La représentation politique selon Bourdieu

LA REPRESENTATION POLITIQUE SELON BOURDIEU

Bourdieu pose le postulat suivant : "toute analyse de la lutte politique doit placer à son fondement les déterminants économiques et sociaux de la division du travail politique." Pour situer son analyse au sujet de la représentation politique, il va déterminer le champ dans lequel elle s'exerce, à savoir le champ politique. Il assimile ce champ politique à un théâtre où vont se dérouler des affrontements de forces et de luttes pour transformer les rapports de force. Cette lutte vient structurer le champ politique. Celui-ci est donc mouvant car sensible aux basculements des rapports de force entre mandants et mandataires et entre les mandataires au sein de leur organisation. De cette lutte émergent les produits politiques que le citoyen-consommateur choisit. En effet, ce dernier, se voit dépossédé du capital politique qui est accaparé par une oligarchie de professionnels politiques. Il est d'autant plus dépossédé qu'il ne possède ni le temps libre nécessaire à l'activité politique, ni les ressources matérielles et intellectuelles (capital économique et culturel). Ainsi, ces professionnels maitrisent le champ politique qui lui-même détermine le cadre de pensée et formule la problématique politique. La classe dirigeante produit l’expression politique et la légitime. Les membres des classes dominées n’ont le choix qu’entre la démission par l’abstention ou la remise de soi dans une organisation permanente, parti de classe ou groupe communautaire. Les mandataires peuvent alors imposer leurs propres intérêts à leurs mandants. Peu à peu, les dominés se retrouvent éloignés du champ politique. Ce monopole du champ politique devient possible dès lors que ces professionnels détiennent les moyens de production politiques. En effet, pour pénétrer le jeu politique, il faut posséder une compétence spécifique. Cette concentration des moyens de production politiques augmente à mesure que s’accroit une certaine autonomisation du champ politique.

On constate par ailleurs, qu’une prise de position ne prend son sens que par rapport aux prises de position des autres concurrents. L’homme politique aura tendance à choisir la position la plus convenable en prévision de celles des autres politiciens. Ceci s’inscrit dans un jeu parfaitement orchestré que l’on accepte de facto lorsque l’on pénètre le champ politique. La lutte politique qui est livrée au sein du champ politique est purement symbolique : elle se fait au nom de l'imposition d'une certaine vision du monde. Chaque parti élabore ainsi sa propre vision du monde et construit donc sa propre représentation sociale, le but étant de séduire le plus de consommateurs pour acquérir un maximum de profit (postes à responsabilité). Le discours politique se voit déterminé par les luttes internes au sein du champ politique et les luttes externes livrées dans le champ social. Le champ politique est donc le lieu d’une concurrence pour le monopole du droit de parler et d’agir au nom d’une partie ou de la totalité des profanes. Il oscille entre deux critères de légitimation : la science et le plébiscite. La parole politique est un engagement lorsque que celui qui la formule est politiquement responsable.

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