Les nouvelles droites latino-américaines
Étude de cas : Les nouvelles droites latino-américaines. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Zeidann • 19 Avril 2021 • Étude de cas • 4 605 Mots (19 Pages) • 325 Vues
Hugo Marinier 19000069
Les nouvelles droites latino-américaines : l’exemple du Chili
En 2018, Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO) a été élu président du Mexique et a mis fin à l’hégémonie politique de la droite et du centre sur le pays. Les partis traditionnels comme le Parti Action Nationale et le Parti Révolutionnaire Institutionnel ont échoué face à la gauche de AMLO. Cependant cette victoire de la gauche semble être à contre-courant de la dynamique régionale actuelle qui voit les partis de droite remporté les élections dans l’immense majorité des pays d’Amérique latine depuis 4 ou 5 ans.
L’Amérique latine désigne un ensemble géographique et culturel. Le terme est défini comme la partie de l’Amérique dans laquelle les pays ont pour langues officielles des langues ibériques. Ainsi, les pays de la région on pour point commun d’être des anciennes colonies portugaises et espagnoles. Le terme Amérique Latine englobe donc l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud ainsi qu’une partie des caraïbes. Le terme de nouvelle droite est difficile à définir. Même si on observe une montée des droites dures en Amérique latine depuis la deuxième partie des années 2010, celles-ci sont hétéroclites dans leur valeur et leur façon d’exercer le pouvoir.
L’Amérique latine est marqué par des cycles politique depuis le milieu du XXème siècle. Après les années 1960-1970, marqués par la mise en place de dictatures militaires, le retour de la démocratie dans ces états a été marqué dans l’ensemble par un néolibéralisme acharné (instauré sous les dictatures), faisant de l’ouverture à la concurrence (par la privatisation, la baisse des salaires la levée des barrières douanières…) la priorité économicopolitique des années 1980 1990. L’hégémonie néolibérale fait face à la fin des années 1990 à une opposition forte qui conduit à ce que l’on a appelé la « vague rose ». Ainsi, de nombreux pays comme le Venezuela en 1998 avec l’élection de Hugo Chavez ou encore l’Argentine en 2003 avec les époux Kirchner virent à gauche et rejettent le néolibéralisme américain. Après 15 ans de longévité, on observe un nouveau virage cette fois-ci vers une droite nouvelle.
Depuis 2015 et l’élection de Mauricio Macri en argentine, on assiste à une nouvelle séquence politique en Amérique latine, les gouvernements socialistes et progressistes en place sont battus par des partis de droites dures aux valeurs morales très conservatrice qui défendent un retour au néolibéralisme. Ce virage s’explique par des facteurs communs à tous les pays de la région : d’abord une déconnexion des partis de gauche de leur base socio-populaire qui leur reproche d’être impliqué dans de nombreuses affaires de corruption ayant vu le jour ces dernières années. Ensuite, même si les premières années de la « vague rose » ont été marqué par une forte réduction des inégalités socio-économiques, les différentes crises économiques ont mis un terme à la politique de redistribution de ces gouvernements qui n’ont pas su réagir sur les sujets de la précarité et de l’insécurité.
Cette résurgence de la droite néolibérale conservatrice en Amérique latine s’accompagne, comme en Europe, du recul des partis de droite traditionnelle : les chrétiens démocrates. Il y a donc eu une radicalisation de la droite en Amérique latine en réaction à la vague rose des années 2000. Nous prendrons ici l’exemple du chili, ou le parti de droite dures l’Union Démocrates Indépendante (UDI) est l’un des partis les plus importants du pays depuis les années 2010 et rivalise avec le parti de centre-droit Rénovation Nationale (RN). Ainsi, quelles points communs et différences caractérisent les nouvelles droites en Amérique latine et comment la nouvelle droite (UDI) s’est-elle construite au Chili ?
Dans un premier temps, il s’agira de montrer quels sont les éléments caractéristiques des nouvelles droites latino-américaines et quels sont les spécifiés de chacune. Ensuite nous focaliserons notre étude sur le cas du chili et du parti de l’UDI, d’abord des débuts du mouvement grémialiste à la fin de dictature de Pinochet en 1988 puis du retour de la démocratie à la fin des années 1980 à aujourd’hui.
Premièrement, les succès récents de la droite latinoaméricaine ont amené de nombreux observateurs à employer parfois le terme de « nouvelle droite » pour qualifier ces formations ou ces hommes arrivés au pouvoir, ou simplement leurs nouvelles manières de faire de la politique. Néanmoins, de la même manière que les formations de gauche arrivées au pouvoir dans les années 2000 présentaient une grande diversité, allant du centre gauche social-démocrate de Michelle Bachelet au mouvement de la révolution bolivarienne d’Hugo Chavez, les succès électoraux de la droite sur la période récente ne peuvent eux non plus pas tous être mis dans la même catégorie, un nationaliste ultra-conservateur comme Jair Bolsonaro n’ayant finalement qu’assez peu de points communs avec un libéral de centre droit comme Mauricio Macri (sauf peut-être sur le plan économique).
L’usage du terme « nouvelle droite » par les commentateurs recouvre donc des réalités politiques très diverses, voir même opposées. Par exemple, l’élection de d’Ivan Duque a pu être qualifié d’essor d’une nouvelle droite, non au sens d’un renouvellement des idées - Ivan Duque se situant dans la continuité de la droite dure d’Alvaro Uribe - mais simplement comme l’apparition de nouveaux hommes politiques pour reprendre le flambeau de la politique sécuritaire colombienne. L’élection de Mauricio Macri fut également analysée comme un renouveau de la droite argentine, car représentant un pôle plus progressiste sur le plan sociétal, se démarquant surtout pas ses positionnements économiques et sa non-affiliation aux péronistes. En ce sens, l’élection en 2019 de Luis Alberto Lacalle Pou en Uruguay, faisant suite aux 15 années de la gauche au pouvoir, illustrerait aussi l’émergence d’une conception d’une nouvelle droite libérale et plus progressiste. Enfin, beaucoup ont vu dans la victoire de Bolsonaro l’émergence d’une droite qui n’était pas nouvelle (réactionnaire, nationaliste, libérale économiquement) mais qui jusque-là était minoritaire voire marginale et qui en quelques années a su se construire une large base populaire en exploitant habilement l’influence des nouveaux médias et des réseaux évangélistes : une droite nouvelle au sens où ses idées furent portées avec une radicalité et des méthodes nouvelles. Cette dernière acception du terme nouvelle droite peut également s’appliquer à l’extrême droite bolivienne, ultraconservatrice et multipliant - comme Bolsonaro - les références à Dieu et Jésus, qui connut un essor ces dernières années notamment car elle fut en première ligne pour contester la victoire d’Evo Morales et réclamer sa destitution.
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