vérité ou une connaissance parfaite de soi. Ainsi, « Le Moi n’est pas maître en sa demeure » (Freud, S. (1900). La partie sur le rêve, Introduction à la psychanalyse, Paris: Payot.) quelque chose échappe à la compréhension de soi en agissant comme une forme de censure des pulsions par un mécanisme de défense comme le refoulement.

Se pose alors la question de l’accès à l’inconscience puisque, par définition, celle-ci est ce qui n’est pas conscient et donc qui est inconnu. Cependant l’inconscient semble ne l’être jamais tout à fait. Celui-ci laisse à voir et à entendre des traces de son existence. Mais ces traces sont en quelque sorte cachées, déguisées et l’enjeu de la psychanalyse réside peut-être dans l’exploration de ces traces, la possibilité de les laisser s’exprimer et de se les approprier en permettant leur interprétation selon l’herméneutique, c’est-à-dire le fait de conférer du sens à des actes, à des paroles ou des pensées.  C’est ce que propose Freud au travers du travail du rêve. Pour Freud, le rêve est «la voie royale » pour accéder à l’inconscient. Si le rêve apparaît dans un premier temps comme absurde c’est parce qu’il utilise un mode d’expression archaïque et qu’il fait lui aussi l’objet d’une forme de censure à la conscience. Les rêves sont à la fois l’expression de désirs et de sentiments diurnes et de l’accomplissement de désirs inassouvis, refoulés par la conscience dans l’inconscient. Cependant le rêve subit des transformations de sorte à se révéler à la conscience sous une forme acceptable par le rêveur. Le sens réel est caché par des mécanismes de condensation ou de déplacement (les détails qui apparaissent comme secondaires peuvent être les éléments les plus importants). Le travail du rêve est le travail d’interprétation par la libre association permettant l’élaboration secondaire : le fait de rendre le rêve cohérent.

Dans cette même perspective, l’étude des actes manqués représente un moyen d’accéder à la compréhension de la personne. « Dans le traitement analytique l’interprétation de ces actes manqués affirme sa place comme moyen de dévoilement de l’inconscient (…) » (Freud, S. (1916). Les actes manqués (chapitres 3 et 4), Introduction à la psychanalyse, Paris: Payot; 39-88.). Ainsi, les oublis de noms, de mots, de lieux, les lapsus, les erreurs de lecture, la perte d’objets, les mouvements involontaires, les musiques fredonnées … apparaissent comme des manifestations de l’inconscient et comme porteuses de sens si l’on s’intéresse à leur interprétation. Les actes manqués renvoient à ce qui n’a pas pu être exprimé mais qui finit par transparaître au travers des erreurs de langage, des oublis … Comme le rêve, les actes manqués sont soumis à des mécanismes de déplacement, de déformation, de condensation et autres permettant de s’échapper de l’inconscient vers la conscience de manière acceptable.

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